Centrale EDF : vide-grenier industriel avant démantèlement

A l’arrêt depuis mai 2017, la centrale EDF va bientôt être démolie. La direction a invité les entreprises locales à visiter le site pour acheter des pièces encore sur place.

Le jeudi 16 novembre, la centrale EDF de Porcheville s’est transformée en véritable caverne d’Ali Baba industrielle. Dans le cadre du démantèlement du site suite à sa mise à l’arrêt définitive au 1er mai dernier, le fournisseur d’électricité, en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Versailles-Yvelines, a invité les entreprises locales à une journée portes ouvertes pour leur permettre d’acheter à petit prix le matériel encore sur place.

Alors que la fermeture définitive était dans un premier temps annoncée pour 2023, elle avait ensuite été anticipée à 2018. C’est finalement au 1er mai 2017 que les quatre générateurs au fioul lourd ont été définitivement mis à l’arrêt. « Le site sera transféré à l’entité de déconstruction d’EDF en février 2018, et pour un site comme celui-ci, il faudra compter sept à dix ans », explique Marie-Elisabeth Fernandes, directrice de la centrale de Porcheville.

Au-delà du bâti, la centrale regorge de matériel industriel ou de bureau, dont l’entreprise doit se débarrasser. Si les salariés ont déjà eu l’opportunité d’acheter leurs caisses à outils, et qu’EDF et ses filiales ont été prioritaires sur le rachat des pièces, beaucoup n’ont pas encore trouvé preneur. Partant de ce constat, EDF et la CCI ont donné la possibilité aux entreprises yvelinoises de se porter acquéreuses des restes qui les intéresseraient, au cours de la journée du 16 novembre.

La directrice avance l’objectif de « redonner une seconde vie » à ce matériel. « On propose à petit prix, aux entreprises, le matériel sur site, précise Marie-Elisabeth Fernandes. Nous avons la volonté de le revaloriser au maximum, dans une logique d’économie circulaire ». Plusieurs employés ont été mobilisés pour organiser cet événement : « C’est un projet avec un impact positif sur la motivation des salariés dans un contexte qui n’est pas facile », souligne Marie-Elisabeth Fernandes, alors qu’il ne reste plus sur place que « 36 salariés » sur les 205 présents en 2016.

« J’ai trouvé de l’équipement électrique, des choses qui, neuves dans le commerce, coûtent une fortune », apprécie le président d’une start-up fabriquant des panneaux solaires pour l’Afrique.

Une trentaine de représentants d’entreprises locales ont répondu présent. Pendant plus de deux heures, leurs responsables ont eu droit à une visite de la centrale pour découvrir l’ensemble des pièces disponibles, et signaler celles qui les intéressaient avec des Post-it, pour ensuite faire leurs offres. Presque tous les équipements sur place étaient ouverts à la vente : d’objets industriels communs tels visserie, capteurs, moteurs ; à du matériel bien plus conséquent comme les portiques de sécurité ou le bateau qu’utilisait EDF pour naviguer sur la Seine le long du site.

« C’est intéressant, la diversité des secteurs d’activité qui participent, note Marine Roman, chef de projet économie circulaire à la CCI. Certains vont reconvertir le matériel en décoration, il y a des entreprises industrielles pures et dures, … » Des entreprises affichent une idée précise de ce qu’elles recherchent : « Je suis venu pour des choses spécifiques comme de la vanne ou de la grosse tuyauterie très volumineuse », rapporte Dominique Lemarié, employé chez Sulzer, dont l’usine de fabrication de pompes industrielles se situe à Buchelay.

Sébastien Depigny, le gérant de Sport oxygene, société spécialisée dans la création de projets événementiels, prend en photo de nombreux objets industriels et ne manque pas d’idées de réutilisation pour la majeure partie d’entre eux. « Hormis l’idée de visiter la centrale, je veux voir ce qui peut être récupéré ou utilisé à d’autres fins », explique-t-il, donnant en exemple l’idée de transformer une pompe en « jeu d’eau interactif ».

La démarche d’EDF semble donc avoir conquis les participants. « L’idée de remettre le matériel dans le circuit, c’est intelligent », sourit Sébastien Depigny. François Chiron, président de la start-up versaillaise UVW, qui fabrique des panneaux solaires à destination de l’Afrique, félicite cette intention de « ne pas laisser se gâcher » des outils industriels en bon état. « J’ai trouvé de l’équipement électrique, des choses qui, neuves dans le commerce, coûtent une fortune », apprécie François Chiron tout en déambulant dans la centrale EDF.