Dans la cité Saint-Louis, les jeunes disent qu’ils viennent de Poissy seulement s’ils sont issus du centre-ville, sinon ils s’identifient via les Quartiers Prioritaires de la Ville, Saint-Exupéry ou Beauregard. C’est dans celui-ci que se trouve le collège les Grands Champs. Pendant plusieurs années, l’établissement scolaire n’a pas eu bonne presse et de nombreuses familles faisaient tout pour que leurs progénitures n’y aillent pas. « Alors qu’aujourd’hui, il n’y a plus de dérogation pour éviter le collège mais pour venir » s’enthousiasme Ali Ramdane, chef d’établissement adjoint depuis 2015 et directeur de la section SEGPA. Des propos appuyés par Sandrine Felquin, l’actuelle proviseure : « J’ai reçu un mail d’une directrice des Mureaux pour savoir comment ses élèves pouvaient candidater. Mais ce n’est pas possible. » Les chiffres confirment leurs dires : lors de l’arrivée de la proviseure en 2018, il y avait 297 collégiens, ils sont dorénavant plus de 600.
Pour travailler sereinement et amener divers projets comme les sections sportives, UNESCO ou orchestre, il a fallu réinstaurer un climat de confiance. « Auparavant, il y avait des intrusions, des gamins avec des petits couteaux, se remémore Sandrine Felquin. Une vingtaine mettait vraiment la pagaille. » Alors le ménage a été fait et surtout, les dossiers épineux sont traités en 48h. « Tout n’est pas rose ou merveilleux » tempèrent toutefois les deux fonctionnaires mais l’ambiance est au beau fixe. Par ailleurs, ils ne jettent pas la pierre aux anciennes directions, « seulement une dynamique différente » précise Ali Ramdane, qui loue également une équipe éducative qui tire dans le même sens.
Un souffle différent
« Nous prenons le temps pour répondre à des enquêtes, faire des demandes de subventions », explique le directeur adjoint. « Là par exemple il y a un dossier ERASMUS, nous n’avons jamais complété cela » ajoute Sandrine Felquin. De plus, tous les élèves savent que leurs portes sont ouvertes, ce qui pousse même certains écoliers à shunter la vie scolaire et à aller directement dans le bureau des proviseurs pour parler de leur problème. L’ambition est devenue un maître-mot et les deux comparses sont intransigeants sur les stages : « Nous les encourageons à aller à la Défense, sur Paris… » Ce qui a permis à 25 élèves de passer une semaine à Matignon et à 10 autres de découvrir le ministère de la Culture prochainement. Les plus étonnés sont finalement les familles. « Beaucoup sont sédentaires et ont fait leur scolarité dans notre établissement, note le directeur de la section SEGPA, ils ont connu l’époque où c’était difficile et contraignant. »
Tout ce travail a fini par porter ses fruits. Le pourcentage de réussite au brevet est désormais de 82 % quand il était aux alentours de 60 % avant. « Du point de vue des notes, nous sommes au-dessus des REP +, nous nous situons presque au niveau d’établissements publics de centre-ville » analyse Sandrine Felquin. Ces résultats et ces différentes initiatives ont donc convaincu Karl Olive à leur remettre la médaille de l’Assemblée Nationale lors de ses vœux en janvier, récompensant ainsi plus de 6 ans de labeur.