« C’était une fanzone » : comment ArianeGroup a vécu le lancement réussi de sa nouvelle fusée

1 400 personnes étaient réunies au sein des locaux muriautins du géant aérospatial, le mardi 9 juillet, pour assister au vol inaugural du lanceur Ariane 6. Récit d’une soirée riche en émotions.

ArianeGroup

Pendant que la majorité des Français célébrait l’ouverture du score des Bleus contre l’Espagne, c’est un tout autre événement que l’on scrutait avec une certaine excitation, du côté d’ArianeGroup, aux Mureaux. Au total, ce sont 1 400 personnes, parmi lesquelles des salariés et des élus locaux, qui ont assisté à ce qui était un véritable moment d’histoire pour l’Europe de l’espace, mais aussi pour la cité muriautine : le vol ­inaugural du nouveau lanceur Ariane 6.

C’est d’ailleurs au sein du hall d’intégration de l’étage principal de la fusée qu’était érigé l’écran géant. « C’était une fanzone ! » s’enthousiasme Hugues Emont, directeur du site d’ArianeGroup des Mureaux. « On s’est dit qu’on allait perdre quelques salariés avec la demi-finale de l’Euro, mais personne ne voulait rater ça ». Il faut dire que le moment était crucial pour le groupe aérospatial et au-delà : Ariane 6 marque le retour de l’Europe dans la course à l’espace, à l’heure où la concurrence – Space X en tête – multiplie les lancements. La réussite de ce premier tir était donc primordiale. Et quand on sait qu’« environ la moitié des vols inauguraux ne se passe pas comme prévu », selon les propres dires de Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA), il y avait de quoi être anxieux.

Balayer l’image d’Ariane 5

Alors quand la fusée s’élance sans encombre depuis son pas de tir à Kourou, en Guyane, dire que c’est un soulagement relève de l’euphémisme. « Je vous avoue que je n’ai jamais vu une telle ambiance dans le hall, raconte Hugues Emont avec passion. Tout le monde a décompté en même temps, et puis, cette explosion de joie ! J’avais le sentiment qu’avec leurs cris et leurs applaudissements, les salariées poussaient eux-mêmes la fusée. Il y avait beaucoup d’émotion, de fierté, parce que cela fait de nombreuses années qu’on développe de ce nouveau lanceur. Alors le succès de ce vol ­inaugural, c’est l’apothéose ».

Balayée, donc, la crainte de revivre cette terrible soirée de juin 1996, quand Ariane 5 explosait quelques secondes après son tout premier décollage. « On sait que dans nos activités, il y a une part de risque qu’il faut appréhender, reconnaît le directeur du site muriautin d’ArianeGroup. Il faut rester humble. De ce fait, on sentait que c’était un exutoire, on a vu des sourires toute la soirée. Tout ça fait que c’est un grand moment pour notre activité et notre territoire ».

Et ce n’est que le début, car le carnet de commandes du géant européen se remplit. 6 lancements sont déjà programmés pour l’année 2025, de quoi occuper les ingénieurs muriautins. « Il va falloir qu’on produise pour accompagner la montée en cadence et assurer les 28 lancements en attente, pour atteindre notre rythme de croisière de 9 tirs par an », souligne Hugues Emont. Le prochain est d’ores et déjà prévu pour le mois de décembre ­prochain.

Une diffusion au pôle Léo Lagrange pour les habitants

En parallèle de l’événement qui s’est tenu dans ses locaux, ArianeGroup a organisé, en coopération avec la Ville des Mureaux, une retransmission du vol inaugural ouverte au public, au sein du tout nouveau pôle Léo Lagrange. De nombreux habitants, passionnés ou simplement curieux, ont pu vivre ce moment aux côtés d’un ingénieur du groupe aérospatial présent pour apporter son expertise dans une salle pleine. « Cela confirme que Les Mureaux est bien la capitale de l’Europe spatiale, souligne Hugues Emont. Mardi, la ville était rythmée par le tir d’Ariane 6 ».