Le graphiste a rencontré le tueur à trois reprises

De décembre 2015 à avril 2016, Bertrand* a travaillé avec Larossi Abballa, l’auteur du double meurtre de Magnanville. En tant que graphiste, il a réalisé des supports de communication pour l’entreprise du tueur, située aux Mureaux.

Bertrand*, graphiste local, a rencontré à trois reprises Larossi Abballa. Le tueur avait besoin de réaliser des supports de communication pour son entreprise Dr Food, de livraison nocturne de sandwichs basée aux Mureaux. « Il est venu pour la première fois fin décembre en m’expliquant son activité de restauration rapide. Il avait besoin de finaliser des flyers qu’il avait déjà travaillés, raconte Bertrand. Je l’ai ensuite revu en janvier pour qu’il récupère la première série de flyers, puis en avril pour une nouvelle série. »

« Ça me touche de près car je l’ai eu en face de moi trois fois », reconnaît le graphiste local. Et Même si ses échanges avec le tueur étaient « brefs et professionnels », Bertrand n’a pas noté de changement de comportement entre décembre et avril. Il décrit un homme « agréable, souriant, courtois, impliqué dans son activité, qui en avait même l’air heureux ». Et d’ajouter, « C’était un client lambda ».

Bertrand est surpris par le paradoxe entre l’homme qu’il a vu pour la dernière fois il y a deux mois et celui qu’il a découvert à la télévision au lendemain des faits. « En découvrant la photo de Larossi Abballa, j’ai été choqué et j’ai dû vérifier l’information trois fois car je me disais que ce n’était pas possible, explique le graphiste. Je ne pouvais pas imaginer un seul instant qu’il puisse commettre ce genre de choses. Il était vraiment dans son business et je n’ai pas eu de doute une seule seconde. »

Même en y réfléchissant après coup, Bertrand n’arrive « à trouver rien de suspect dans son comportement pendant nos échanges ». En retraçant ses courriels, le graphiste à même retrouvé un mail de Larossi Abballa datant du début du mois avril où ce dernier lui demande combien cela coûterait pour faire des stickers pour son véhicule. « Il avait donc des projets d’évolution, comme n’importe quel autre client », estime Bertrand.

* le prénom a été changé pour préserver l’anonymat.