La mosquée Mantes Sud, présidée par Abdelaziz El Jaouhari, placée en liquidation judiciaire

Rien ne va plus pour l’Association des Musulmans de Mantes-Sud (AMMS). La structure, incapable de faire face à une dette de plus de 26 000 euros pour des travaux à sa mosquée de Mantes-la-Ville, vient d’être placée en liquidation par le tribunal judiciaire de Versailles. Mais il y a peut-être plus grave.

Crédits : E. G. - L’OBS

Sale temps pour Abdelaziz El Jaouhari, l’ami du maire de Mantes-la-Jolie Raphaël Cognet. À la suite d’une décision du tribunal judiciaire de Versailles, l’association qu’il préside a été mise en liquidation judiciaire car elle ne peut pas faire face à une dette réclamée par le liquidateur d’une société de bâtiment domiciliée à Soindres. La somme due, qui correspond à des travaux réalisés au siège de la mosquée de Mantes-la-Ville, a été révélée lors de l’audience du 5 avril dernier. Une audience à laquelle ni Abdelaziz El Jaouhari, président de l’AMMS, ni aucun de ses membres, ni son avocat n’étaient présents. Le 19 juin prochain, l’Association des Musulmans de Mantes-Sud se trouvera donc en cessation de ­paiements.

La passivité du président de l’AMMS pose question. Pourquoi un homme toujours prompt à monter au créneau pour se défendre, très doué pour rassembler des fonds était-il absent de l’audience devant le tribunal judiciaire de Versailles le 5 avril dernier ? Et pourquoi ne s’est-il ouvert à personne des soucis financiers que traverserait son association, au point de ne pas pouvoir payer des travaux dans la mosquée mantevilloise, travaux dont personne ne conteste la ­réalité ?

Sans doute nous accusera-t-on une fois de plus de voir le mal où il n’est pas, mais cette liquidation judiciaire ne fait-elle pas factuellement les affaires de l’Association des Musulmans de Mantes-Sud ? D’après nos informations, l’AMMS a emprunté par le passé environ 300 000 euros à l’association qui gère la mosquée Othmane Ibn Affane de Mantes-la-Jolie.

Aujourd’hui placée en liquidation judiciaire, l’AMMS n’est plus contrainte de rembourser cette dette conséquente et les responsables associatifs mantais n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. À moins qu’une fois de plus, Abdelaziz El Jaouhari ne demande de l’argent à ses fidèles, ce dont certains commencent à se lasser : « On en a assez que pendant les prêches du vendredi, on nous demande de l’argent, toujours de l’argent, on ­commence à en avoir vraiment marre » lâche l’un d’entre eux.

Où sont passés les 300 000 euros de la collecte du tremblement de terre ?

Dans un tout autre registre qui n’a une fois de plus rien de spirituel, les voix s’élèvent pour connaitre avec précision et en toute transparence ce que sont devenus les quelques 300 000 euros de la collecte (il s’agit là d’une évaluation) à destination des sinistrés du tremblement de terre au Maroc versés à l’association As Suffa présidée par… Abdelaziz El Jaouhari ?

Souvenons-nous. Le 8 septembre dernier, la terre tremble dans le Royaume. 2 000 personnes perdent la vie, des milliers d’autres sont blessées ou perdent leurs logements, détruits par les secousses telluriques. Dès le lendemain, Abdelaziz El Jaouhari se mobilise pour coordonner les aides qui affluent. De l’aveu même de son président, en 24 heures, la collecte porte ses fruits : « Nous avons déjà récupéré plus de 200 000 euros » se félicite-il à l’époque. Au bout du compte, ce sont bien au moins 300 000 euros qui sont ainsi récupérés auprès de la diaspora marocaine.

Mais mis à part des récits de distribution de matériel dans les régions touchées sur la page Facebook d’As Suffa, l’association n’a fait aucun retour sérieux et transparent à ses ­généreux donateurs.

Du coup, certains sont devenus suspicieux à l’égard de la structure associative mais surtout vis-à-vis de son président.

« Je m’interroge sur la manière dont Monsieur El Jaouhari fait face à ses dépenses et comment il finance son train de vie. S’il veut que les gens ne s’interrogent pas sur son honnêteté, qu’il joue la carte de la transparence totale. Qu’a-t-il à y perdre ? » s’interroge un fidèle dont l’attachement à la religion ne peut pas être mis en doute. « Il passe son temps à gérer l’Association des Musulmans de Mantes-Sud. Il est très actif et totalement disponible. Lors du tremblement de terre au Maroc, il a pu répondre à BFM TV en se rendant sur leur plateau. Comment fait-il ? Quel métier exerce-t-il ? Si c’est une des associations qu’il préside qui finance son train de vie, qu’il le dise et qu’il abandonne les présidences car si c’est le cas, c’est ­totalement illégal ».

Encore un mensonge : Il n’a pas accompagné Bruno Le Maire à Rabat

Le président de l’Association des musulmans de Mantes-sud a menti. Il n’était pas dans la délégation qui a accompagné le ministre des Finances et de l’Économie les 25 et 26 avril dernier dans la capitale marocaine, contrairement à ce qu’il affirme.

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Abdelaziz El Jaouhari devrait se souvenir que, comme le dit le proverbe arabe : « la corde du mensonge est courte ». Contrairement à ce qu’il raconte à tous ceux qui l’écoutent encore, le recteur de l’Association des musulmans de Mantes-sud n’a pas pris part au déplacement de Bruno Le Maire au Royaume Chérifien fin avril.

Nous avons pu consulter la liste des participants sur laquelle Abdelaziz El Jaouhari brille par son absence. Y figurent en revanche des dirigeants d’entreprises cotées au CAC 40, des membres du service économie de l’Ambassade de France, des représentants du patronat français, des PDG de PME et même un avocat mais point de Monsieur El Jaouhari.

Lequel pourtant ne ménage pas ses manipulations pour faire croire qu’il en était. Il semble qu’il a lui-même fourni un selfie de sa personne en compagnie de Bruno Le Maire, le ministre des Finances et de l’Économie au site Euromaghreb.com. Sauf que le selfie ne date pas du dernier déplacement du ministre français au Maroc fin avril mais d’un de ses voyages antérieurs, dans lequel Abdelaziz l’a croisé au coin d’une rue. Et qu’en conséquence, Abdelaziz El Jaouhari n’a pas hésité à instrumentaliser le site pour faire croire à sa présence alors qu’il n’en était rien. Nos confrères marocains ont donc été lamentablement dupés par un individu qui ne sait plus quoi faire pour exister. À cette occasion, avec une certaine ironie, nous ferons nôtre cet autre proverbe arabe : « L’âne peut aller à la Mecque, il n’en reviendra pas pèlerin ».