Des Yvelines à la Normandie, les dealers proposaient héroïne et cocaïne

Cinq personnes étaient renvoyées jeudi 20 janvier devant le tribunal correctionnel de Versailles pour leur implication dans un trafic de drogues dures entre 2015 et 2017.

Près de cinq heures, c’est le temps qui aura été nécessaire pour juger cette affaire de trafic de stupéfiants dont les faits remontent à plus de six ans. Jeudi 20 janvier, quatre hommes et une femme comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Versailles pour répondre de leur degré d’implication dans un trafic de drogues dures qui sévissait dans les Yvelines et sur les départements limitrophes.

« Il y a d’un côté la branche héroïne et de l’autre la branche cocaïne », résume la procureure de l’enquête menée entre 2015 et 2017. Dans la salle de la septième chambre ce jeudi, trois des prévenus sont suspectés d’appartenir à la première et deux, dont un Mantevillois, à la deuxième. Bien que ce soient les liens supposés entre chacun des prévenus qui avaient entraîné, à l’époque, l’ouverture d’une information judiciaire, l’audience n’a pas mis en évidence l’existence d’un véritable réseau mais plutôt des ­profils de dealers indépendants.

Tout a commencé en octobre 2015 après la dénonciation anonyme de l’un des protagonistes principaux de cette affaire : C., un homme âgé à l’époque d’une vingtaine d’années qui habitait dans la commune de Limetz-Villez, près de Bonnières-sur-Seine. Le témoignage fourni à la police assure que ce dernier « s’adonne à un trafic de cannabis et de cocaïne », rapporte la juge. L’hypothèse sera rapidement confirmée par les écoutes sur ses différentes lignes téléphoniques.

« Les enquêteurs ont relevé des communications très brèves avec des personnes connues pour des faits de trafic de stupéfiants, fait savoir la magistrate. C’était des langages codés, il y avait des montants qui pouvaient correspondre à des montants ou à des quantités. » La police identifie également une récurrence dans les appels avec l’une des prévenues : A., une femme originaire de Seine-Maritime dépeinte comme « une toxicomane qui était à la fois cliente et revendeuse ».

Particulièrement coopérative lors de l’audience, cette dernière a avoué qu’elle vendait de l’héroïne pour son compte avant de rencontrer C., auprès duquel elle se fournira en cocaïne. Elle confirme également qu’un autre des prévenus surnommé « Marlo », lui fournissait l’héroïne qu’elle revendait à ses « six, sept clients » dans la région rouennaise. Lors de son interpellation à son domicile en avril 2017, la police avait retrouvé chez elle, « 1 gramme de cocaïne, 64 grammes d’héroïne, ainsi qu’un carnet de compte », rapporte la juge. Elle a ensuite passé neuf mois derrière les barreaux en guise de peine préventive.

En remontant la « branche héroïne », les enquêteurs avaient réussi à identifier ce fameux « Marlo ». Surpris en pleine transaction avec l’un de ses clients, S.P., lui aussi déféré devant le tribunal de Versailles, avait réussi à échapper à la police. Pour un temps, tout du moins, puisque les enquêteurs lui ont finalement passé les menottes chez lui un mois plus tard. Absent de l’audience pour cause de Covid son avocat ne s’est pas opposé à la peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis requis par la procureure de la République.

En s’intéressant à la « branche cocaïne », les enquêteurs identifient le fournisseur de C. : il s’agit de S.B., son oncle par alliance. Ce dernier est ­rapidement suspecté d’être « en haut de la hiérarchie ». « Au téléphone, C. se vante que son oncle est le boss du Val Fourré », rapporte la procureure des écoutes téléphoniques. D’autant plus, que la police fait chez le Mantevillois une découverte plutôt inquiétante. « Un sac contenant des armes de poing, des fusils à pompe, un gilet pare-balles ainsi que des livres sur le salafisme », énumère des saisies la juge en précisant que les armes avaient été ­modifiées et n’étaient donc pas utilisables.

Pour sa défense, le père de famille explique qu’il s’est adressé à l’une de ses connaissances pour « dépanner » son neveu en cocaïne. Selon son avocat, le contenu des conversations téléphoniques avec ce dernier « montre bien qu’il n’y a eu qu’une seule transaction ». Concernant les armes retrouvées chez lui, le Mantevillois assure qu’il faisait « la nourrice » pour cette même connaissance et qu’il n’avait d’ailleurs « jamais ouvert le sac ». Lui et son neveu ont tous les deux été condamnés à quatre ans de prison dont un avec sursis. La même peine a été prononcée à l’encontre de « Marlo », le fournisseur d’héroïne. A et S.P, dont l’implication était plus mesurée, ont écopé d’une peine couvrant le temps qu’ils avaient déjà passé en détention ­provisoire.