Lorsqu’il était enfant, Gaëtan de Paix de cœur arpentait avec ses parents les boutiques des brocanteurs le lundi matin. « Cela m’a même fait rater quelques cours », avoue le quarantenaire un peu penaud. Mais puisque à chaque chose, malheur est bon, il développe une passion pour la restauration de ces produits marqués par le temps. Et alors que le Vauxois dispose d’un Master en histoire de l’art contemporain, il finit par s’orienter vers ce métier manuel qu’est artisan-brocanteur. Depuis 7 ans, il redonne du cachet à différents objets, d’abord dans sa propre maison où il avait aménagé un espace de travail, et dorénavant dans son atelier de Tessancourt-sur-Aubette, la faute au Covid-19. En effet, lors du premier confinement, les voisins de Gaëtan découvrent le bruit qu’il émet en pleine journée et il se dit que c’est le bon moment pour trouver un endroit plus adéquat. Mais il ne se lance pas seul dans cette aventure : il est accompagné par son ami d’enfance Baudoin Saint Clivier qui désirait changer drastiquement de vie. « Lui aussi était dans la restauration mais dirigeait une espèce de fast-food guindé à l’intérieur de Paris », dit-il en jouant sur les mots. Ils investissent donc leur vieille bâtisse actuelle et en profitent pour installer une salle de décapage ainsi qu’augmenter leur nombre d’outils.
Les deux compères se focalisent sur du mobilier industriel datant entre la fin du XIXème début XXème siècle pour la simple et bonne raison que « ce sont des produits avec des lignes modernes et faits dans des matériaux nobles ». « Par exemple, on retrouve du laiton, de la fonte, du chêne », détaille alors le brocanteur. Mais attention, pas question de transformer complètement les trésors chinés dans diverses brocantes ou lors de foires marchandes, la rénovation se doit d’être faite dans les règles de l’art, en respectant l’âme du produit. Autodidactes – mais s’inspirant de ce qui se fait autour d’eux – ils avouent sans mal sous-traiter certaines opérations de décapage comme l’aérogommage, une forme de décapage avec un abrasif naturel qui n’abîme pas le cœur du produit. « Nous cherchons également des vieux lots de quincailleries ou alors nous achetons des produits réédités par des sociétés françaises comme des poignées en fonte qui utilisent en plus les mêmes moules et dessins d’époque », précise également Gaëtan.
Gaëtan et Baudouin se lancent aussi quelques challenges comme lorsqu’ils retapent des coffres forts ancien ou de vieilles tables à dessin. « Il y a des mécanismes et de la serrurerie à démonter, retravailler puis remonter », explique le Vauxois. Dernièrement, ils s’en sont fixer un énorme à cause d’un achat « coup de cœur ». « Lors d’une foire marchande, nous sommes tombés sur une ancienne nacelle de parachute. Quand nous l’avons mis dans notre camion, un Anglais nous a regardé, interloqué, en disant qu’il n’y avait que des français pour faire cela », s’amuse-t-il. Il aimerait la retravailler tout en la laissant « dans son jus » afin de garder cette impression d’être dans un livre de Jules Verne. Il imagine alors plusieurs emplois comme la louer à des studios de cinéma ou la vendre à un restaurant qui voudrait construire une ambiance autour d’elle. « Il faut quand même faire attention car lorsque nous achetons quelque chose avec peu d’utilité, il faut toujours se demander ce que nous voulons en faire », concède le quarantenaire.
Les prochaines échéances sont claires. Bien que « Le Déchineur » vend 99 % de ses produits sur internet, il veut aménager un grand espace de vente pour que ses clients réguliers ou d’autres curieux viennent admirer leurs produits : « les boutiques de brocanteurs ont tendance à disparaître, je pense donc qu’il y a un filon à exploiter. » Les deux showrooms récemment installés ne devraient donc qu’être une étape dans l’aménagement de la bâtisse.