Délinquance : les aides municipales retirées aux mineurs concernés

Le 8 février, en conseil municipal, la Ville a adopté une délibération visant à supprimer les aides municipales aux mineurs impliqués dans des faits d’incivilité. L’opposition crie au scandale.

Le 8 février, la quatorzième délibération du conseil municipal a suscité un débat houleux entre les élus de la majorité et de l’opposition. En cause, la volonté de retirer les aides municipales attribuées aux familles de mineurs impliqués dans des faits d’incivilités. Alors que l’opposition y voit une mesure « visant à rassurer un électorat inquiet », la majorité considère, au contraire, que ce projet permettra de réduire la délinquance en ville.

« Nos actions ambitieuses de prévention et de sensibilisation ne suffisent plus à garantir le vivre ensemble. Or, dans une politique équilibrée de lutte contre la délinquance, la prévention marche de paire avec la sanction car, sans sanction, les menaces ne sont que des paroles en l’air », déclare l’édile, Karl Olive (DVD), en rappelant que, même si « Poissy n’est pas un micro-climat de la délinquance », ces actes ont augmenté « au cours des six derniers mois ».

Pour le prouver, il s’appuie notamment sur l’attaque à la voiture bélier et l’incendie du local associatif LP Corneille survenus durant la nuit du 24 au 25 août dernier et dont l’âge des auteurs n’est pas connu, ou encore les abris de bus vandalisés par des adolescents.

« Ainsi, les familles dont un des membres mineurs aura fait l’objet d’un rappel à l’ordre ou aura fait l’objet d’un jugement définitif, suite à une infraction troublant l’ordre public, se verront suspendre l’accès aux aides municipales et sociales pour les services non obligatoires », poursuit le maire en prenant notamment l’exemple du « Pass culture » et du « Pass loisirs ».

Pour prouver que les actes de délinquance ont augmenté « au cours des six derniers mois », l’édile, Karl Olive (DVD), s’appuie notamment sur l’attaque à la voiture bélier et l’incendie du local associatif LP Corneille survenus durant la nuit du 24 au 25 août.

« Je ne vous cache pas que lorsque j’ai eu connaissance de cette délibération, j’ai bondi […], s’indigne la conseillère municipale d’opposition Sandra Prattico. Un mineur est condamné [par la justice] et on va condamner une famille et toute une fratrie pour l’acte de délinquance d’un enfant. Je trouve cela ­particulièrement injuste. »

« Non, on ne sanctionne pas des fratries entières, rétorque Karl Olive. On envoie un message de responsabilités envers ce jeune qui, malgré le fait de pouvoir bénéficier de réductions et, peut-être de pouvoir intégrer une association sportive, commet des actes répréhensibles. Et donc cette personne là aura une suspension, la personne en question, pas la famille, de l’aide qui lui est apportée. Cela ne concerne pas l’ensemble de la famille. »

Visiblement peu convaincue par l’explication du maire et assurant que la délibération sera défavorable aux foyers les plus modestes, alors que la délinquance des mineurs « concerne toutes les catégories de population », Sandra Prattico poursuit : « Je doute qu’on puisse aider les familles en leur retirant le Pass culture. Je ne pense pas que cela soit une solution. » Elle préférerait notamment la création de postes « d’éducateurs de rues ».

Arguant que la Ville a embauché « quatre » éducateurs de rues grâce à un dispositif départemental, l’édile reconnaît que la délibération ne réglera pas toutes les incivilités. Pour l’adjointe déléguée à l’éducation et à la petite enfance, Vanessa Hubert, elle permettra néanmoins d’aider les parents peinant à éduquer leurs enfants. « Certains parents ont baissé les bras, explique-t-elle. Le fait de pouvoir sévir et de mettre l’adolescent face aux responsabilités qu’il engendre pour sa famille, permet de recréer un contact avec elle et donc de redévelopper cette parentalité qui est extrêmement importante. » La délibération a été approuvée, malgré les votes défavorables de l’opposition.