En colère, les agriculteurs du département bloquent l’A13

De nombreux tracteurs ont bloqué les voies dans les deux sens dans le secteur de Mantes-la-Jolie le vendredi 26 janvier dernier, jusqu’à tard dans la soirée, avant de remettre ça ce lundi 29 janvier.

Ils avaient annoncé leur volonté de bloquer Paris. Et ils ont tenu leur promesse. C’est sous les coups de 14 h, vendredi dernier, que plusieurs dizaines de tracteurs ont fait irruption sur l’A13. Environ 80 d’entre eux, pour être exact, ont bloqué la circulation dans les deux sens de circulation à hauteur de Mantes-la-Jolie. Une façon pour les agriculteurs des Yvelines (et au-delà) d’exprimer un mal-être qui ­s’accumule depuis bien des années.

« Il arrive un moment où on est à saturation ». Michel, producteur de fruits et légumes, est venu de Feucherolles. Parqué sur l’autoroute, il énumère les raisons de sa colère, lui qui avoue n’avoir « pas beaucoup manifesté dans sa vie ». « Le problème, c’est toutes les normes, toutes les directives qu’ils nous mettent de plus en plus. Et puis tous les coûts qui explosent ! Les engrais, le fioul, tout ça, ça flambe », peste-t-il. En effet, la simplification administrative fait partie des revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui pointe du doigt le « manque d’ambition et de lisibilité des politiques publiques », et les « incohérences dans les réglementations à l’instar de la volonté affichée dans la planification écologique de produire plus de biomasse, tout en supprimant les moyens de production ».

La réponse du gouvernement n’aura pas calmé les manifestants, toujours déterminés à faire entendre leur voix.

Si les agriculteurs français se mobilisent depuis de nombreux jours, c’est également pour obtenir une rémunération plus juste. « Moi, je voudrais en vivre de mon métier, se désole Fabrice, céréalier venu de Lognes (Seine et Marne) pour l’occasion. Nous, on produit en France, à un certain prix. Mais ce qui vient de l’étranger, qui a fait trois fois le tour de la planète, ça arrive moins cher dans les grandes surfaces. Je cherche toujours à comprendre pourquoi. Comment en est-on arrivé là ? »

Tout l’après-midi, de nombreuses banderoles et autres drapeaux ont fleuri le long de l’autoroute, peu après le péage de Buchelay. « La France, veux-tu encore de tes paysans » pouvait-on lire sur l’une d’entre elles. « Macron, réponds ! » était visible sur d’autres. L’absence de réponse à la grogne nationale se faisait lourdement sentir, en cette journée du 29 janvier. « La réponse du gouvernement ? Il n’y en a pas ! » s’exaspérait Fabrice. Elle est finalement venue en fin de journée : le Premier Ministre Gabriel Attal a profité d’un déplacement au sein d’une exploitation de Haute-Garonne, à Montastruc-de-Salies, alors que plus de 72 000 agriculteurs étaient mobilisés dans pas moins de 85 départements. Parmi ses « mesures de simplification immédiates », la simplification « drastique » des procédures et des « normes quand elles ne font pas sens », le renforcement des contrôles dans le cadre des lois Egalim, ou encore la suppression de la hausse de la taxe sur le gazole non routier agricole.

Les tracteurs ont bloqué les voies de l’A13 de 14 h à 22 h 30, le vendredi 26 janvier.

De quoi calmer la colère de la profession ? On y a presque cru quand Jérôme Bayle, agriculteur de Haute-Garonne et figure du mouvement, criait presque victoire après la prise de parole du Premier Ministre. « Je pense qu’on a gagné », souriait-il au micro de BFM TV. Mais que nenni. À peine plus d’une heure plus tard, le président des Jeunes Agriculteurs assurait que « le mot d’ordre, c’est de continuer la mobilisation ». Un « siège de Paris » s’est alors organisé à l’appel des deux principaux syndicats de la profession, marquant ainsi le retour des tracteurs sur l’A13 ce lundi 29 janvier à 14 h, pour une durée de 4 jours minimum.