Faute d’approvisionnement, les ouvriers de Stellantis contraints au chômage technique

Sur les deux derniers mois, les fiches de paie des salariés de Stellantis ont chuté en raison de plusieurs périodes de chômage dues à l’arrêt des lignes d’assemblage.

La crise n’en finit plus dans l’usine pisciacaise Stellantis, issue de la fusion des groupes Fiat Chrysler Automobiles et PSA. Au cours de mois de mars et avril, ses lignes d’assemblages ont été mises à l’arrêt à de nombreuses reprises en raison de la pénurie de composants qui l’affecte depuis déjà plusieurs mois. Pour les salariés, ces arrêts de travail forcés constituent des pertes conséquentes comme l’ont constaté nos confrères du Parisien.

L’usine de Poissy connaît toujours des grandes difficultés pour s’approvisionner en semi-conducteurs, un composant électronique essentiellement fabriqué en Asie et présent dans l’ordinateur de bord des voitures. La pénurie semble s’être accentuée ces dernières semaines suite aux reconfinements décrétés à l’Est et depuis l’enrayement des circuits de distribution qui passent entre l’Ukraine et la Russie.

« Sur les deux derniers mois nous n’avons travaillé que treize jours », fait savoir Brahim Aït Athmane, secrétaire de Force ouvrière à l’usine pisciacaise où un comité social économique exceptionnel s’est tenu lundi 25 avril en amont d’une semaine entière de chômage. Et ces arrêts à répétition commencent à peser lourd sur les salariés qui ne bénéficient plus, comme au plus fort de la crise sanitaire, d’une prise en charge à 100 % de leurs salaires. Le nouveau régime fixe un taux de 84 %, contre celui de 63 % dont est légalement tenue la direction. Pour un opérateur, cela représente une perte d’environ 300 euros bruts.

« Là, ça fait mal au porte-feuille […] notre loyer, notre [chariot] au supermarché, on ne les paye pas 84 % », gronde Jean-Pierre Mercier, délégué CGT à l’usine de Poissy. Le syndicat déplore également les déprogrammations tardives des équipes. « On a encore un numéro vert [ce vendredi 29 avril], il faut attendre 15 h pour savoir si on va travailler la semaine ou pas, c’est une flexibilité à outrance. […] C’est une manière de faire qui est inacceptable », dénonce le délégué syndical. Selon nos informations, les ouvriers ont repris le chemin de l’usine ce lundi 2 mai.

Renault-Flins dans l’expectative

Si l’usine d’Aubergenville était, jusqu’ici, un site prioritaire de Renault pour l’approvisionnement de composants électroniques, la donne pourrait changer. « Maintenant on est rentré dans une nouvelle phase où la direction centrale va répartir différemment les puces », révèle Ali Kaya, secrétaire de la CGT de Renault-Flins. Pour autant, rien ne dit encore si l’usine sera impactée ou non.