Le marché du quartier Beauregard, à Poissy, était plus animé que d’ordinaire, le jeudi 20 juin. Comme de nombreux marchés de l’Hexagone en cette période de campagne électorale, il était le théâtre d’une passe d’armes à distance entre deux des candidats de la 12ème circonscription des Yvelines.
En voyant les élus de la majorité pisciacaise se rassembler aux quatre coins de la place Racine, tracts à la main, on s’attendait à voir débarquer, à tout moment, l’ancien maire de la ville et député sortant Karl Olive. Ce que les habitants n’avaient pas anticipé, c’est qu’il soit en présence d’un renfort de poids. Le candidat de la majorité était en effet accompagné de Rachida Dati, ministre de la Culture, pour l’épauler dans ce coin de la ville pas forcément acquis à sa cause.
« Ici, tout le monde connaît Karl Olive ! »
« Elle vient pour essayer de le sauver », peste une Pisciacaise, agacée par le vaste cortège qui déambulait dans les allées du marché. « Il est en train de couler », lui répond un autre habitant. Plusieurs d’entre eux ne semblaient pas séduits par leur présence, alors qu’ils essayaient simplement de faire leurs courses. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’étaient pas majoritaires : alors que tout ce petit monde déambulait et enchaînait les poignées de main, leurs admirateurs n’ont pas laissé passer l’occasion de leur témoigner leur soutien, ou encore de prendre des photos avec « Madame Dati » et « Monsieur Karl ».
« Ici, tout le monde connaît Karl Olive ! » s’est amusée la ministre après avoir fait le tour des commerçants. « On est passé partout, il n’y a pas d’hostilité, vous l’avez vu vous même. Cette implantation, ça veut dire qu’on n’est pas complètement déconnectés ».
Le candidat à ces législatives anticipées, lui, a joué la carte de l’humilité après la débandade de la majorité présidentielle lors du scrutin européen. « J’assume totalement ce qu’il s’est passé, il y a des choses qu’on n’a pas bien fait, qu’on aurait pu améliorer », a-t-il déclaré, tout en rappelant son engagement quotidien pendant son mandat. « Moi, j’ai été en campagne permanente depuis le 1er jour où j’ai été élu en 2014. Et quand aujourd’hui, un des adversaires qui représente la Nupes (sic), pour lequel on a du respect ici car on connaît ce monsieur, mais que 2 de ses colistiers viennent nous soutenir, ça montre que l’intérêt général est quelque chose qui parle aux administrés ».
Un appel de Ghislaine Senée
« Ce monsieur », c’est Christophe Massiaux, élu d’opposition à la Mairie de Poissy et candidat du Nouveau Front Populaire. Adhérent chez les Verts depuis 2007, il est un habitué des campagnes électorales et des opérations de tractage sur le terrain. Alors la parade de Karl Olive et Rachida Dati, cela ne l’impressionne en rien. « Il n’est pas en terrain conquis ici », observe-t-il.
Si son expérience en tant que militant n’est plus à prouver, c’est la première fois que Christophe Massiaux se retrouve lui-même candidat. Ce qui l’a convaincu ? Un appel de la sénatrice des Yvelines, Ghislaine Senée, elle aussi membre du parti écologiste. « Elle a réussi à trouver les bons arguments pour me convaincre d’y aller », raconte-t-il.
Il pourra compter sur la bonne dynamique de la Gauche à Poissy pour tenter de déjouer les pronostics. « Il y a un tel engouement que le 1er jour de tractage, à 10 h, on n’avait plus de tracts, s’enthousiasme le candidat. Plein de citoyens nous contactent pour savoir comment faire campagne avec nous. À la base, on était une dizaine, maintenant on est 130 ! »
Cet élan sera-t-il suffisant pour faire tomber l’épouvantail Karl Olive ? Pour Christophe Massiaux, c’est possible. « Il est ancré sur Poissy, on est sur une circonscription qui est plutôt à droite, mais je pense que sa popularité est en baisse constante. Il a fait beaucoup de promesses et, forcément, beaucoup de déçus ».
Dans cette circonscription, il faudra également surveiller le candidat du Rassemblement National, Jean-Louis Mettelet. Même s’il n’avait pas atteint le second tour lors du scrutin de 2022, il peut bénéficier de la vague Bardella, qui a convaincu 18,40 % des électeurs pisciacais lors des européennes. En tout cas, si le candidat d’extrême-droite venait à se retrouver au second tour face à Karl Olive, Christophe Massiaux l’assure : son vote irait à l’ancien maire de Poissy, « pas par conviction, mais pour le barrage républicain ».