Journées du patrimoine : la batellerie, cœur historique de la vallée de Seine

Les Journées européennes du patrimoine sont l’occasion à toutes et à tous de découvrir ou redécouvrir les richesses culturelles qui nous entourent. Pour cette année 2024, les thèmes mis en avant sont « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions » ainsi que « Patrimoine maritime ». Avec son histoire liée à la batellerie, Conflans-Sainte-Honorine peut tirer son épingle du jeu les 21 et 22 septembre prochains.

Rendez-vous incontournable de fin septembre, les journées européennes du patrimoine sont l’occasion de visiter des endroits habituellement fermés aux publics, mais également de revoir des endroits connus le tout gratuitement. Cette année, les sorties mises en avant par le Ministère de la culture tournent autour des patrimoines des itinéraires, des réseaux et des connexions ainsi que celui du maritime. Pour le directeur régional des affaires culturelles d’Île-de-France, Laurent Roturier, ces thématiques permettent de retracer les grandes étapes de développement du territoire, notamment grâce aux voies ferroviaires ou fluviales, véritables artères de la région. Pour l’édition 2024, Conflans-Sainte-Honorine tire son épingle du jeu, notamment grâce à la batellerie.

Profitant de sa position géographique – un éperon rocheux situé aux confluences de l’Oise et la Seine – la commune yvelinoise est devenue le refuge des Hommes depuis le néolithique. « Ils ont vu de l’eau et un moyen de se protéger rapidement, donc ils sont restés » résume Clément Damé, directeur de l’action culturelle de la Ville. Toutefois, il précise qu’il y a une véritable volonté politique de mettre en avant le patrimoine local. « Cela permet de développer un véritable sentiment d’appartenance. Et ce passé-là ressurgit au quotidien car tous les jours les Conflanaises et Conflanais aperçoivent la tour Montjoie ou le parc du Prieuré » ajoute-t-il.

Revivre l’histoire de la batellerie

Grâce à la Seine, Conflans-Sainte-Honorine devient donc rapidement la capitale française de la batellerie que la Ville met à l’honneur chaque année en juin. Mais pas besoin d’attendre cet événement pour comprendre le quotidien de ces hommes qui laissent leur vie voguer au fil de l’eau. « C’est un des rares musées en France qui permet de révéler toute cette histoire de la batellerie et des hommes qui la composent » détaille Clément Damé. Ainsi parmi les nombreuses pièces exposées se trouvent les créations des marins qu’ils donnaient à leurs enfants dans le but de les familiariser avec le métier. Plusieurs visites guidées sont au programme durant lesquelles vous pourrez arpenter les couloirs de cet ancien château légué à la Ville dans les années 70. Cependant, c’est dans le parc adjacent que se trouve un lieu normalement interdit aux visiteurs : le grand cellier du Prieuré.

En dehors du cellier, vous pourrez flâner dans tout le parc du prieuré et admirer les serres.

Sa fonction première est de servir de réserve au musée, plusieurs bateaux sont donc entreposés dans un endroit sec, permettant ainsi de les préserver des affres du temps. Le temps d’un week-end, les petits curieux pourront admirer l’architecture gothique, les voutes sur croisée d’ogives ainsi que les artistes qui s’exposeront durant ces deux jours. « Différentes œuvres feront redécouvrir l’histoire de la ville par le biais de l’art avec deux thèmes : un autour de la batellerie, et un autre autour du patrimoine carrier » précise le directeur de l’action culturelle. C’est un patrimoine conflanais méconnu qui pourtant a eu sa petite notoriété. Pendant plusieurs siècles, le banc royal de calcaire a été extrait, et a servi à la construction de moult édifices. cela a créé de nombreux réseaux souterrains, malheureusement, tous ont été condamnés pour raison de sécurité.

Un riche passé industriel également

À quelques encablures de là et normalement réservée à ses étudiants, l’école régionale du premier degré (ERPD) de la batellerie pourra être visitée. À l’instar du musée, c’est un ancien château. Celui-ci date du XVIIIème siècle et a été racheté au début des années 1900 dans le but d’accueillir la jeunesse batelière : « À cause de leur vie nomade, ils n’avaient pas forcément toutes les bases pour devenir des citoyens éclairés. » Pour parachever cette sortie autour de la batellerie, des visites fluviales sont au programme. La plus originale sera celle à bord du triton 25. C’est le dernier remorqueur construit en France pour la traction. La Société pour la Reconstruction du Parc fluvial l’a commandé en 1952 comme dommage de guerre pour remplacer le Triton 22 détruit par bombardement en 1944. Il a été réalisé par le chantier Carel et Fouché de Petite Synthe (Dunkerque). Il sort des chantiers en 1954. Il a fonctionné jusqu’en 1995 et a été racheté en 1997 par les Amis du Musée de la Batellerie.

Le Musée de la Batellerie propose des expositions sur ces hommes qui ont dédié leur vie à la navigation.

Toutefois, Conflans-Sainte-Honorine a d’autres trésors à livrer, notamment sa médiathèque. Cette ancienne fonderie propose une exposition sur son passé industriel. Les vestiges sont d’ailleurs toujours visibles avec les poutres en IPN. Les amateurs d’architecture des années 30 pourront également visiter le lycée Jules Ferry. « Cela peut ravir les habitants car les plus anciens ont connu quand il y avait également une école maternelle » détaille Clément Damé.

Balade entre les blockhaus

Si le temps le permet, et puisque d’autres villes des alentours comme Triel-sur-Seine ont décidé de mettre en valeur les 80 ans de la Libération, une balade à vélo est possible afin de décrouvrir les différents blockhaus de la ligne Chauvineau, du nom du général du même nom. En 1931, il fut chargé de construire environ 260 « blocs » depuis Conflans-Sainte-Honorine jusqu’à La Ferté-sous-Jouarre pour créer une ligne de défense antichar susceptible d’arrêter des engins motorisés et de couvrir Paris. Réalisés en 1939 cinq blocs étaient situés à Conflans-Sainte-Honorine. Cependant, après l’armistice de 1939, ils auraient pu servir à l’armée allemande pour contrer les Alliés, mais cela ne fut pas le cas. L’année dernière, la visite du cellier avait attiré plus de 548 personnes, la visite au bord du triton 25 plus de 300 personnes et les croisières commentées étaient complètes (soit 300 réservations). « Ce sont toujours des journées très attendues et qui attirent aussi bien la population locale que celles des alentours » conclut le directeur de l’action culturelle.

D’autres événements notables à travers les Yvelines :

Pour celles et ceux qui voudraient découvrir nos instances départementales, la Préfecture et l’hôtel du Département ouvrent leurs portes le samedi 21 et dimanche 22 septembre de 14 h à 18 h. Par ailleurs, les amateurs de Jurassic Park pourront s’en mettre plein les yeux au domaine de Dampierre-en-Yvelines. En effet, depuis juillet, Vulcain l’apatosaure, le plus grand dinosaure au monde jamais vendu aux enchères, a pris ses quartiers. Ses mensurations sont exceptionnelles : 20,5 mètres de long, pèse 2,5 tonnes.

Si la balade au bord de la Seine du côté de Conflans-Sainte-Honorine ne vous a pas suffi, direction Mantes-la-Jolie. Une visite guidée est prévue où l’histoire de la ville sera évoquée sous le prisme du fleuve, son élément fondateur. La visite évoque autant l’architecture grâce aux différents ponts, la vie sociale grâce aux anciennes tanneries, que l’histoire de l’art puisque de nombreux peintres posèrent leur chevalet face au fleuve. Elle débutera sur le parvis de la Collégiale. Si vous désirez retrouver toutes les visites liées aux journées européennes du patrimoine, direction le site internet du ministère de la Culture.