C’est un rapport de septembre 2022 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) qui a motivé la visite de la sénatrice des Yvelines Ghislaine Senée dans la maison centrale de Poissy. À l’intérieur de celui-ci se trouvaient plusieurs points de vigilance. Tout d’abord les cellules de 8m2 ne disposent pas de douche et leur porte ouvre directement sur les WC, et, sans système d’aération, il y fait chaud en été et l’humidité règne en hiver. Ensuite, certains espaces collectifs sont dégradés comme les douches où de nombreuses traces de moisissures sont présentes. Enfin l’établissement ne compte toujours pas de salon famille et les parloirs ne permettent pas d’avoir un minimum d’intimité et de confidentialité.
Accompagnée de Dieynaba Diop, la députée de la 9ème circonscription, l’ancienne maire d’Evecquemont s’est pointée de manière inopinée – comme l’y autorise ses fonctions parlementaires – dans l’établissement pénitentiaire afin de constater ou non des améliorations. La visite débute par les parloirs, non sans avoir passé avant tous les sas de sécurité. Contrairement à d’autres bâtiments carcéraux, ce sont 24 box qui permettent aux détenus de recevoir leurs proches. « Même si l’insonorisation entre les box est mince, ils sont respectueux les uns envers les autres » note Laurence Barthel, une des directrices adjointes. Ces moments peuvent même devenir plus conviviaux puisque les pères ont un coin pour cuisiner pour leurs enfants, sans la surveillance de la mère. De plus, si les couples désirent plus d’intimité, trois unités familiales/conjugales ont été refaites l’année dernière. Ils peuvent passer 72 h ensemble deux fois par an.
Par ailleurs, le rapport du CGLPL avait également fait remonter des problèmes avec le fournisseur de la cantine. Depuis, le prestataire a été changé – offrant des formules plus adaptées aux prisonniers – et surtout les différents CAP dispensés au sein de la maison permettent à des détenus de produire du pain. 280 baguettes sortent donc chaque jour des fourneaux de l’établissement pénitentiaire, soit plus d’une par pensionnaire (aux nombres de 240).
Au fur et à mesure de la balade, les dégradations évoquées se voient, sans pour autant donner une impression de grande vétusté. « Nous venons de réaliser un investissement de plus d’1,2 million d’euros dans le quartier dédié à l’isolement » précise la directrice Isabelle Brizard, à l’intérieur d’une cellule dont les murs sont encore d’une blancheur immaculée. Pour le reste, elle préfère botter en touche, « ce n’est pas laissé à l’abandon, c’est la nature de l’établissement s’il y a un peu de dégradation ».
Toutefois, c’est compréhensible. Régulièrement, la fermeture de la maison centrale est évoquée sans pour autant actée. « Evidemment qu’on aimerait tout refaire, lance Laurence Barthel, mais nous devons présenter des projets. Là le principal sujet ce sont les douches. » Ghislaine Senée embraye tout de suite : « Je suis agréablement surprise de l’état de la prison. Il faut surtout entretenir l’existant avant de parler de nouvelles constructions. »