Bureaux de police : réorganisations et crise sanitaire entraînent des fermetures

Depuis septembre, à Achères et Vernouillet, les antennes de la police nationale ont dû fermer « temporairement » leurs portes, à cause d’un manque d’effectif.

Avec la restructuration des services de police dans les Yvelines, plusieurs villes ont vu les effectifs de leurs commissariats baisser et certains bureaux ont dû fermer temporairement leurs portes. Ce fut notamment le cas à Vernouillet entre septembre et octobre, mais aussi à Achères, dont le poste est toujours en berne.

Si les communes ont visiblement été rassurées sur la continuité d’une présence policière sur leur territoire, le syndicat Alliance police nationale, lui, dénonce « une baisse drastique des effectifs ne permettant plus d’assurer une surveillance aussi efficace ». Contactée à de très nombreuses reprises la DDSP n’a pas répondu à nos sollicitations.

« En aucun cas la sécurité des habitants n’est impactée par la fermeture de cette structure d’accueil de la police nationale », rassure sur le site de la ville d’Achères, Elodie Sornay, adjointe à la sécurité. Faute d’effectifs alloués à la circonscription, le bureau de la commune a dû fermer ses portes depuis le mois de ­septembre.

Aux premiers abords, cela signifie que les Achérois doivent désormais se rendre aux commissariats de police voisins pour effectuer leurs dépôts de plainte. Seulement, on peut se demander si ce manque de moyens humains trouve un écho dans les effectifs de terrain, qui assurent patrouilles et interventions en tout genre.

Selon la Ville, cette fermeture ne remet pas en cause la présence de la police nationale sur son territoire. « Des groupes de sécurité de proximité (GSP) y patrouillent désormais en journée et sept jours sur sept en complément des patrouilles Police secours et de la Bac », assure-t-elle sur son site internet.

Seulement du côté du syndicat Alliance police nationale, c’est un autre son de cloche. « La BST (Brigade spécialisée de terrain) Achères ne patrouille à Achères que lorsqu’ils ne sont pas réquisitionnés à Poissy ou Conflans, corrige Julien Le Cam, délégué départemental du syndicat policier. Pour exemple, les premiers collègues qui ont fait face au terroriste à Conflans c’est la BST Achères, parce qu’ils étaient déjà sur place. »

Selon le syndicaliste, ces fermetures annoncées comme « temporaires » par la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) sont la conséquence directe de la réforme de restructuration des services de police départementaux appliquée en 2014 et prévoyant de regrouper 19 agglomérations en neuf ­circonscriptions autonomes.

Depuis la fin du mois d’octobre quatre demi-journées de permanence sont de nouveau assurées au commissariat de Verneuil-Vernouillet, en attendant un retour sur toute la semaine.

De ce remodelage est donc née la circonscription de Conflans-Sainte-Honorine, à laquelle sont rattachés les antennes de police d’Achères et de Vernouillet. « Les maires sont contents, on leur dit qu’au lieu d’avoir deux personnes à garder le bâtiment, ces deux personnes seront dehors sur la voie publique mais pas du tout, puisqu’au final il y a des suppressions de postes et vous ne pouvez plus couvrir l’agglomération », déplore Julien Le Cam. Selon nos informations, la circonscription de Conflans-Sainte-Honorine abrite, tous postes confondus, 285 fonctionnaires en 2020 contre 300 l’an dernier.

De la fermeture du commissariat de Verneuil-Vernouillet entre septembre et octobre, l’édile vernolitain, Pascal Collado (SE) explique : « C’était très conjoncturel, les effectifs étaient de fait tendus, compte tenu du Covid, des absences et qu’à un moment madame le commissaire n’était plus en mesure d’assurer les permanences comme on est en droit de l’attendre. » Depuis le mois de novembre, quatre demi-journées de permanence sont de nouveau assurées sur place, en attendant un retour sur toute la semaine.

L’ouverture de ce commissariat, en novembre 2014, avait déjà été particulière puisque les effectifs attendus n’avaient pas été installés dans les temps par l’État, avait noté Le Parisien à l’époque. « Ce n’est pas suffisant, on ne peut pas se satisfaire pleinement de cette situation, tonne Pascal Collado avant de nuancer. Pour autant, on est aussi objectifs par rapport aux moyens qui sont donnés à la directrice départementale et à la commissaire, et là c’est plus une problématique de ­politique ­gouvernementale. »

Au moment de la fermeture, les maires de Vernouillet et Verneuil-sur-Seine, Fabien Aufrechter (LFREM), ont demandé à rencontrer la direction de la DDSP. « Si on a eu un doute et une appréhension, […] il n’a jamais été inscrit, de ce que nous a réaffirmé la directrice départementale, une volonté de ne pas garder de permanence et de présence de police nationale sur notre commissariat », insiste Pascal Collado.

Pour pallier à ces manques, les communes se tournent aujourd’hui d’avantage vers un renforcement de leur police municipale. Les villes de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet prévoient d’ailleurs de ­mutualiser les leurs « à l’horizon 2021 ».