Des initiatives locales pour éviter la délinquance juvénile

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, se déplaçait le 19 janvier à l’espace Claude-Vanpoulle de Poissy. Un moyen de constater les initiatives locales pour prévenir la délinquance juvénile.

« Ils l’ont bien déglingué ». 6 mois après l’incendie survenu dans la nuit du 29 au 30 juin, l’espace Claude-Vanpoulle garde encore les stigmates de ces soirées de tension liées à l’assassinat de Nahel. Les façades sont toujours noircies depuis le passage des flammes, des impacts de projectiles sont visibles sur les fenêtres et le bâtiment entier prend l’eau.

L'espace Claude-Vanpoulle garde encore les stigmates des nuits d'émeutes

Accompagnée par la présidente de l’Assemblée Nationale en visite à Poissy le 19 janvier, l’édile pisciacaise Sandrine Berno dos Santos ne cache pas son exaspération : « Une absurdité. Ce centre social est destiné à ceux qui l’ont brûlé. » Toutefois, Poissy peut s’enorgueillir de ne compter que 4 % des violences recensées dans les Yvelines durant les émeutes. Et surtout, remercier ses habitants de ne pas avoir laissé la situation s’envenimer, comme Sakria et « sa brigade WhatsApp » en premier lieu.

Pisciacaise depuis 1974 et résidente du quartier Saint-Exupéry dans lequel se situe l’espace social, elle a utilisé le réseau social appartenant au groupe Meta pour constituer une équipe d’une trentaine de mamans afin d’effectuer des rondes dès le lendemain de l’incendie. « Nous apercevions des enfants pas vraiment menaçants et même avec les cagoules, nous en reconnaissions certains » narre-t-elle.

Femmes vs Wild

Durant cette nuit de garde improvisée, un message leur parvient : l’école maternelle pourrait être prise d’assaut. Alors Sakria et 5 autres femmes s’assoient sur un banc en face de l’établissement scolaire pour guetter. S’il n’arrivera rien à l’édifice, elles entendent un bruit de tôle dans une rue avoisinante. Une voiture vient d’être retournée. La Police est aussitôt prévenue et en attendant son concours, elles poursuivent les responsables pour qu’ils s’en aillent. Le quartier Beauregard n’est pas non plus en reste. La proviseure du collège Les Grands-Champs Sandrine Felquin a également pris les devants. Celle-ci avait organisé une journée de débat pour apaiser les 600 élèves dont 80 % sont issus des Quartiers Prioritaires de la Ville.

Sakria et une trentaine de femmes ont effectué des rondes durant les nuits d'émeutes

Par ailleurs, suite à ces événements, la Mairie a nommé Nicolas, habitant du même quartier que Sakria depuis deux décennies, pour aller à la rencontre de cette jeunesse « qui ne se sentait pas très écoutée » dixit ses propres mots. Même si à Poissy, les élus vantent la démocratie participative – notamment avec tous les mois une réunion de quartier – ils revêtent parfois une main de fer dans un gant de velours. La Ville souhaitait supprimer les aides aux familles de délinquant dans le but de les « responsabiliser ». Retoquée par la justice, elle s’est rabattue sur des chèques culture (50 euros) et sport (30 euros) qui peuvent être redemandés en cas de comportement non-citoyen.

Grâce à la Ville et au soutien de la CAF (30 000 euros), des constructions modulaires ont été installées à côté de l’espace Claude-Vanpoulle pour qu’il puisse assurer sa fonction principale, soit le lien social avec la population. Sandrine Berno dos Santos aimerait l’améliorer mais elle comme Karl Olive, enragent devant des rapports d’assurance toujours pas rendus. « Il faut arrêter d’emmerder les Français et simplifier l’administration » s’emporte même le député de la 12ème ­circonscription.