Aux abords du collège du Bois d’Aulne, le traumatisme reste toujours vivace à l’évocation du nom Samuel Paty. Quatre ans après, personne ne peut oublier le professeur d’histoire-géographie sauvagement assassiné le 16 octobre. Même si la plupart des enfants qui ont connu l’enseignant ne sont plus dans l’établissement scolaire, certains y avaient un membre de leur famille. C’est le cas d’un élève de 5ème qui accepte de nous répondre. Le futur changement de nom ? « C’est bien » nous explique-t-il, tout en ne comprenant toujours pas « comment un homme a-t-il pu faire cela à un autre homme »…
Pour que le collège puisse enfin s’appeler Samuel Paty, le temps était indispensable. Et s’il fallait des preuves pour s’en assurer, Il n’y a qu’à écouter le podcast « Samuel Paty, l’école face au terrorisme » réalisée par Sara Ghibaudo et Sonia Princet pour France Inter. Que ce soit Anis, un des collégiens les plus actifs pour perpétuer la mémoire de son professeur, ou pour ses anciens collègues enseignants, ils n’avaient qu’une peur : c’est qu’en faisant cela, le Bois d’Aulne ne soit à jamais associé à ce terrible événement. « Peu importe le nom du collège, ce sera toujours le cas » souligne un Laurent Brosse réaliste. « J’ai toujours considéré que c’était une décision incontournable, poursuit le maire LR de Conflans-Sainte-Honorine, mais que seul le temps pouvait amener. »
L’édile concède que de l’extérieur, cela pouvait sembler long. « Nous avions toute une multitude de personnes traumatisées, des enfants, des parents, des professeurs, des agents municipaux. Sans ses 4 ans, nous n’aurions jamais pu voter « pour » ». Paul Marion, de l’association Les Amis de Samuel Paty, nous confiait en effetsa peur dans nos colonnes l’année dernière : « Cela fait presque 3 ans, et j’ai peur que plus le temps passe, plus son nom finisse dans l’oubli. Il y aura toujours un voisin, un frère, un professeur toujours présent lors de l’attentat, alors allons de l’avant dès maintenant. »
En dehors du collège, Laurent Brosse avait songé à d’autres endroits dans sa ville. « Une place, une rue mais au fond, aucun autre endroit de Conflans-Sainte-Honorine n’était le plus adapté. C’est le plus bel hommage que nous pouvions lui donner » explique-t-il. Pour cela, il a fallu que le conseil d’administration – où siège le maire – valide cette délibération. Le conseiller départemental n’a pas voulu nous révéler la teneur des débats, mais ceux-ci ont été faits « dans un climat apaisé ».
Par ailleurs, les événements du 16 octobre reviendront malheureusement sur le devant de la scène. À partir du début du mois de novembre se tiendra le procès des huit adultes impliqués dans ce dossier – dont Brahim Chnina et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui – qui devront répondre à des chefs d’inculpations graves comme complicité d’assassinat terroriste.