Encore un pôle commercial ?

Le maire espère l'implantation, près de l'autoroute, d'une grande surface de matériel de chasse et pêche, ainsi que d'une halle de producteurs locaux. Mais la communauté urbaine rejette la création d'un nouvel espace commercial au nom de la densification.

Un grand magasin dédié à la chasse et à la pêche pourra-t-il s’installer à deux pas de la sortie de l’A13, à l’Ouest d’Auchan, de l’autre côté du grand rond-point menant à l’autoroute ? C’est en tout cas le souhait du maire de Buchelay Paul Martinez (UDI) : sollicité par la Compagnie de Phalsbourg, propriétaire de Terres et eaux, sa majorité a voté à l’unanimité la vente, pour 1,5 million d’euros, d’une partie du stade communal au dernier conseil municipal.

Mais la pilule n’est pas passée à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO). Le service développement économique lui a très fermement indiqué qu’une telle implantation était exclue. Elus comme fonctionnaires, qui s’époumonent depuis plusieurs mois à répéter leur intention de limiter l’extension des zones commerciales existantes, pouvaient-ils faire autrement ?

« C’est l’occasion qui fait le larron », indique le maire de Buchelay de la sollicitation de la filiale de la Compagnie de Phalsbourg pour cette parcelle d’environ 17 500 m² située au fond du stade.

« Une partie du stade n’est plus utilisée, voire plus du tout à partir du moment où on a entamé les travaux de la Plaine des sports (le gymnase, Ndlr) en 2011 », explique le maire. De la partie Ouest, pas entièrement construite et non concernée par le projet, il décrit : « Une réflexion globale est menée, pour en faire une zone à la fois d’équipements et de loisirs. »

A l’Est, vers le rond-point de l’A13, un des terrains de football serait conservé, l’autre déménagé entre Plaine des sports et autoroute, tandis que les terrains de tennis abandonnés disparaîtraient. « Ca nous semblait cohérent de mettre des problématiques autour de la chasse, de la pêche et de l’agriculture », décrit-il de la grande surface et de la halle des producteurs locaux (voir encadré). Sa majorité a d’ailleurs changé cette parcelle d’affectation dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme en cours, pour permettre ces activités.

« C’est l’occasion qui fait le larron, poursuit-il de la sollicitation de la filiale de la Compagnie de Phalsbourg pour cette parcelle d’environ 17 500 m², qui érige à quelques centaines de mètres de là, dans la zone des Graviers, un immense centre commercial. Terres et eaux ne souhaite pas s’implanter en zone commerciale habituelle, ils ont une stratégie de positionnement un peu différenciant. […] Il y a un vrai marché, le long d’une départementale, avec vue sur l’autoroute, ils étaient preneurs à fond. »

Les terrains de tennis abandonnés disparaîtraient.

Pourtant, à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), du moins au service chargé du développement économique, le refus a été très clair, et donné il y a une quinzaine de jours au maire. « Elle considère qu’il ne faut pas trop d’économique là-dessus, rapporte Paul Martinez. On est un peu surpris, on l’entend, pourquoi pas… mais on aurait aimé être prévenu un peu avant, il va peut-être falloir reconsidérer, j’attends de voir les dirigeants de Terres et eaux. »

Il poursuit de son étonnement : « En plus, on construit avec les services de la communauté urbaine ! » Pourtant, la nouvelle aurait été plutôt mal reçue lorsque les responsables de GPSEO, en tout cas ceux de son service développement économique, ont découvert, « par hasard » assurent-ils à La Gazette, l’existence de ce nouveau projet de centre commercial il y a effectivement une quinzaine de jours.

Ils estiment par ailleurs que l’aménagement en cours de la sortie de l’A13 à Buchelay, et de la zone commerciale et industrielle des Graviers, doit répondre aux besoins locaux en la matière. « Sa vocation première est de reconcentrer l’activité commerciale, défend-on ainsi. Le sujet n’est pas de refaire de la surface commerciale en plus, mais de la concentrer à cet endroit-là : ce projet serait sur la zone des Graviers, personne n’aurait rien à dire. »

Alors, pas question de favoriser cette petite zone commerciale supplémentaire qui n’est pour la communauté urbaine « pas une stratégie pertinente, ni en offre commerciale, ni en consommation de terres, ni en flux de voitures ». Le maire de Buchelay regrette la décision prise pour l’instant : « Je pense qu’une exception était possible, car il ne s’agit pas de faire un pôle économique, mais une seule implantation sur l’un des bouts du terrain de football.»

Mantois : en 2019, une halle de vente coopérative pour les agriculteurs ?

Elle devrait s’implanter, sur 2 500 m² à côté du projet Terres et eaux, au fond du stade.

Ces exploitants agricoles du Mantois portent leur projet de halle depuis plusieurs années maintenant : une moyenne surface commerciale, créée et gérée de manière coopérative, qui vende directement leurs produits aux consommateurs du secteur. Si l’emplacement ne change pas, elle devrait s’implanter juste au Sud du péage de Buchelay, sur 2 500 m² à côté du projet Terres et eaux.

Au lancement de cet établissement commercial coopératif figure un agriculteur céréalier rosnéen, Christian Lecoq (dont la fille Sarah exerce également à Rosny-sur-Seine dans le maraîchage bio, Ndlr), rapidement soutenu par l’exploitant céréalier et élu buchelois Alain Defresne. Maintenant qu’un emplacement a été déterminé, ils espèrent pouvoir lancer la concrétisation du projet, dont l’ouverture est envisagée pour 2019.

« Ce sera une structure coopérative entre producteurs : les investisseurs, ce sera nous ! », indique Alain Defresne des 15 et 20 agriculteurs intéressés pour ce projet estimé à environ 500 000 euros. « Le nombre va peut-être se réduire quand on va regarder les aspects financiers, il faut voir ce que chacun peut apporter, et ce dont on aura besoin en termes d’emprunt », nuance-t-il cependant.

Si le fonctionnement coopératif n’est pas étranger à ces exploitants, créer une telle organisation nouvelle ne va pas sans désaccords. « On connaît ça à travers nos structures coopératives, sur les grandes cultures comme le blé… mais ça existe depuis longtemps, les structures sont montées et tout tourne », analyse le céréalier.

Pour l’instant, les débats, notamment avec le conseil départemental, semblent se porter sur l’entrée la plus judicieuse vers cette future halle. A la communauté urbaine, où le projet semble méconnu, l’on fait défavorablement remarquer, comme pour Terres et eaux, un emplacement séparé des autres zones commerciales. Enfin, Alain Defresne a voté la délibération de vente de terrains à Terres et eaux au dernier conseil municipal. Conflit d’intérêts ? « On sera adossé sur la même zone, mais la décision était pour Terres et eaux. »