« Je vais faire des bisous à tes pieds », « tu veux coucher avec ma sœur », « tu te fais beau pour moi ? ». Un ex-enseignant du Camp des Loges – ancien centre d’entraînement et de formation du Paris-Saint-Germain – n’hésitait pas à envoyer des messages plus que déplacés à ses jeunes élèves entre septembre et novembre 2023. Dès son arrivée au sein du club francilien, Eddy K. fait plusieurs demandes d’ajouts sur Snapchat ou Instagram. Sa direction a beau le rappeler à l’ordre, arguant que cette proximité est totalement déplacée, l’homme de 27 ans au moment des faits ne s’arrête pas pour autant. Pire, il lie parfois le geste à la parole.
Au détour d’un couloir, il glisse sa main dans le survêtement d’un jeune de quinze ans. Quand il salue ses élèves, c’est en leur faisant des accolades et en leur caressant le lobe de l’oreille. Mais les demandes les plus répétées restent celles des massages de pieds. Absent pour sa comparution – son avocat Me Ian Knafou avançant que son client « craint pour sa vie » car son nom aurait fuité sur les réseaux sociaux – l’ancien professeur concède « avoir un délire avec ça [les massages de pied] ». Cependant, ce n’est pas son seul « délire ».
Alors qu’il se balade dans l’internat, Eddy soulève la couette d’un adolescent, parle de manière insistante de masturbation avec un autre… Le professeur va même plus loin, il demande des envois de sextape quand ils sont « avec leur copine » et propose même les services de sa sœur ou de sa cousine pour des ébats filmés. Même si dans les procès-verbaux de sa garde à vue, il prétexte ne plus se souvenir de ses messages – qui n’ont pas pu être retrouvés car il utilisait la fonction éphémère, le texte se supprimant de lui-même au bout d’un certain laps de temps – ses collègues ont été témoins de son comportement déviant. Comme lorsqu’il massait le pied blessé d’un footballeur en herbe, assis sur un canapé.
La direction du club francilien finit par le congédier, surtout quand elle apprend que l’enseignant a été condamné à 6 mois de prison avec sursis par le tribunal de Bobigny en mai 2024 pour corruption de mineurs. Il avait également fait l’objet d’une inscription au fichier des délinquants sexuels (FIJAISV) et d’une interdiction d’exercer auprès de mineurs. Car finalement, il est coutumier du fait. Entre septembre 2021 et mars 2024, il a utilisé le même modus operandi sur trois adolescents dans un lycée de Seine-Saint-Denis, établissement où le professeur officiait avant d’atterrir au Camp des Loges.
Me Knafou essaie tant bien que mal de défendre son client lors de sa plaidoirie : « Une demi-douzaine de jeunes sont concernés mais un seul a porté plainte. En plus, après la médiatisation de l’affaire en Seine-Saint-Denis. » Il insiste donc sur le parole contre parole puisqu’aucune preuve matérielle n’a pu être ajoutée à ce dossier, ce que l’homme de loi trouve d’autant plus bizarre. « S’il y avait eu ces messages, n’importe quel jeune aurait fait un screen de la conversation avant de l’envoyer à ses camarades avec un commentaire « PTDR regardez ce que le prof m’envoie » » avance-t-il.
La présidente de la cour du tribunal correctionnel de Versailles préfère croire la victime. L’homme de 28 ans écope à la fin de l’audience de 3 mois de prison ferme assortis de 5 ans d’interdiction d’exercer auprès des mineurs. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’avocat d’Eddy K. ne sait pas s’il fera appel.