La Poste : peu d’évolution au centre de tri

Pour beaucoup de salariés du centre de tri, la situation n’a pas changé. L’entreprise a pourtant engagé dix facteurs en CDI à la fin novembre pour remédier au courrier en souffrance.

En octobre dernier, La Gazette publiait des images de casiers remplis de courrier et de paniers débordant de colis. Le centre de tri de Mantes-la-Jolie, dont dépendent également d’autres communes comme Limay, Mantes-la-Ville, Gargenville ou Porcheville, souffrait alors d’un manque de facteurs, admis par la Poste, et critiqué par la CGT qui déplorait les effets de la dernière réorganisation.

Alors, depuis la rentrée, le courrier arrivait avec retard, voire pas du tout. Une vidéo qu’avait diffusée La Gazette montrait l’ampleur du problème à l’intérieur du centre. Comme l’annonçait le Courrier de Mantes dans son édition du 7 novembre dernier, la CGT de la Poste, syndicat majoritaire au niveau national, a fait jouer son droit de retrait sur sept tournées de ce centre de tri mantais. Depuis, la situation reste très difficile pour les facteurs comme pour les usagers.

D’après l’entreprise postale, « dix facteurs ont trouvé un emploi en CDI, fin novembre, malgré les difficultés auxquelles elle se trouve confrontée au sein de l’établissement de Mantes-la-Jolie ». Ces emplois doivent « soulager des salariés qui sont à bout », avec toujours « des nombres d’arrêt maladie exponentiels », rappelle l’une des représentantes syndicales du centre de tri mantais, qui préfère rester anonyme.

« Le problème, c’est que ce sont des CDD qui travaillaient déjà sur place qui ont été embauchés en CDI, déplore-t-elle cependant. C’est très bien pour ces personnes mais ça ne rajoute pas de facteurs supplémentaires, il n’y a pas eu d’évolution. » A la CFDT de la Poste des Yvelines (syndicat majoritaire, Ndlr), Mathieu Voneschen, nuance la critique de la CGT.

« Les CDD ne participent pas au tri, contrairement aux CDI, car ils ne connaissent pas forcément le secteur, explique-t-il. Ça permet de professionnaliser et d’éviter la précarité, tout en rajoutant des bras pour le tri. » La CFDT, elle aussi en attente de moyens humains supplémentaires, a par ailleurs demandé à la directrice du centre postal mantais que soient mis en place un ordonnancement méthodique des tournées, et des changements sur les façades de casiers.

En novembre, une partie du courrier du centre de tri mantais avait été détournée vers celui des Mureaux, suite à l’usage du droit de retrait de facteurs de Mantes-la-Jolie. « Pour ce genre d’action, nous devons avertir la médecine de prévention, c’est la règle, rappelle la CGT de l’exercice du droit de retrait. C’est ce que nous avons fait et, quelques jours plus tard, l’inspection du travail nous a prévenu qu’ils viendraient prochainement. » A partir de ce moment là, tous les courriers en souffrance ont été transférés du centre de tri de Mantes-la-Jolie vers celui des Mureaux.

Vincent Fournier, représentant syndical des salariés à la CGT la Poste des Yvelines, en a été le premier surpris. « Ce transfert, c’était juste temporaire car ils (les responsables de l’entreprise, Ndlr) savaient que l’inspection du travail allait passer, analyse-t-il. Ce n’est pas illégal de faire ça, rien ne les interdit de transférer le courrier d’un centre à un autre. Mais bon… ça pose question quand même. »

Sur place, au centre de tri des Mureaux, les facteurs ont, selon lui, dû trier le courrier à terre puisqu’il n’y avait pas les casiers correspondant aux rues concernées. « On ne comprend pas pourquoi cela a été fait ainsi, pour faire ça, le courrier aurait pu rester à Mantes-la-Jolie, note Vincent Fournier. Ça a d’ailleurs surpris les facteurs du centre de Mantes qui l’ont pris comme si on leur avait volé leur courrier. »

PHOTO : ARCHIVES / LA GAZETTE EN YVELINES