« Un des plus grands chantiers fluviaux de France. » Les mots de Stéphanie Peigney-Couderc, directrice territoriale adjointe du bassin de la Seine et de la Loire aval des Voies navigables de France (VNF), résument parfaitement l’ampleur des travaux entrepris sur les deux écluses du site de Méricourt. La fin du chantier, qui a commencé en 2020, est prévue en 2024. Comme le relatait La Gazette en mars, les travaux prévoient notamment l’agrandissement de l’écluse numéro un de 160 à 185 mètres pour pouvoir accueillir des bateaux de 180 mètres de long. Cet agrandissement permettra d’accueillir la totalité du trafic fluvial le temps des travaux de modernisation de l’écluse numéro deux de 185 mètres et qui est actuellement en service. Selon VNF, le transfert d’activités d’une écluse à l’autre est prévu pour le « 30 mai ».
« Le 30 mai, on bascule [la circulation fluviale] de l’écluse numéro deux à l’écluse numéro un […]. Ce sera la fin de la rénovation de l’écluse numéro un. Et ensuite, quand on aura cette circulation dans l’écluse numéro un, on commencera les travaux sur l’écluse numéro deux », explique Gaétan Jacolin, responsable du projet de rénovation et d’allongement des deux écluses méricourtoises, lors d’une visite de chantier organisée le 20 avril. Ce jour-là était un grand jalon pour VNF qui recevait les deux ventaux de la porte aval de l’écluse numéro un. Ils ont été posés l’un après l’autre. Hauts de 12 mètres pour une largeur de dix mètres, ces ventaux étanches pesant environ 80 tonnes chacun, ont pour objectif de délimiter le sas de l’écluse dans lequel le bateau entre tout en contenant le niveau d’eau à l’intérieur.
Selon Gaétan Jacolin, le délai d’environ un mois entre la livraison des ventaux de la porte aval et la mise en service de l’écluse numéro un est difficilement compressible. « [Les ventaux] seront finis d’être posés ce soir, déclare-t-il lors de la visite. Après, il faut installer tous les équipements, les vérins […] et ensuite il faut les tester puisque maintenant que [les ventaux] ont été conçus et installés, il va falloir trois semaines environ de tests, à sec, puis des tests en eau […] et ensuite faire encore des tests de fonctionnement global de l’écluse avec progressivement des bateaux [qui y entreront] pour pouvoir la mettre en circulation fin mai. »
D’après Stéphanie Peigney-Couderc, environ 250 navires traversent chaque semaine le site de Méricourt ce qui représente environ « 30 % du trafic national ». Ces chiffres justifient à eux-seuls le fait que le trafic fluvial ne soit pas interrompu durant le chantier. La directrice territoriale adjointe du bassin de la Seine et de la Loire aval de VNF insiste également sur le fait que la modernisation de l’écluse permet d’améliorer l’image du trafic fluvial pour les transporteurs.
« Pour VNF, en tant que gestionnaire des infrastructures, c’est vraiment important de viabiliser ces ouvrages pour donner confiance dans le transport fluvial », affirme-t-elle avant d’ajouter : « En fluvial, vous n’avez pas d’itinéraire bis. Ce n’est pas comme en routier et même en ferroviaire où quand on a une voie [fermée] ou une interruption on peut toujours contourner. En fluvial […] si vous êtes avec un bateau de grand gabarit sur le bassin de la Seine et que vous avez les deux écluses de Méricourt qui vous lâchent, vous coupez complètement le trafic et c’est catastrophique. Si cela arrivait, on porterait un coup fatal au transport fluvial de marchandises pour longtemps. »
Au total, le coût du chantier s’élève à environ 92 millions d’euros. « L’Union européenne subventionne 40 % des travaux de rénovation de ces écluses et la Région Île-de-France en paye 25 %. Les 35 % qui restent viennent de fonds propres de Voies navigables de France », précise Gaétan Jacolin.
Un nouveau poste de commandes pour améliorer les conditions de travail
Dans le cadre du chantier d’allongement et de modernisation des écluses méricourtoises, l’actuel poste de commandes, situé sur un terre-plein entre les deux écluses, est voué à disparaître. Le nouveau, situé près de la route menant aux écluses, doit permettre d’améliorer les conditions de travail du personnel.
« Le terre-plein devant être décaissé durant le chantier, on est obligé du coup d’enlever le bâtiment de commandes. C’est aussi une occasion pour nos équipes de moderniser leurs conditions de travail », explique Gaétan Jacolin. Précisant que l’ancien centre de commandes date de 1958, il ajoute que le nouveau offrira aux employés une meilleure isolation thermique.