Les habitants invités à s’exprimer sur l’implantation d’un méthaniseur

Porté par quatre familles d’agriculteurs installées près de la commune, ce projet prévoit d’installer une unité de méthanisation sur une parcelle agricole de 4,3 hectares située sur les hauteurs de la commune.

Depuis deux semaines, les habitants de Tessancourt-sur-Aubette sont invités à s’exprimer, dans le cadre d’une consultation publique, sur l’installation d’une unité de méthanisation sur les hauteurs du village. Porté par quatre familles d’agriculteurs, installées à Gaillon-sur-Montcient et dans les communes val-d’oisiennes de Condécourt, Sagy et Longuesse, le projet qui prévoit de valoriser des cultures dérobées en biogaz inquiète cependant une partie des riverains.

Regroupés sous la bannière de la société La Mare Énergies, les sept associés envisagent d’installer leur usine route de Condécourt, sur une parcelle agricole d’environ 4,3 hectares située de l’autre côté de la route départementale 28. D’après le dossier d’enregistrement que la société a fourni à la préfecture des Yvelines, le site sera notamment constitué d’infrastructures de stockage et de ­méthanisation pour près de 12 000 m².

Des dimensions qui inquiètent certains habitants de Tessancourt-sur-Aubette qui ont découvert le projet lors d’une réunion publique organisée en décembre dernier. Les opposants, regroupés depuis en association, ont d’ailleurs lancé une pétition en ligne en février qui a recueilli à ce jour environ 1350 signatures. Parmi eux, Mélanie Biziau déplore les nuisances visuelles qui pourraient être engendrées. « Les personnes sont venues à la campagne pour être tranquilles et on vient nous mettre un monstre dans le champ juste à côté de chez nous, ça va dévaluer le prix de nos maisons, déplore cette habitante du chemin de la Cavée. En plus de ça, il va y avoir des camions, ça va faire du bruit… »

« On a investi massivement pour l’intégration paysagère, plus que ce qui ne se fait ailleurs », rassure de son côté Antoine Behot, président de la société La Mare Énergie. L’agriculteur installé à Condécourt évoque notamment les 23 000 m² d’espaces verts qui encadreront l’unité à terme. « On va baisser le niveau de la terre [au niveau des installations] d’environ six mètres, avec les arbres tout autour : dans cinq ans on ne nous verra plus », avance-t-il. Les agriculteurs prévoient de consacrer, pour ce volet, 80 000 des 8 millions d’euros investis dans le projet. « Sur l’impact sur le trafic, ce sont 70 camions par an sur 16 000 véhicules jour qui circulent sur la D28, répond Jean-Luc Durand-Piton, agriculteur basé à Longuesse. Mise à part cette portion de route, le reste des circulations de notre circuit se font directement par les ­chemins de plaine. »

« On va baisser le niveau de la terre [au niveau des installations] d’environ six mètres, avec les arbres tout autour, dans cinq ans, on ne nous verra plus » rassure le président de la société La Mare Énergie.

L’association T’air en Vexin, composée d’une quinzaine de Tessancourtois s’inquiète également des odeurs que pourraient générer les matières stockées et l’épandage du digestat, le résidu fertilisant issu de la méthanisation. Répondant à une logique de diversification des cultures et donc des revenus, ces matières seront principalement des cultures intermédiaires à vocation énergétiques (CIVE) ­produites par les ­agriculteurs locaux.

Le site présente une capacité de stockage d’environ 900 m3 pour une production de biogaz qui permettrait d’alimenter « 2 900 logements récents ». « Avec ce type de production, il n’y aura pas d’odeurs d’autant plus que les vents dominants ne soufflent pas en direction du village », constate Antoine Behot sur la parcelle où les travaux pourraient débuter dès le mois de ­septembre.

De son côté, la commune de Tessancourt-sur-Aubette a émis un avis défavorable sur le projet. Contactée, cette dernière n’a pas répondu à nos sollicitations. « L’unité ne créera aucun emploi à Tessancourt, il n’y a aucun intérêt pour nous. Juste des nuisances ! », justifiait la maire, Paulette Favrou (SE), à nos confrères d’Actu78 en février dernier. Suite à ce constat, une négociation s’est engagée pour appuyer ­financièrement la commune. La société a décidé d’allouer 3 000 euros par an à la caisse des écoles durant la durée d’exploitation (d’environ 15 ans), de l’usine de méthanisation.

« Sur 15 ans, ça fait environ 45 000 euros, donc si la commune a besoin de faire des travaux pour l’école ça pourra lui permettre de rembourser un emprunt par exemple », précise Antoine Behot. Les habitants de Tessancourt-sur-Aubette ont jusqu’au 14 avril inclus pour s’exprimer sur le projet en transmettant leurs observations à l’unité yvelinoise de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports d’Île-de-France (DRIEAT).

Crédits photo article : Visuel 3D, La Mare Énergie