Insultes et « provocations » lors du dernier conseil communautaire

Le 4 juin, le conseil communautaire n’a pu se tenir faute de quorum. De quoi provoquer la colère du président du Département, engendrant une vive altercation verbale entre élus.

Il devait être le dernier conseil communautaire de Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) avant la pause estivale, mais l’après-midi du 4 juillet a surtout été le théâtre de scènes irréelles au sein de la salle des fêtes de Gargenville. Pourtant, pas moins de 44 points étaient à l’ordre du jour, dont la présentation du nouveau protocole financier, suite au rejet du premier scénario proposé lors du conseil du 27 juin
.

Cependant, l’attente d’élus pour obtenir le quorum (indispensable à la tenue du conseil, Ndlr), et l’absence in fine de ce dernier, ont conduit à de très vives altercations verbales, notamment entre le vice-président aux grands projets et président du conseil départemental, Pierre Bédier (LR), et le maire de Vernouillet et président du groupe Agir pour l’avenir intercommunal, Pascal Collado (SE). Le dernier conseil de l’année aura finalement lieu ce vendredi 12 juillet. Mais dans quelle ambiance, les altercations du 4 juillet venant fragiliser des relations déjà crispées entre les élus depuis plusieurs mois ?

« Il nous manque un élu pour avoir le quorum, je sais qu’il y a des élus présents qui n’ont pas signé », commence Philippe Tautou (LR), maire de Verneuil-sur-Seine et président de GPSEO, avant de finalement décréter l’annulation du conseil après 45 minutes d’attente. Une petite dizaine d’élus seulement étaient en effet présents à 16 h, heure théorique de début du conseil. « Je n’aime pas les cons, ce ne sont pas des méthodes », fustige alors Pierre Bédier, provoquant l’indignation des divers groupes de l’opposition, avant de tourner les talons.

Pascal Collado l’interpelle alors, s’attirant une nouvelle fois ses foudres : « J’arrive, je prends connaissance de la situation et je sors pour un coup de téléphone, je re-rentre. Ce n’est pas à moi de faire le quorum, je n’appartiens pas au groupe majoritaire. » Quelques instants plus tard, Philippe Tautou sortait lui aussi de la salle dans une scène de ­confusion et ­d’énervement.

« On ne vient pas ici pour se faire engueuler, réagit après coup Denis Faist (SE), président du groupe Indépendants Seine et Oise (Iso). Même s’il y a des gens en vacances, nous étions plus largement présents, en pourcentage, que le groupe dit majoritaire. » Difficile de faire retomber la colère. « Vous n’êtes pas capable d’avoir tout votre groupe, ne le reprochez pas aux autres », lancera Pascal Collado à Suzanne Jaunet (LR), vice-présidente à ­l’urbanisme.

Difficile de faire retomber la colère. « Vous n’êtes pas capable d’avoir tout votre groupe, ne le reprochez pas aux autres », lancera Pascal Collado à Suzanne Jaunet, vice-présidente à l’urbanisme.

En plus de Pascal Collado, c’est le comportement du maire de Lainville-en-Vexin qui a été pointé du doigt par l’exécutif, ce dernier ayant signé la feuille d’émargement puis s’étant éclipsé avant le début du conseil. « Au bout de 30 min, il a dit « c’est bon ça va », il a prévenu la table qu’il partait, défend Denis Faist. Il n’y avait aucune volonté de mettre le bazar, sinon, on serait tous partis. »

La présidente du groupe Citoyens pour un territoire solidaire et écologique (CTSE) et maire d’Evecquemont Ghislaine Senée (EELV), demande, elle, « d’urgence » une conférence des présidents de groupe. « Nous voulons aussi des excuses a minima de Pierre Bédier », poursuit Denis Faist. Ce dernier reproche également à Philippe Tautou d’avoir proféré des insultes, qui le dément pourtant très fermement.

Au total, 63 signatures sont recensées sur 129, le quorum étant fixé à 65. « Il nous manquait deux élus, sachant que deux élus étaient partis entre-temps, indique-t-on au service des assemblées de GPSEO, chargé de l’émargement. Il y avait Monsieur Hazan et un autre élu, qui n’était pas Monsieur Collado, qui sont repartis à force d’attendre, et dont on a rayé les signatures. »

Une fois la séance levée, « plusieurs élus sont arrivés, Laurent Brosse (DVD), François Garay (DVG)… au final on aurait eu plus que le quorum », pointe le directeur général des services de GPSEO. La ­signature de Pascal Collado aurait, elle, été enregistrée une fois la séance levée, toujours selon le service des assemblées.

Joint au lendemain de ce conseil mouvementé, Philippe Tautou ne s’étonne pas de ce coup de théâtre. « Avec le jugement rendu par le tribunal, on ne voit plus certains élus de la même manière, certains ont un comportement hargneux », commente-t-il en déplorant une attitude « provocante » de la part des deux maires de Lainville-en-Vexin et de Vernouillet. « Vous avez un président du Département qui attend 50 minutes avec ces manœuvres, depuis plusieurs mois, il supporte cela », expose Philippe Tautou de l’énervement de Pierre Bédier. « J’essaierai de faire en sorte que cela ne se reproduise plus », conclut-il cependant de ce conseil très particulier.