Projet de loi finance : les élus dénoncent « un braquage »

Alors que le projet de loi de finance demande aux collectivités de réaliser 5 milliards d’euros d’économie, plusieurs élus du territoire se sont montrés vindicatifs vis-à-vis de l’État. Selon eux, leur gestion n’est pas à remettre en cause.

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« Un véritable braquage ». Comme à son habitude, Michel Lebouc ne mâche pas ses mots. Le maire de Magnanville n’a absolument pas vu d’un bon œil les accusations de l’État envers les collectivités qui aggraverait la situation économique de la France. Déjà en guerre contre le gouvernement à cause du projet de la prison, l’édile a lâché une nouvelle fois ses quatre vérités : « C’est un coup de massue pour nos collectivités locales, qui se voient extorquer au total 5 milliards d’euros. À titre d’exemple, la communauté urbaine GPSEO se verra prélevée de 4 millions d’euros. »

Son homologue des Mureaux, François Garay, tempère, tout en conservant la substantifique moëlle des propos tenus par l’élu magnanvillois. « J’appellerais ça plutôt une ponction successive et une ponction qui risque de continuer, explique-t-il, et ce n’est à ceux qui sont en bas de l’échelle de payer, il faut regarder ­au-dessus ! »

Quant à Pierre Fond, président de l’Union des maires des Yvelines (UMY), il fut également abasourdi lorsque les collectivités ont été pointées du doigt. « C’est très injuste, déplore le conseil départemental, car je rappelle toujours que toutes les collectivités doivent voter leur budget en équilibre donc le concept de déficit n’existe pas ». De plus, il énumère quelques compétences normalement assurées par l’État mais que les communes ont fini par gérer. Parmi elles, la sécurité, sujet ô combien sulfureux depuis la prise de fonction de Bruno Retailleau en tant que ministre de l’Intérieur : « Toutes les villes ont dû développer des polices municipales sinon il y avait des dégradations. » Ajoutons à cela des services publics essentiels comme la petite enfance ou la Santé. « Tous mes collègues doivent construire des maisons de santé pour accueillir des médecins sinon ils ne viennent pas » assène le maire de Sartrouville.

Toujours remonté, Michel Lebouc qualifie « ses mesures rétrogrades » comme « une déclaration, allant à l’encontre de nos villes, nos services publics, contre les citoyens ». Il craint surtout de voir les capacités des communes être asphyxiées avec pour conséquence « le démantèlement de l’édifice de notre modèle social » : écoles, associations, transports en commun, politique culturelle, tout pourrait être revu à la baisse avec les conséquences néfastes associées. Comble du cynisme, le fonds vert, censé financer la transition écologique, se voit amputé de 1,5 milliard d’euros. Une incompréhension renforcée par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le territoire, démontrant l’urgence climatique dans laquelle nous sommes. Plusieurs villes comptaient d’ailleurs là-dessus pour effectuer des travaux importants comme Magnanville et Mantes-la-Jolie.

Une subvention rabotée à ranger auprès de celle déjà réduite à peau de chagrin. « L’État a toujours diminué les dotations auprès des collectivités, nous, on est passé de 4 millions d’euros à 1,8 en 10 ans », se remémore Djamel Nedjar. Le maire de Limay a également rappelé la suppression de la taxe professionnelle ainsi que celle d’habitation, laissant encore moins de latitude aux communes. Par ailleurs, il regrette que les mesures impopulaires devront être prises par les élus alors que ceux-ci sont « à portée de baffes ». L’édile limayen a également fustigé toutes les exonérations fiscales offertes aux plus riches. Pierre Fond se veut réaliste. Il est bien conscient que chacun devra faire un effort afin de ramener les comptes de la France dans le vert : « Il doit surtout avoir un partage. Mais si l’Etat regarde de plus près, au Département, la majorité des dépenses sont des dépenses sociales, donc obligatoires. Et ça, on ne peut pas les stopper. » Première idée du président de l’UMY, une simplification de l’administration car « le pays meurt sous les normes ».