Trains normands : deux trains vers Paris supprimés

Ces suppressions font suite à l’adoption d’un nouveau plan de transport par la SNCF et la Région Normandie depuis le 28 mars. Dans le Mantois, les élus ne cachent pas leur colère.

« Coup de force », « coup de poignard dans le dos », « scandale », « passage en force », « choc » … Les mots ne manquent pas aux élus du Mantois suite à la décision de la Région Normandie de supprimer, depuis ce lundi 28 mars, deux trains directs Mantes-Paris Saint-Lazare, à 12 h 10 et 16 h 10. Ces deux suppressions interviennent suite à la mise en place d’un nouveau plan de transport supprimant au total 19 trains entre la Normandie et Paris.

Les maires de Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville, Magnanville, Rosny-sur-Seine et Limay, ainsi que le président du Département et le vice-président aux mobilités de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), ont dénoncé une décision unilatérale et annoncé le lancement d’une pétition en ligne et la saisie de la présidente de la Région Île-de-France. Ils réclament la mise en place d’un comité de ligne, souhaité également par le comité des usagers de l’Ouest francilien.

Le 10 mars dernier, la Région Normandie et SNCF Voyageurs signaient un communiqué commun évoquant cette décision. « Du fait de la diminution des déplacements professionnels et du développement des outils de travail à distance, la crise sanitaire a engendré une baisse importante de la fréquentation sur les lignes normandes, justifient les deux entités. […] Ainsi, à ce jour, les trains depuis et vers Paris ont un taux de fréquentation d’en moyenne 46 %, bien en deçà de la ­valeur d’équilibre du service (60 %). »

Des explications qui n’ont clairement pas convaincu les élus du Mantois, habitués chaque année au bras de fer autour des grilles horaires et des dessertes en vallée de Seine, notamment pour celle de 2020. « C’est plusieurs centaines de personnes qui sont mises devant le fait accompli », s’indigne le président du Département, Pierre Bédier (LR). « On a été au courant via la presse, déplore le maire mantais par intérim Sidi El Haimer (LR). […] C’est une catastrophe pour Mantes, d’autant plus dans le contexte aujourd’hui d’augmentation du prix de l’essence. […] Nous demandons ­l’annulation de cette décision. »

« On avait accepté un certain nombre de dégradation de l’offre puisqu’on était dans une dynamique de discussions avec la Normandie et l’Île-de-France, rappelle le maire rosnéen Pierre-Yves Dumoulin (LR). Il se trouve que cette grille 2020 on ne sait pas comment elle fonctionne parce qu’il y eu le Covid. »

Cette non-communication rend perplexes les élus, qui travaillent avec la Normandie sur d’autres sujets, comme le développement de l’axe Seine ou encore la ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN). « On fait quand même partie d’un même ensemble national, nous avons des relations de coopération en théorie […] entre collectivités franciliennes et normandes et cette décision unilatérale est inacceptable », poursuit Pierre Bédier. Présent également, le maire de Limay, sur la rive droite, souligne qu’il faut désormais « raisonner en Mantois », sur cette question. « Enormément de Limayens traversent la Seine pour rejoindre la gare de Mantes pour prendre des directs » détaille Djamel Nedjar (DVG) de sa position, la desserte en bus de sa commune étant également organisée pour faire le rabattement vers la gare mantaise.

L’ancien vice-président aux mobilités de GPSEO et maire de Rosny-sur-Seine, Pierre-Yves Dumoulin (LR), rappelle également que des concessions avaient été faites en février 2020. « Cette grille 2020 elle a remis en question un certain nombre de trains, elle a été plutôt pénalisante, indique-t-il de la suppression à Rosny-sur-Seine d’un train en heure de pointe du matin. […] On avait accepté un certain nombre de dégradations de l’offre puisqu’on était dans une dynamique de discussions avec la Normandie et l’Île-de-France. Il se trouve que cette grille 2020 on ne sait pas comment elle fonctionne parce qu’il y a eu le Covid […] Aujourd’hui, on n’a pas le recul suffisant pour remettre en cause [cette grille ­horaire]. »

Si lui demande la mise en place du comité de ligne, la demande avait déjà trouvé écho depuis plusieurs années auprès du comité des usagers de l’Ouest francilien. Dans une lettre ouverte envoyée aux élus de vallée de Seine, l’association demande à nouveau la « création d’un comité de ligne pour gérer et coordonner la circulation des trains pour l’ensemble des gares de la ligne, qu’elles soient franciliennes ou normandes », écrit-il. Dans cette lettre ouverte, le comité va désormais bien plus loin et demande la « suspension conservatoire du financement des trains normands par la Région Île-de-France ».

Dans un mail que La Gazette a pu se procurer, Philippe Mouly, directeur des lignes L, A et J, assure au comité d’usagers qu’à part ces deux suppressions, « les grilles horaires de desserte des gares de Rosny, Bonnières et Mantes-la-Jolie, restent inchangées ». Mais les grilles horaires consultées la semaine dernière par La Gazette pourraient faire état de deux autres suppressions supplémentaires, qui ne sont pas confirmées à l’heure actuelle. « On a aussi un risque qui pèse sur un train en heure de pointe du matin, celui de 7 h 10 », alerte Pierre-Yves Dumoulin.