La Tour Neptune prise en exemple pour réhabiliter les copropriétés privées

Alors que la Tour Neptune poursuit sa réhabilitation, les différentes copropriétés du Val Fourré sont accompagnées, elles aussi, pour engager des plans de sauvegarde.

Ces dernières semaines, les habitants du Val Fourré n’ont pas manqué de souligner la couleur jaune qui illumine désormais les balcons de la Tour Neptune plongée dans une vaste opération de réhabilitation depuis plusieurs mois. Si la livraison de la tour, haute de 17 étages, est prévue pour s’achever en 2022, la Ville espère désormais qu’elle puisse être l’exemple à suivre pour les 12 autres copropriétés concernées par cette opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (­Orcod-In), le troisième de France.

Car au cours des dernières décennies, de nombreuses copropriétés privées du Val Fourré se sont engouffrées dans une longue descente aux enfers. Les immeubles ont vieilli sans pour autant que les travaux ne suivent forcément, du fait notamment de la ­paupérisation des propriétaires et des charges impayées par certains dont les ­marchands de sommeil.

Dispositif piloté par l’Etablissement public foncier d’Île-de-France (Epfif) l’Orcod-In permet de soutenir techniquement et surtout financièrement les syndicats de propriétés qui voudraient se lancer dans un plan de sauvegarde. Une démarche qui demande aux propriétaires de l’investissement personnel mais aussi une certaine unité.

« On sait comment ça se passe : problèmes de charges, problèmes techniques, incapacité, donc au bout d’un moment les bons payeurs se disent « pourquoi je paye sachant qu’il y en a qui ne payent pas ? » et la tour s’enfonce dans la difficulté », expose le maire Mantais, Raphaël Cognet (LR), au pied de la Tour Neptune le samedi 18 septembre.

Ce jour-là, les membres de six syndicats de copropriétés privées que sont les Explorateurs, Francis Laffon, Buttes vertes, Jacques Cartier, Albert Camus et Archimède, sont reçus par les équipes de l’Orcod-In mantais pour découvrir les solutions qui s’offrent à eux pour réhabiliter leur bâti.

Et pour les séduire, les propriétaires de la Tour Neptune sont présents eux aussi afin de partager leur expérience et donner les clés d’une opération réussie. « L’idée c’est qu’ils puissent bénéficier de l’expérience de Neptune puisque ce sont des copropriétés qui rentrent dans le même type de projets que ce que Neptune a connu il y a cinq ans », explique Judith Quentin, la directrice de l’Orcod-In de Mantes-la-Jolie, qui accompagne ces copropriétés depuis plus d’un an pour évaluer leurs besoins.

Ces derniers sont d’ailleurs nombreux à en croire un couple résidant dans la copropriété Archimède. « Nous le problème c’est surtout lié à la vétusté du bâtiment, il date des années 1970, donc il a vraiment besoin d’un coup de neuf que ce soit dans les parties communes, dans les appartements et en terme d’énergies aussi, témoignent-t-ils. On a des problèmes d’isolation, d’infiltration, on a pas mal de copropriétaires qui n’ont pas encore changé leurs fenêtres, les portes, donc on consomme énormément en terme de chauffage par exemple en hiver, on a des factures vraiment énormes. »

Au troisième étage de la Tour Neptune, les propriétaires peuvent également se projeter en visitant un appartement témoin flambant neuf.

Devenir maître d’œuvre d’un chantier à plusieurs millions d’euros ne s’invente pas et c’est pourquoi plusieurs ateliers et moments d’échanges sont organisés autour de l’isolation, des financements ou du choix des matériaux. « L’objectif ça va être que, dans les prochains mois, ces copropriétés puissent, en assemblée générale, voter un plan de sauvegarde pour démarrer un projet de travaux. Après on va approfondir le choix du projet, trouver les financements », explique Judith Quentin.

Au troisième étage de la Tour Neptune, les propriétaires peuvent également se projeter en visitant un appartement témoin. Murs, revêtements, balcons, éclairages… des parties communes aux intérieurs, tout est complètement refait à neuf. « Là, on va retrouver une tour qu’on a laissée un peu à l’abandon parce qu’à la base c’était une tour de haut standing », se réjouit Younès, membre du conseil syndical de la Tour Neptune qui a acheté son logement en 2005.

« Avec l’Orcod-In on a l’outil le plus puissant possible pour aider les propriétaires privés à sauver leurs logements. Ce qu’on veut c’est que le logement privé au Val Fourré soit en qualité au moins égale à celle du logement social [neuf] », assure Raphaël Cognet qui félicite la réussite de l’opération de la Tour Neptune.

Pour que cela se fasse, faut-il encore que l’ensemble des propriétaires saisissent les enjeux et adhèrent à la philosophie. « La clé de la réussite d’un plan de sauvegarde c’est l’adhésion et la mobilisation des copropriétaires parce que même si les pouvoirs publics apportent des aides pour améliorer la situation financière, poursuit Judith Quentin. […] Parce que les copropriétaires clairement ne peuvent pas tout payer, pour arriver à ça il faut absolument une mobilisation des copropriétaires. » Chose qui n’est pas toujours aisée, comme le confie Younès : « C’est quand il faut pousser l’argent que ça devient compliqué, mettre tout le monde d’accord ce n’est pas forcément évident il y a toujours des personnes qui n’ont pas la même vision que nous. »

« La première question des gens c’est combien ça va me coûter, abonde une habitante de la copropriété Archimède. Du coup il faut expliquer qu’il y a des aides de l’État, de la Région. » Dans l’appartement témoin, cette dernière questionne Younès sur son investissement personnel dans les travaux évalués à trois millions d’euros. « Six-cents euros et moi c’est la tranche haute », répond à la surprise générale ce propriétaire d’un appartement de 105 m². Avant les subventions de l’agence nationale de l’habitat, de la Région et la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPSEO), sa quote-part s’élevait à 55 000 euros.

« J’ai senti que, pour le moment, les gens sont assez réceptifs, note un membre du conseil syndical de la copropriété Archimède. Comme on est 50 copropriétaires, il va falloir qu’on s’organise faire des réunions pour parler et transmettre le message aux autres. Il va y avoir un grand travail de ­communication je pense. »