« J’ai un peu peur, je l’avoue ». Alors qu’il déambule sur le marché d’Houdan, le député Bruno Millienne (MoDem) est cash. Élu depuis 2017, l’ancien journaliste sportif avait réussi à obtenir un deuxième mandat en battant Laurent Morin, candidat RN, au second tour des élections législatives avec presque 6 000 voix d’écart. Mais depuis le 9 juin, la donne a changé. Les élections européennes sont passées par là et la peste brune a déferlé dans toute la France. Toutefois il tente de se rassurer comme il peut : « En nombre de voix, le RN en a obtenu moins qu’en 2022. » L’image présidentielle pouvant mettre des bâtons dans les roues de campagne, Bruno Millienne préfère prendre les devants et scande à la volée des « Si vous m’engueulez je suis là ! ». Peu de réponses en ce vendredi au matin, même s’il doit faire face à l’ire d’une passante : « On ne vous voit jamais, vous cherchez seulement à obtenir une place et vous n’avez jamais répondu à mon mail. »
Surpris, le député ne se dégonfle pas et parle de son engagement local. Bien que son service de soins palliatifs soit menacé de fermeture actuellement, l’hôpital d’Houdan était resté ouvert grâce au travail de l’élu et des différents acteurs locaux. « À Bonnières-sur-Seine, je travaillais avec la CPME et le MEDEF afin de remplir un site industriel vide, poursuit-il, il n’y a plus d’emploi dans cette ville et c’est ce qui fait monter le RN ». Par ailleurs, l’ancien conseiller municipal de Jumeauville devait s’occuper d’une mission gouvernementale sur la décarbonation des transports car « on s’occupe du flux mais pas du parc » et défend tout de même le travail d’Emmanuel Macron, même les éléments controversés comme la future réforme de l’assurance chômage : « Un décret a été déposé le 1er juillet mais elle ne sera appliqué qu’au 1er décembre. Gabriel Attal avait convoqué les partenaires sociaux afin de parler de la durée d’indemnisation. »
Faire passer cette circonscription à gauche pour la première fois
S’il se considère comme le seul pouvant faire barrage au RN, Dieynaba Diop croit également en ses chances. « J’ai hérité de la circonscription la plus difficile, explique la conseillère municipale des Mureaux et candidate Nouveau Front Populaire, donc c’est d’autant plus important que j’aille au combat. » Pour cela, il faudra impérativement une faible dispersion des voix de Raphaël Glucksmann, bien chahuté depuis son ralliement à l’alliance de gauche : « L’histoire nous a convoqué et il fallait répondre. Là c’est un mariage de raison car le pays en a besoin et c’est pour cela que cela va tenir. » Elle aussi fait valoir son ancrage territorial et ce qu’elle représente. « J’incarne quelque chose, je suis issue des QPV et d’une minorité visible, je travaille sur les questions d’éducation et de désenclavement des mobilités, énumère Dieynaba Diop. Je peux pousser des gens à aller voter. »
En face le RN fait le strict minimum, quelques apparitions sur des marchés ça et là mais Laurent Morin a refusé de participer au débat de France 3 du 20 juin. Celui-ci compte donc sur son affiche de campagne où il trône fièrement entre Marine le Pen et Jordan Bardella. Le 30 juin actera quelle stratégie fut la bonne.