Médine, héraut des oubliés de la Nation dans son nouvel album

Le rappeur originaire du Havre présentera son 9ème album « Stentor Act I » au COSEC Pablo Neruda des Mureaux. Avec ce nouvel opus, Médine souhaite mettre en valeur les personnes invisibilisées par la société.

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Alors qu’il arbore un masque lui cachant la moitié de la bouche, Médine avance pourtant à visage découvert dans l’univers du rap français. Voilà près de 20 ans que le Havrais se sert de ses punchlines pour dénoncer les travers du monde qui l’entoure. Et ce n’est pas avec Stentor Act I – son neuvième album studio – qu’il va s’arrêter en si bon chemin. « C’est la continuité de ma musique, analyse le rappeur. Certains sujets ont été retraités car ils sont encore présents dans l’actualité, tout en ­faisant évoluer la ­proposition ­musicale. »

Parmi ses thèmes de prédilection, la lutte contre l’extrême-droitisation de la France, des prises de positions qui lui valent d’être la cible régulière de la fachosphère qui s’en donne à cœur joie à chacun de ses concerts. Plus que d’assumer les conséquences, Médine assure poser les bonnes questions : « Cela ne pose problème qu’aux gens qui se sentent débusqués. » Toutefois, il ne faut pas croire que le Normand se laissera faire face à chaque invective. « Ça sent la fleur de lys quand j’écrase un raciste » clame-t-il dans la chanson Thalys.

Avec ce nouvel opus, le rappeur est aussi là pour porter la voix de ceux qui ne sont pas habituellement écoutés. En effet, le stentor est un personnage de la mythologie grecque qui a la puissance vocale de 50 hommes. Médine joint le geste à la parole puisque ses concerts se déroulent aussi bien dans des grandes villes – Nantes, Rennes, Paris – que dans des salles plus intimistes comme le COSEC Pablo Neruda des Mureaux où il se produira le 5 décembre. « J’aime beaucoup ce genre d’ambiance où il y a entre 500 et 1 000 personnes. Cela permet d’avoir une ­véritable ­communion » indique l’artiste.

Devenu l’une des figures du rap conscient, Médine ne souhaite toutefois pas provoquer un schisme dans son style musical de prédilection. « Ce mot est toujours utilisé pour stigmatiser un rap qui serait dit inconscient. Or il doit être plus visible de façon générale » expose le Havrais. Selon lui, il n’y a pas de sous-culture et espère sincèrement voir les textes de rap être étudiés par « nos chères petites têtes blondes ».

Cette envie de faire partie intégrante de la culture avec un grand C se remarque avec le morceau QI Rap : « J’suis plus qu’un rappeur, j’suis un écrivain » Et aussi dans la manière de présenter sa nouvelle itération musicale. En effet, comme au théâtre, Stentor sera composé de plusieurs actes. « C’est plus facile à digérer et permet aux discours de mieux s’infuser » théorise le quarantenaire.

La première tournée – dite des fosses – se décline sur scène afin d’imiter les gladiateurs qui s’affrontaient dans les arènes dans le but de divertir la plèbe. Ensuite, elle fera place au printemps 2026 à la « foule », centrée sur des événements rassemblant du public en masse avec des dates prévues dans des festivals français, belges et suisses. Enfin l’acte final prendra place en automne prochain et aura comme cadre… les théâtres. La boucle sera donc bouclée.