Agression à la gare : un médiateur répond aux accusations

Loin de s'être montré inactif comme l'ont rapporté deux témoins, ce chef d'équipe de l'association Promévil estime avoir déjà été bien au-delà de ce qu'il leur est permis.

« Je parle pour rétablir la vérité, elles étaient énervées car elles ne savent pas ce qu’est notre métier. » Moussa, salarié de l’association de médiation Promévil depuis deux ans et demi, chef d’équipe présent sur place lors de l’agression par deux hommes d’une adolescente le matin du 16 novembre, a souhaité témoigner suite à un article de notre précédente édition. Deux femmes, dont la mère de la victime, y accusaient l’équipe de médiateurs d’avoir été pour le moins inactifs face à l’agression.

Six équipes de médiateurs de l’association Promévil travaillent pour le compte de la SNCF le long de la ligne J, dans les gares comme dans les trains, depuis 1995. « On n’est pas des agents de sécurité, mais de médiation. On n’a que le dialogue, explique Moussa. Il faut que les gens sachent ce qu’est la médiation, notre métier tourne autour de quatre axes : prévention, sensibilisation, gestion des conflits et humanisation. On en fait, des bonnes actions, mais on n’en parle jamais…»

De l’incident du 16 novembre, son témoignage, comme le rapport envoyé à Promévil (que nous avons pu consulter, Ndlr), sont très différents des propos rapportés la semaine dernière. Là où une témoin affirmait les avoir vus se moquer de la victime et minimiser l’agression, Moussa assure avoir fait prévenir la police et s’être interposé entre un des deux hommes et l’adolescente, lui disant certes de ne pas répondre et de s’en aller, conformément aux deux témoignages publiés par La Gazette.

« On compatit, confie de l’agression Moussa, chef d’équipe chez Promévil, présent ce matin-là. On sait très bien que ce qui s’est passé n’est pas normal et pas joli, surtout gratuitement. »

« Je l’ai pris, je lui ai dit  »ne les calcules pas, ils sont bourrés »… pendant ce temps là, le second, que je n’ai pas vu, insulte la fille. Elle lui répond, se souvient-il de cette rude matinée. Il veut aller vers la fille, deux collègues s’interposent. Il fait comme si c’était fini. Il est passé derrière nous et avant que les agents aient eu le temps de stopper le geste, il a mis une balayette à la fille. […] J’ai fait ce que je n’ai pas le droit de faire, je l’ai bousculé. »

Mais impossible de le retenir de force en attendant la police, poursuit-il, arguant du fait que les médiateurs n’ont aucune assermentation le leur permettant. Il assure également avoir aussitôt prévenu la SNCF. « S’il y a un doute, qu’on vérifie les images de la caméra » dans le champ de vision de laquelle s’est produite l’agression, indique Moussa. « On compatit, confie-t-il également. On sait très bien que ce qui s’est passé n’est pas normal et pas joli, surtout gratuitement. »

Décidant de rester à la gare plutôt que de faire prendre le train de 9 h 22 à son équipe comme prévu, un des médiateurs a dû faire ensuite face à deux parents de la victime, revenus sur place vers 10 h pour exprimer leur colère. « Pour moi, ils cherchaient un bouc-émissaire et c’était cet agent-là, le retour était carrément une agression », estime le chef d’équipe. Se sentant menacé, le médiateur concerné a d’ailleurs envisagé un temps de porter plainte, avant d’abandonner l’idée.