Pourquoi la boulangerie est-elle restée ouverte pendant l’arrêté municipal de fermeture ?

C’est la question que se posent les consommateurs et les parents-d ’élèves dont les enfants fréquentent les cantines scolaires livrées en pain par cette boulangerie dans laquelle des cafards ont été retrouvés.

Rappel des faits. Le 15 novembre dernier, le service communal d’hygiène et de santé (SCHS) procède à un contrôle à la boulangerie du Marché Blé installée sur la place du même nom actuellement en travaux. Les fonctionnaires municipaux découvrent à cette occasion plusieurs non-conformités qualifiées de majeures. Ils relèvent dans le commerce la présence de cafards, des produits périmés, des stockages anarchiques dans les réfrigérateurs, et l’absence de traçabilité pour certaines denrées. Ce rapport conduit à un arrêté municipal de fermeture d’urgence le 17 janvier 2025, qui n’a jamais été exécuté.

La boulangerie n’est pas n’importe quelle boulangerie de Mantes-la-Jolie. Son pain est consommé par les enfants qui fréquentent les cantines scolaires mantaises. Malgré l’arrêté, la boulangerie continue de les livrer les cantines comme si le contrôle n’avait pas eu lieu et les non-conformités relevées. Pour se défendre, le propriétaire prétend que tous les problèmes ont été résolus et que la lenteur administrative serait à l’origine de la polémique. Alors même qu’il n’a reçu, aucun document officiel de remise en ­conformité.

L’opposition municipale, notamment le groupe « Mantes unie pour l’avenir », a vivement critiqué le maire Raphaël Cognet pour sa gestion de l’affaire, l’accusant de manquer à sa charte municipale et de négliger la protection des habitants. « C’est un scandale potentiel pour notre ville » n’a pas hésité à déclarer Jean-Luc Santini, président du groupe « Mantes Unie » au conseil municipal. « Est-il possible que le maire monsieur Raphaël Cognet, au mépris de sa charte municipale et de tous ses blablas de campagne ait foulé aux pieds les principes élémentaires de défense de l’intérêt général, de protections des habitants, de transparence de l’action municipale ? Est-il vrai que la boulangerie contrôlée dans un état sanitaire alarmant soit restée ouverte pendant huit-semaines au mépris de l’avis du service d’hygiène ? » s’interroge l’élu. « Est-il vrai qu’elle fournit les écoles primaires de la ville et qu’elle a continué à le faire pendant tout ce temps avec des conséquences qui auraient pu être infiniment plus graves ? ». Pour faire toute la lumière sur cet épisode peu glorieux de la gestion municipale, Jean-Luc Santini invite le maire « à saisir les services ­compétents et forcément neutres de l’État ».

La présence de cafards qualifiée de « manquements » par Raphaël Cognet

Le 4 février dernier, la Ville de Mantes-la-Jolie a publié un arrêté de réouverture administrative, qui indique que la boulangerie est en règle. Mais cette décision ne met pas fin pour autant à la polémique. Les interrogations sur la réactivité de la municipalité mantaise et la transparence dans la gestion de ce dossier subsistent.

Et ce n’est pas l’interview à nos confrères d’une radio locale donnée par Raphaël Cognet qui sont de nature à rassurer les mantais. Ni sur le fond, ni le forme : « La mairie fait des dizaines, une petite centaine de contrôles par an. Quand on va dans un commerce, il y a trois solutions. Ou bien il n’y a aucun problème et dans ce cas-là c’est terminé. Ou bien il y a des problèmes très graves et dans ce cas-là on ferme immédiatement le commerce. Ça nous est déjà arrivé et sur toute la ville. Ou bien il y a des manquements qui ne nécessitent pas une fermeture et on demande au commerçant de se mettre en règle et on repasse pour vérifier qu’il s’est mis en règle. En ce qui concerne cette boulangerie, il y avait des manquements » relève le maire qui considère donc que la présence de cafards et de denrées périmées ne sont que des manquements et qu’il n’y avait pas lieu à une fermeture immédiate.

« On a donc demandé au commerçant de se mettre en règle sur un certain nombre de choses. Quand quelques semaines plus tard nos agents sont retournés là-bas avec l’intention de la fermer, ils se sont aperçus que le commerçant n’avait pas reçu de la part de la mairie la liste des manquements précis auxquels il devait répondre. Du coup, ils sont arrivés pour fermer, d’où l’arrêté de fermeture administrative. Le commerçant leur a dit « je n’ai pas reçu la liste des choses que je devais faire ». J’ai arbitré et j’ai décidé qu’on allait laisser trois jours au commerçant pour se mettre en règle. Il l’a fait et c’est pour ça que la boulangerie n’a pas été fermée. À aucun moment il n’y a eu un risque sanitaire pour les consommateurs. Et ce qu’il faut qu’on travaille à la mairie c’est être plus réactifs entre le moment du contrôle et le moment où on vérifie. L’affaire est close désormais. Je ne veux pas que cette affaire prenne d’autres proportions. Ce commerçant, tout le monde le stigmatise et le montre du doigt. Il faut qu’on dise que la mairie fait énormément de contrôles. Il faut être vigilant là-dessus. On veut que la sécurité sanitaire soit assurée à Mantes dans les commerces et sur les marchés. Rien n’a été caché dans cette affaire ».

Si on suit le raisonnement de Raphaël Cognet, il fallait signifier au commerçant que sa boulangerie renfermait des cafards, des denrées avariées, des stockages anarchiques dans les réfrigérateurs, et de l’absence de traçabilité pour certaines denrées pour qu’il prenne les mesures qui s’imposaient…

On se demande donc à quoi peuvent bien servir les fonctionnaires du service communal d’hygiène et de santé (SCHS) si dans un cas comme celui-là, la Ville ne décide pas de fermer le commerce. Et à partir de quel moment un commerçant est à l’origine de « ­problèmes très graves » ?