Une pièce de théâtre pour sensibiliser à la radicalisation

Jouée par des terminales du lycée Condorcet, la pièce Un vent contraire aborde de manière directe les conséquences de la radicalisation chez les jeunes.

Sur la scène de la salle municipale, les 25 élèves de terminale gestion et administration du lycée Condorcet sont dans leurs rôles. En ce jeudi 11 mai, ils interprètent Un vent contraire, écrite par Stéphanie Sermonnat, professeure de lettres-histoire. Cette pièce de théâtre, pilotée par le pôle prévention et tranquillité de la Ville aborde les dangers de la radicalisation et cherche à sensibiliser les jeunes mais aussi les parents.

La pièce s’ouvre sur un dialogue entre un père et sa fille. La mère est absente, victime d’un attentat. Pendant une quarantaine de minutes, les lycéens remonteront le temps, expliquant les causes de ce drame : trois jeunes filles désœuvrées et déscolarisées voulant aider en Syrie et écoutant une parole orientée, et « Barbie », obsédée par son apparence qui tombe amoureuse d’un djihadiste et franchira la frontière.

Et la désillusion une fois sur place, où elles sont forcées de prendre les armes ou devenir esclaves sexuelles. Sans compter la douleur des familles, sans nouvelles, qui partagent leurs expériences pour ne pas que cela se reproduise.

Perte de repères et manipulation font partie des thèmes traités, sans volonté de ménager le public, essentiellement composé pour cette représentation de collégiens et lycéens. « On se pose toujours plein de questions quand on est adolescent, ça facilite le lavage de cerveau », détaille Jérémy, djihadiste dans la pièce, de méthodes de recrutement employées par Daesh. « L’objectif c’était de se mettre dans la peau de ceux qui sont partis », poursuit Juraïss, interprétant une mère dont la fille est partie.

Dans le public, ce qui surprend et plaît, c’est « la façon extrêmement frontale » dont le sujet est abordé. « On a pris le parti d’être le plus direct possible », reconnaît Stéphanie Sermonnat. Un choix qui n’a pas été facile à accepter au départ pour les principaux intéressés. « Ils étaient intéressés mais avaient peur », se souvient l’enseignante.

Finalement, avec deux heures de répétitions par semaine, c’est désormais plus à l’aise que les lycéens abordent la radicalisation : « On en parlait en famille mais pas forcément ailleurs. Avec l’actualité et les attentats, on s’y est intéressé davantage», explique Grégory.