« J’ai acheté une maison pas un bateau » : le ras-le-bol des habitants inondés

La mairie a présenté les aménagements qu’elle envisage de réaliser en 2023 pour venir à bout des inondations dans le quartier du 8 mai. Les habitants concernés réclament des solutions plus immédiates.

« On a été très patients, très gentils mais maintenant on veut une solution ! », grondent les habitants du quartier du 8 mai, victimes de cinq inondations depuis la livraison de leurs maisons en septembre 2019. Le dernier sinistre en date, lors du puissant épisode orageux du 22 juin, avait vu les jardins et les rues du quartier complètement engloutis sous la boue exacerbant le ras-le-bol des riverains.

Le 13 décembre, ces derniers étaient conviés par la Ville pour une réunion publique en présence de Nexity, le promoteur des lotissements, pour évoquer les raisons de ces inondations à répétition et présenter les solutions envisagées pour y mettre un terme. Elles prévoient notamment la construction en 2023 de deux bassins de rétention d’eau en amont des 70 logements, dans les parcelles agricoles d’où viennent les ruissellements. Inquiets à l’idée de devoir ressortir pompes et sacs de sables d’ici la livraison de ces aménagements, les riverains réclament des solutions à plus court terme.

Après les intempéries du mois de juin, le maire mézièrois, Franck Fontaine (LREM), avait mandaté d’une étude le Syndicat mixte Seine Ouest (SMSO), missionné par la communauté urbaine de la prévention des inondations et de la compétence de ruissellement rural. « On est sur un secteur qui n’est quasiment pas infiltrant ou très peu, les inondations qui vous touchent c’est sur des pluies qui sont faibles », rappelle le syndicat de la particularité du quartier qui avait subi sa première inondation seulement un mois après la livraison des habitations. Les écoulements des terres agricoles se concentrent effectivement à l’entrée du quartier, devant les lotissements, créant ainsi « les vagues de boues » décrites par les habitants.

Mais ce phénomène n’est pas nouveau comme le souligne un agriculteur présent dans la salle Arc-en-ciel : « Tous les gens de Mézières savent très bien que l’eau est toujours passée là. » Une remarque qui interroge les acheteurs sur la responsabilité des acteurs de ce dossier. L’origine des inondations viendrait ainsi de deux facteurs. D’abord, l’interdiction formulée par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) et de l’agence de l’eau de rejeter les eaux du quartier du 8 mai dans le réseau public « déjà saturé ». Ensuite et surtout, une mauvaise prévision des dimensions du bassin de rétention d’eau créé en ­conséquence.

Les aménagements prévus sur les parcelles agricoles, et dont les travaux ne devraient débuter qu’en 2023, seront financés par le promoteur Nexity.

« On a construit (le bassin de rétention) sur des calculs prévisionnels de ruissellement qui s’avèrent, de fait, faux aujourd’hui, confie Stéphanie Weill Euve, la directrice générale de Nexity Domaines individuel. Les calculs qui ont été faits pour nous remettre le permis de construire à l’époque nous disaient que ce qu’on avait prévu suffisait, ça a été accepté, après l’erreur aujourd’hui elle est de tout le monde quelque part puisque vous êtes inondés. »

Plusieurs principes d’aménagement ont été présentés comme la création, dans les parcelles agricoles, de haies hydrauliques et l’installation de fagots de branches. « L’idée, c’est de ralentir l’eau le plus possible et que, si elle arrive jusqu’aux habitations, elle soit le moins chargé possible en boue », explique le SMSO de l’intérêt de ces derniers. De même, plusieurs ouvrages seront réalisés et notamment deux bassins de rétention de 900 et 700 m³. Ces aménagements, dont les travaux ne devraient débuter qu’en 2023, seront financés par Nexity.

Un calendrier qui irrite sérieusement les riverains. « J’ai acheté une maison, pas un bateau, bondit un père de famille habitant en contrebas du quartier. Vous me dites que je vais encore devoir attendre un an, non, moi je veux une solution tout de suite ! » En réponse, on lui oppose « des délais d’instruction incompressibles ». « Aujourd’hui à part serrer les fesses, c’est tout ce que je peux vous dire, il n’y a pas d’exutoire », regrette Franck Fontaine. D’autant plus qu’avant d’acter ces solutions l’édile doit encore négocier avec les propriétaires des terres agricoles où seront installés les bassins.

« Il y en a ras-le-bol, c’est encore nous les exploitants agricoles qui allons payer pour l’incompétence de gens élus, c’est facile de tout faire avec les biens des autres », s’énerve un agriculteur présent ce soir-là. Une position que comprend Franck Fontaine. Interrogé à la fin du mois, après avoir rencontré une quinzaine d’agriculteurs l’édile raconte : « Ça a été tendu pour autant il y a des compromis qui vont être faits, des solutions qui vont être trouvées, on va aménager nos ­propositions c’est plutôt positif. »