Logement social : « Je ne veux plus de ghettos sociaux »

Le maire hardricourtois explique pourquoi il essaie d'imposer un tiers de logements sociaux dans les nouvelles constructions collectives, à l'instar d'un chantier en cours de 140 appartements.

Plutôt bonne élève, sa commune n’a pas de pénalités financières au titre de la loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbains (SRU). Avec son taux de 18,5 % de logements sociaux en 2016 et plusieurs projets en cours, rien ne l’oblige aujourd’hui à en construire… mais son maire, Yann Scotte (DVD), se bat depuis son élection pour que les promoteurs privés intègrent un tiers de logements sociaux dans leurs programmes immobiliers.

« Hardricourt ne doit pas construire, Hardricourt veut construire », résume-t-il de la commune de 2 000 habitants qui jouxte Meulan-en-Yvelines, en aval de la Seine. « Je n’ai rien contre le logement social à partir du moment où il est maîtrisé, par une rélle mixité projet par projet »,
indique-t-il. Cet édile « de droite sociale », qui « ne veut plus de ghettos sociaux », souhaite aussi « intégrer les populations en leur offrant le même accès aux services publics que tout un chacun ».

Elu à la tête de la municipalité en 2014, il a adopté un modus operandi volontariste à cet égard, proche de celui de son homologue pisciacais, Karl Olive (LR). Quitte à assumer quelques retards : « Quand je suis arrivé, on a stoppé tous les programmes de construction qui ne répondaient pas à ces critères et demandé à revoir les promoteurs, se souvient Yann Scotte. J’ai mis les permis de construire sous le coude. »

« Quand je suis arrivé, on a stoppé tous les programmes de construction qui ne répondaient pas à ces critères, se souvient Yann Scotte (DVD). J’ai mis les permis de construire sous le coude. »

Il y a quelques semaines, il a posé la première pierre d’un projet symbolique de ses intentions. Intitulé « Seinographie », son premier niveau apparaît déjà en bord de Seine, pour une fin de travaux annoncée en 2018. « C’est très important pour réhabiliter l’entrée de ville d’Hardricourt, c’était une friche industrielle vraiment moche », se félicite-t-il de ce chantier mené après démolition et dépollution de ce qui était « un énorme hangar amianté » accueillant les camions du fabricant de chocolat Barry-Callebaut.

En bord de Seine, face à l’île Belle, les quatre immeubles érigés par Bouygues représentent 140 nouveaux logements, dont 40 sociaux (gérés par le bailleur social Efidis, Ndlr). « Ils auront les mêmes balcons, agréments et jardins, on ne voulait pas de bâtiments de privilégiés et de bâtiments de pauvres, explique Yann Scotte. C’est un an et demi de bagarres pour avoir de telles prestations : c’est une vraie découverte de la vie de jeune maire ! C’est un monde de squales, celui des promoteurs… »

Ses administrés, eux, ne sont pas forcément plus partants que les promoteurs. « On a un tas de jeunes à Hardricourt, incapables d’y trouver un premier logement alors qu’ils ont trouvé leur premier emploi », argue-t-il, avant de poursuivre : « Ce n’est pas facile, et je comprends que ce soit délicat pour certains collègues, même si j’aimerais bien que tout le monde prenne sa part », avance-t-il de ses homologues maires de vallée de Seine, lui dont la commune pourra bientôt respecter l’obligation de 20 %
de logements sociaux (puis 25 % en 2025, Ndlr).

« Politiquement, il faut le vendre. Hardricourt reste une commune relativement privilégiée au niveau de ses habitants, les gens sont prudents vis-à-vis de l’arrivée d’une population précarisée, conclut Yann Scotte. Il faut vraiment faire preuve de pédagogie : c’est toujours plus facile pour une grand-mère ou un grand-père de penser à ses petits-enfants qui ne trouvent pas de logement. »