Revenons huit ans en arrière. Le week-end, Rima Ayadi est serveuse dans un restaurant parisien et se noue d’amitié avec des clients revenant de leurs entraînements de boxe thaï. « J’étais à une période de ma vie où je devais trouver un défouloir » avoue la jeune femme. Pas sportive pour un sou, elle finit tout de même par les rejoindre dans leur salle. L’ennui la guette et Rima se dirige vers les sacs de frappe afin de les imiter. Dès le premier coup de poing, c’est le coup de foudre pour le noble art. Ses émotions la traversent à chaque crochet et elle n’a maintenant plus qu’une idée en tête : monter sur un ring.
Premier stop, le coach la trouve trop âgée – 26 ans – et juge que son corps n’a aucune mémoire sportive, avec sa vingtaine de kilos en trop… Toutefois, ce n’est pas dans son tempérament d’abandonner. Sonnée mais pas à terre, Rima se remémore un documentaire visionné durant son adolescence. Le protagoniste, Saïd Bennajem, ancien boxeur désormais entraîneur, fabrique des championnes de boxe. Il refuse, prétextant ne plus avoir de place, et lui renvoit encore son âge à la figure. Après trois coups de fil, Rima le persuade de la tester. Saïd n’est pas convaincu par son niveau, mais une telle rage se dégage de ses yeux bleus perçants !
Des combats sur et hors des rings
2 mois plus tard, la voilà qu’elle dispute son premier combat. « Je n’étais pas prête, concède-t-elle, mais je voulais tellement démontrer à mon entourage que ce n’était pas qu’une lubie folle. » Malgré une adversaire plus technique, le rêve commence déjà à prendre forme. À la fin de tous les rounds, Rima l’emporte aux points. Sa technique s’affine et son corps se sculpte au fur et à mesure des compétitions. Départementale, régionale, nationale, rien ne l’arrête. 15 combats, 14 succès, avec comme seule défaite au tableau, la championne d’Europe. Un an plus tard, la pugiliste intègre l’équipe de France et continue de boxer en amateur jusqu’en 2019. Son palmarès continue de s’étoffer, assez pour obtenir le droit de concourir chez les pros. Adieu le casque et les gants ultra rembourrés, bienvenue dans la cour des grands où cela cogne dur.
Depuis, 10 matchs, autant de victoires. Aux titres de championne de France s’ajoutent ceux de championne continentale en WBA (3 fois). Prochaine étape le 29 février au casino d’Enghien-les-Bains. L’événement sera retransmis sur RMC Sport et BFM Paris, où Rima espère attirer toujours plus de sponsors : « Je survis de ma passion, sans Seine-et-Yvelines Numérique et son directeur Laurent Rochette, je ne pourrais pas me consacrer qu’à la boxe. » En cas de victoire, elle pourra concourir pour la ceinture mondiale de la catégorie super-plume, ceinture qu’elle tient particulièrement à ramener à la maison. Celle qui réside à Poissy s’en donne les moyens durant ce dernier mois, elle a intensifié son rythme d’entraînements à deux fois par jour, des séances partagées entre Guerville et Levallois-Perret.
Par ailleurs, la sportive a créé l’association Premier Round. La boxe lui ayant permis de se soigner, elle se sentait redevable. Rima intervient donc auprès de femmes isolées ou de victimes de harcèlement scolaire pour qu’elles développent leur confiance en soi et se révèlent. Comme ce fut le cas pour elle.