Un vent nouveau souffle dans le secteur du mobilier adapté. Alizée aide les personnes atteintes de diverses pathologies à se mettre debout. Cette chaise innovante sort tout droit de l’imagination du Conflanais Clément Blanchard, qui a puisé son inspiration auprès de son grand-père. « Il souffrait de la maladie de Parkinson et ma grand-mère se cassait le dos pour le relever » se remémore le concepteur. Pourtant, il était à mille lieux de créer un tel produit, ou plutôt à mille cieux. En effet, Clément se prédestinait à devenir pilote de chasse dans la Marine Nationale.
Il s’en donne même les moyens en intégrant le lycée militaire d’Autun (Bourgogne) au sein duquel il rencontre son associé Yannis Ksantini. L’inventeur deviendra même élève pilote de chasse en Australie. Cependant, Clément continue de se creuser les méninges et trouve la solution dans l’atelier de son aïeul : « Je me suis inspiré d’une de ses lampes qui avait un double pivot. C’est cette structure mécanique qui permet de garder le dos droit. » Le principe validé, les deux compères participent au Hacking Health de Besançon en 2021. Le concept plaît tellement qu’un incubateur bisontin les débauche. Et c’est au calme dans le Doubs qu’ils peuvent poursuivre la conception de la chaise complète, baptisée Alizée, le patronyme de l’ancienne aide-soignante de son grand-père.
On laisse pas pépé dans un coin
Son fonctionnement est simple. Pour que la personne assise dans le siège puisse se mettre jusqu’à 45 degrés par rapport à la position standard, elle doit enclencher les freins présents sur les roues arrière grâce à une télécommande située au niveau de l’accoudoir droit. Et c’est toujours avec celle-ci qu’elle active le système releveur. Par ailleurs, l’assise est évidemment antidérapante, sinon l’utilisateur finirait par tomber. De plus, elle est équipée de batteries rechargeable disposant d’une autonomie comprise entre cinq et sept jours.
Clément et Yannis en profite donc pour créer leur start-up, Upper, ainsi que le premier prototype en 2023. « Nous voulions couvrir tous les besoins, précise Clément, donc plusieurs personnes l’ont testé afin de voir si nous devions l’améliorer. » précise le Conflanais. Une première fournée de 10 exemplaires est vendue, assemblée par les propres mains de son concepteur – « je suis devenu un artisan » s’amuse-t-il – qui souhaite le proposer au concours Lépine. Banco, retenus dans la sélection, Clément et Yannis obtiennent la médaille d’or du ministère de la Santé le 12 mai, à l’occasion de la Foire de Paris 2024.
Cela leur servira d’argument commercial puisque le succès commence déjà à être au rendez-vous. Une commande de 40 chaises doit être honorée dans les prochains mois mais exit la fabrication artisanale. « Il faut laisser cela aux professionnels » s’amuse l’ancien élève de la Marine Nationale. Toutefois, Alizée conserve son côté yvelinois puisque le sous-traitant se trouve à Rosny-sur-Seine même si les tubes proviennent de Dijon. « Les retours sont excellents, nos clients racontent que sans la chaise ils ne pourraient plus se sociabiliser » conclue le Conflanais. Nul doute que de là-haut, le grand-père de Clément est fier.