Législatives : l’incertitude domine dans le Mantois

Il y a pour l'instant beaucoup de déclarations d'intentions et peu de candidats officiels dans la huitième circonscription. Tour d'horizon des candidats déclarés et pressentis.

D’habitude, les volontaires ne manquent pas pour se présenter aux élections législatives dans le Mantois. Cette année, la huitième circonscription ne déroge pas à la règle avec une dizaine de prétendants officieux ou officiels. Chacun avance ses arguments : certains leur compétence, d’autres l’absence de toute carrière politique, beaucoup le rassemblement et une dynamique citoyennne, qui doivent permettre de les emmener à la victoire puis à la défense des intérêts des habitants.

Deux réserves planent cependant sur toutes ces candidatures et déclarations d’intention. La première concerne résultats des deux tours de l’élection présidentielle, qui précèdent de cinq semaines le premier tour des élections législatives, sera semble-t-il déterminant dans cette circonscription disputée. La seconde est le niveau électoral du FN dans les prochains mois, qui pourrait pousser certains à se désister ou à se présenter.

Françoise Descamps-Crosnier, ex-maire de Rosny-sur-Seine et députée socialiste sortante, soutien de Manuel Valls à la primaire organisée par le PS, s’est représentée en décembre. « C’est une députée qui a un vrai bilan, très implantée sur ce territoire, elle aura tout l’appui du PS pour mener sa campagne, indique Sandrine Grandgambe (PS), la secrétaire départementale des socialistes yvelinois. On espère évidemment garder cette circonscription. »

« On a un vrai travail de rassemblement à faire pour limiter le nombre de candidatures, poursuit-elle cependant. Comme il faut faire plus de 12,5 % des inscrits pour être au second tour, je pense qu’il faut réfléchir collectivement à notre stratégie à gauche. » Pour l’instant, celle-ci a le plein soutien du PRG : « C’est une circonscription assez symbolique, avec le seul maire FN d’Île-de-France », note Eddie Aït, son secrétaire départemental.

A gauche, justement, trois autres candidats se profilent, dont l’un est déjà investi par EELV. « Je souhaite une dynamique citoyenenne qui bouscule un peu le jeu des partis, ce qu’on a fait à d’autres élections depuis une quinzaine d’années », espère ainsi d’un éventuel rassemblement Stéphane Bernard, figure écologiste du Mantois. Si ce dernier devait y aller sur cette seule étiquette, « ce serait un constat d’échec pour nous tous à gauche et ça ne se terminerait pas bien dans les urnes ».

Si le candidat des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon n’a pas encore été dévoilé, seule certitude : « On exclut totalement de s’associer à une députée sortante pro-gouvernementale, libérale, qui est une groupie de Manuel Valls », assume Jean-Michel Levasseur, porte-parole dans le Mantois. Concentré sur les présidentielles, il assure souhaiter « un binôme le plus rassembleur possible à la gauche du PS » avec « les différentes sensibilités politiques, citoyennes, associatives et syndicales ».

Leur candidat devrait être connu dans quelques semaines… mais il semble bien qu’un accord aux législatives soit difficile à trouver avec le PCF. « Le champ de rassemblement de la France insoumise nous paraît un peu étriqué, d’une part, regrette ainsi le maire de Limay Eric Roulot, qui pense à se présenter. D’autre part, la France insoumise est dans une logique de prise de pouvoir, et d’imposer à l’ensemble des forces leur point de vue, notamment au travers d’une charte. »

Lui aussi veut « un arc de rassemblement le plus large possible allant de socialistes de gauche jusqu’au NPA » pour « limiter le nombre de candidatures à gauche ». Le maire magnanvillois Michel Lebouc, encarté au PCF dans une majorité municipale DVG, envisage également de se présenter : « Je réfléchis, j’estime que je porte et que j’ai toujours porté le rassemblement à gauche. » Si les négociations échouaient, ce qui semble en bonne voie, le PCF investira donc probablement un candidat.

Si la situation est complexe à gauche, elle ne le semble pas moins au centre et à droite. « Je suis pré-investi », annonce Bruno Millienne, président du Modem des Yvelines. « Nous allons porter nos valeurs nous-mêmes », poursuit-il en regrettant de n’avoir pas trouvé d’accord avec les LR yvelinois, contrairement aux dernières élections locales. Il organise par ailleurs, fin janvier, des voeux communs avec le président de l’UDI yvelinoise et maire de Buchelay, Paul Martinez.

D’après ce dernier, au centre-droit, tout semble encore possible : « On va légitimement présenter avant toute négociation [nationale entre LR et UDI] des binômes dans la quasi-totalité des circonscriptions. » Si Marie-Célie Guillaume, conseillère départementale du Mantois, dément fermement toute candidature, Paul Martinez évoque les noms de Jean Lemaire, édile de Gargenville, et Evelyne Placet, maire de Guerville, « qui connaissent bien les dossiers locaux ».

Il ne dissipe pas pour autant le doute sur ses propres intentions : « Ce n’est pas une démarche à laquelle je pensais, mais je ne peux rien exclure. » Il rappelle cependant qu’à terme, « c’est le national qui tranchera ». Reste, au centre-droit, l’éventuelle candidature de Stéphane Hazan, le maire UDI de Lainville-en-Vexin.

Celui qui est aussi médecin à l’hôpital de Mantes-la-Jolie dit à qui veut l’entendre son envie d’y aller, depuis plusieurs mois. « J’y réfléchis », déclare-t-il à La Gazette tout en laissant planer le mystère d’une candidature. Celle-ci ne serait d’ailleurs « pas forcément » conditionnée à une investiture de l’UDI : « On est dans une année de surprises, on ne sait jamais », sourit-il.

Côté Les Républicains, la situation n’est pas tranchée entre Cécile Dumoulin, ex-députée et conseillère départementale, Raphaël Cognet, adjoint mantais… et Pierre Bédier, ex-député et président du Département, qui pourrait se lancer si le FN était très haut. « La huitième circonscription est réservée à la demande de Pierre Bédier, avec l’accord de tous les parlementaires », indique Sophie Primas, la maire d’Aubergenville et secrétaire départementale du parti.

Pour l’instant, seule la candidature officielle de Cécile Dumoulin lui est parvenue. « Il y a une réflexion sur le renouvellement et sur qui est le mieux placé pour emporter cette circonscription », analyse Sophie Primas, qui indique cependant un choix prochain par la commission nationale d’investiture : « Par nécessité, ça ne saurait tarder, il va falloir faire campagne pour soutenir François Fillon. »

Encore plus à droite, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France, a déjà investi Michael Taverne, Yvelinois et policier à Paris. « Je veux m’adresser aux abstentionnistes », avance-t-il. Reste enfin la candidature FN, celle que tout le monde veille comme le lait sur le feu. « J’ai été pré-investi », annonce François Siméoni, secrétaire du FN des Yvelines. Déjà candidat aux élections départementales dans le canton de Limay, il part en campagne avec l’adjointe mantevilloise Monique Fuhrer-Moguerou comme suppléante, elle qui était son binôme en 2015.