Déserté, dégradé, et même craint, le centre commercial des Charvaux retrouvera-t-il un jour de sa superbe ? C’est en tout cas ce qu’espèrent les habitants, commerçants et élus qui constatent la longue agonie de ce qui était autrefois le poumon économique du quartier. Pour tenter de redonner un nouveau souffle au centre commercial, la Ville prévoit notamment de se charger elle-même de la commercialisation des locaux moyennant la restauration de ces derniers par leur propriétaire, un bailleur privé.
Implanté sur les hauteurs de la commune, dans un quartier qui concentre 80 % de logements sociaux, le centre commercial des Charvaux est un ensemble d’une quinzaine de locaux, dont aujourd’hui une bonne partie ont le rideau baissé. « Dans les années 1970-1980, il était pimpant, il y avait des commerces alimentaires, une supérette, un fleuriste, une mercerie », se rappelle le maire écologiste andrésien, Lionel Wastl. Au fil des années, ses commerçants, « laminés par l’essor de la grande distribution et par l’implantation d’une grande surface en pleine ville » ont quitté le bloc aux murs vieillissants. Il y a peu le centre a d’ailleurs perdu sa pharmacie qui était aux yeux de l’édile « sa dernière locomotive ».
Délaissé peu à peu par les clients, le centre commercial est, à en entendre certains, devenu un lieu peu fréquentable. « Il est lugubre, il n’est pas éclairé : ça ne donne pas envie d’y aller », note une riveraine à l’occasion d’une réunion du conseil de quartier des Charvaux le 23 novembre. Plusieurs habitants présents ce soir-là indiquent ne plus se rendre au centre commercial par peur des regroupements de jeunes qui s’y forment, et du trafic de stupéfiants qu’il semblerait abriter. « Ce n’est que du visuel et que de l’auditif, moi, je n’ai jamais eu de problème avec les jeunes, ce n’est qu’un a priori », nuance Mickaël Bodin, l’un des habitants qui pilote le conseil de quartier.
Pour « refaire prendre confiance aux habitants » et relancer le commerce, la commune a accéléré, au mois de septembre, les négociations avec le groupe 3F afin que celui-ci restaure les boutiques inoccupées. La Ville louerait alors les locaux au bailleur pour y installer des boutiques éphémères. « Ça permettrait aux gens de tester leur activité avant éventuellement de s’engager définitivement », explique l’adjointe déléguée à l’économie locale, Annie Minarik. Contacté, le groupe 3F confirme qu’une étude est en cours pour la réhabilitation d’un local et précise qu’un second est « en cours de commercialisation ».
Ces derniers mois, deux nouvelles enseignes, ont déjà réinvesti les lieux. Mohamed Afella a racheté le bureau de tabac à la fin de l’été. S’il déplore également le manque de visibilité et de propreté du centre commercial, le gérant évoque un chiffre d’affaire encourageant sur les premiers mois. « On a fait plusieurs rencontres avec les autres commerçants, on a même organisé un événement pour Halloween, souligne Mohamed Afella. On sent qu’il y a la volonté de tous les commerçants, et même des habitants que le centre reparte et redémarre sur de bonnes bases. » Dans cette lancée, l’enseigne a diversifié son activité avec un service de relais-colis et de copie de clés.
Afin que les riverains puissent réinvestir les lieux, la Ville y a d’ailleurs installé un centre de vie sociale dont l’inauguration a eu lieu le 24 novembre. « L’idée c’est de porter les initiatives locales et donc de créer un espace de regroupement de la population autour de ces projets », explique Ludovic Lauby l’adjoint délégué à l’animation socio-culturelle. Ouverte deux jours par semaine, cette structure accueille également les permanences des médiateurs du service jeunesse.
Le déménagement de la police municipale
au point mort
Lors de la réunion du conseil de quartier des Charvaux, les habitants ont rappelé aux élus présents la promesse de campagne de la municipalité d’intégrer le poste de police municipale dans le quartier. La Ville envisageait effectivement de déménager sa police dans l’ancienne supérette Proxi du centre commercial mais ce projet ne serait plus vraiment à l’ordre du jour à cause de son coût élevé.
« C’est un budget très conséquent, il faut acheter les locaux, les rénover et réaménager, ce ne sera pas pour tout de suite, explique Annie Minarik. Après, on se dit aussi que, d’ici deux, trois ans, si on fait les efforts qu’il faut ici, il n’y aura peut-être pas besoin de sécuriser tant que ça le quartier. » Interrogé sur le sujet au mois d’octobre, Lionel Wastl rapportait également certaines réticences des fonctionnaires à déménager dans l’ancienne supérette.