Voirie et espaces verts : histoire d’un gros ratage

L'échec est patent, et reconnu par tous ces maires qui ne cessent d'être interpellés par leurs administrés. Tous y ont mis du leur pour arriver à ce résultat très insuffisant.

Depuis plusieurs mois, l’on ne compte ni les maires à l’évoquer, ni les conseils municipaux à en débattre en vallée de Seine. La transmission des services de voirie des 73 communes, faite au 1er janvier dernier, après la fin de la dérogation préfectorale, reste un chantier en cours. En attendant, des nids-de-poule ne sont pas rebouchés, des déchets pas ramassés et des arbustes non taillés.

« C’est un sujet politique fort, et les concitoyens sont sensibles sur le sujet », confirme Pascal Collado (DVD), du groupe Agir pour l’avenir de l’intercommunalité (APAI). Et certains élus sont plus rapides à faire remarquer les insuffisances concrètes dans leur commune que la mauvaise volonté parfois mise pour le transfert des agents municipaux. Le tout à un moment où l’interdiction de tout produit phytosanitaire, effective au 1er janvier dernier, rendait déjà plus complexe l’entretien des espaces verts.

Le service voirie comprend l’entretien courant et les investissements sur la voirie et les espaces verts intercommunaux. « L’organisation de la décision autour de la voirie, pour les investissements de travaux, n’est pas en place, en tout cas pose question aux élus des communes, rapporte Denis Faist, premier adjoint d’Andrésy et président du groupe Indépendants Seine et Oise (Iso). L’organisation, le partage de l’entretien courant, c’est-à-dire boucher un trou, est aussi très difficile. »

« Ca nous pollue aujourd’hui la mise en place de la communauté urbaine, en plus, ça ne génère pas d’économies », reconnaît la première vice-présidente et sénatrice-maire d’Aubergenville, Sophie Primas (LR). La sénatrice sortante, à l’instar du président du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier (LR) favorise un changement de la loi pour permettre aux communautés urbaines de rendre cette compétence aux communes.

A la décharge de l’exécutif, Marc Honoré (DVD), vice-président de GPSEO et maire d’Achères, s’il reconnaît que « les points les plus délicats sont l’entretien et le balayage », fournit aussi cette analyse décapante pour certains de ses confrères : « Beaucoup de villes n’ont pas joué le jeu pour le transfert du personnel, on en attendait 350, on n’a reçu que 240 postes (les maires ayant préféré conserver certains agents, Ndlr). Et sur 240 postes, 80 étaient en arrêt maladie de longue durée ! »

Aujourd’hui, il manquerait encore 40 postes sur les 350 prévus. « Quand il manque des dizaines d’agents, on ne peut pas gueuler d’un côté et ne pas jouer le jeu de l’autre », juge Denis Faist des élus les plus récalcitrants. « Les aléas sont normaux, mais le rôdage n’est pas encore fait », résume-t-il de la situation. Si GPSEO ne parvenait à régler les problèmes, il resterait donc l’option législative… mais il faudra convaincre députés et sénateurs.

Modifier la loi pour rendre la voirie aux communes ?

C’est l’option nucléaire, elle est aujourd’hui très sérieusement envisagée par la première vice-présidente et sénatrice sortante Sophie Primas (LR), comme par le président du Département Pierre Bédier (LR), et celui qui l’est encore du Sénat, Gérard Larcher (LR). Parviendront-ils à modifier le cadre législatif des communautés urbaines pour les autoriser à rendre la compétence voirie ? Les sénateurs y comptent bien… s’ils sont élus, eux qui sont en campagne pour leur réélection.

« On pense qu’il faut laisser aux territoires la liberté de s’organiser comme ils le veulent, il y a trop de compétences obligatoires, assurait ainsi Sophie Primas vendredi dernier. On aurait pu laisser la flexibilité des délégations aux communes (la fameuse dérogation préfectorale limitée à un an où les communes agissent pour le compte de l’intercommunalité, Ndlr), ce qui aurait flexibilisé les choses et laissé la stratégie à la communauté urbaine. »