Plaine Carrières – Triel : les camps de Roms partiellement évacués

Tous les campements étaient visés, un seul aura finalement fait l'objet d'une intervention des forces de l'ordre, qui ont expulsé environ 45 personnes.

Mercredi 30 août, comme annoncé depuis plusieurs mois par les autorités, et notamment par le maire de Carrières-sous-Poissy, Christophe Delrieu (DVD), très impliqué depuis les incendies du printemps : les forces de l’ordre sont venues en nombre au petit matin, accompagnées des services sociaux de la commune, pour expulser les Roms présents dans les campements de l’ex-plaine maraîchère, à cheval sur Triel-sur-Seine, Chanteloup-les-Vignes et Carrières-sous-Poissy.

« Côté Triel, il n’y avait plus personne dans le grand campement historique. Il n’y avait plus personne au grand campement de Carrières, seul le petit campement de Carrières a été évacué, 45 personnes ont été relogées, indiquait ce midi-là Christophe Delrieu. On dit depuis avril à tout le monde qu’il allait y avoir expulsion, le sous-préfet et moi-même sommes passés. » Juste après leur départ, la destruction des baraquements et caravanes avait déjà débuté.

La préfecture d’Île-de-France avait mobilisé une compagnie de CRS pour éviter tout problème. Parmi les expulsés, l’édile carriérois a compté « une bonne vingtaine d’enfants ». Tous ont été « relogés en Île-de-France », précise-t-il. Dans ce but, les services de la préfecture de région chargés du relogement étaient présents à l’espace Louis Armand, où les expulsés ont été accueillis avant de repartir, ce qu’ils avaient fait avant midi.

« On n’a pas eu de conflit avec la police », se félicite le maire, conscient du fait que « ce n’est jamais facile d’être expulsé ». Aucun incendie n’a non plus, comme c’est parfois le cas dans de telles situations d’après l’édile, été à déplorer. « C’est le plus dur dans les fonctions de maire, arriver à avoir cette autorité tout en ayant aussi ce côté humain et social, qui font partie de nos fonctions », témoigne Christophe Delrieu.

Le collectif Romyvelines, lui, n’a pas vraiment vu les choses sous cet oeil. « Nous sommes d’autant plus choqués que ces familles étaient en voie d’intégration et appréciées du voisinage, assurent ses membres dans un communiqué. Il n’est prévu de leur proposer aucune autre solution que l’hébergement d’urgence minimum. La mairie et la sous‐préfecture se renvoient mutuellement la balle concernant la décision de cette expulsion. »

Côté Triel-sur-Seine, un autre camp secondaire, situé sur un terrain du conseil départemental des Yvelines et où une cinquantaine de personnes résident, reste en place pour le moment. « C’est désormais un camp de transition en attendant de leur trouver une solution de relogement », a indiqué le maire Joël Mancel (DVD) au Parisien.

« Ca fait dix ans que les Roms sont sur le territoire, personne ne s’en est occupé, sauf Triel, on les a scolarisés et aidés », confiait-il juste avant l’été, regrettant la mobilisation jugée tardive des pouvoirs publics. Alors que jusqu’à 200 personnes vivaient illégalement dans la plaine ces derniers mois, lui souhaitait surtout que « ça se termine dans la dignité et pas une expulsion ».

Les expulsions et démolitions devraient permettre à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise de lancer enfin la création d’une aire de grand passage destinée aux gens du voyage. Obligation légale, son emplacement a été décidé à côté de l’usine de traitement des déchets Azalys, dans la partie trielloise, mais le projet est dans les limbes depuis plusieurs années maintenant. « J’ai dit à la communauté urbaine : c’est l’un ou l’autre mais pas les deux ! », indique Joël Mancel.

Son homologue carriérois, lui, se veut plus optimiste quant à la suite, et notamment une fois que l’autre problème de la plaine, l’accumulation de déchets, sera réglé. « On a de gros projets à la communauté urbaine, aujourd’hui bloqués, comme la culture du miscanthus où on a développé tout une filière, indique-t-il. Nous voulons redonner sa noblesse agricole à cette terre. »

Le maire LR de Poissy furieux contre les Roms installés sur les terres du PSG

Le lendemain des évacuations de Carrières-sous-Poissy, l’édile de Poissy, sur l’autre rive, envoyait un communiqué rageur pour exiger « le soutien de l’Etat pour faire partir les Roms ». Ces derniers se sont installés début juillet entre les autoroutes A13 et A14, sur des terrains prévus pour accueillir le Campus de formation du PSG, appartenant pour l’instant au conseil départemental des Yvelines et à la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN).

Mais leur nombre grandissant inquiète le maire Karl Olive (LR) : « Trente puis 50 et désormais 100 Roms se sont installés sur ces terrains au mépris de toutes les règles de sécurité, d’hygiène, envronnementale et sans respecter aucune des lois de notre République. » Il a pris un arrêté municipal pour « exiger le démantèlement », et saisi la justice en référé.

« Ces Roms doivent être expulsés au plus vite, avec ou sans le concours de la force publique ! », va-t-il même jusqu’à annoncer dans son communiqué. Les premiers concernés ont également choisi de se défendre : une douzaine de personnes se sont présentées devant l’hôtel de ville de Poissy, vendredi midi. Ils ont été reçus par un élu, qui leur a cependant confirmé l’expulsion à venir.