Révélé par Le Figaro lundi 19 avril, puis confirmé par la préfecture des Yvelines, le département bénéficiera bien d’un renfort de 128 policiers. Un chiffre bien trop maigre pour les syndicats policiers et certains élus puisqu’il « ne compense même pas les 300 départs constatés en dix ans ».
Dans un communiqué de presse, la préfecture des Yvelines indique que 39 postes de policiers seront « créés sur l’année 2021 » en vallée de Seine, précisant ainsi les annonces du président de la République, Emmanuel Macron (LREM), en déplacement sur le thème de la sécurité à Montpellier (Hérault) le 19 avril. Ces derniers seront répartis sur le territoire de la façon suivante, « 18 pour la circonscription de sécurité publique de Conflans-Sainte-Honorine et 21 pour la circonscription de Mantes-la-Jolie ».
Des informations obtenues par le syndicat Alliance, ces arrivées devraient s’échelonner « d’ici à fin 2022, au plus tard pour l’ensemble », confie Julien Le Cam, son délégué départemental. Pour autant, ce dernier estime que ces 128 arrivées « n’apporteront rien de nouveau sachant qu’on perd à peu près autant par année sur le département, par le biais des départs en retraite et des mutations de Paris vers la province ». Il poursuit : « Pour considérer cela comme un vrai renfort et remettre à flos les commissariats, il faudrait d’abord remplacer les départs puis ensuite ajouter ces nouveaux postes, là, ils colmatent les brèches avec une petite rustine. »
Dans la circonscription de Conflans-Sainte-Honorine, qui s’étend jusqu’à Verneuil-sur-Seine, le maire de la capitale de la batellerie, Laurent Brosse (DVD), semble plutôt surpris de l’investissement proposé. « Après les faits qui ont endeuillé la commune (l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, Ndlr) et l’augmentation quotidienne de la délinquance et du sentiment d’insécurité, je ne peux me contenter de cette annonce, signe l’édile dans un communiqué de presse publié mardi 20 avril. Ces postes ne sont en réalité que la compensation des pertes d’effectifs depuis septembre 2020, je demande ce jour à Monsieur Darmanin, ministre de l’intérieur, de me recevoir pour mettre en application le soutien qu’il m’avait apporté le 16 octobre dernier. »
« C’est une exellente nouvelle, ça fait longtemps que le commissariat nous avait fait part du fait qu’il manquait un certain nombre de postes, 21 ça correspond à un besoin qu’il y avait », analyse pour sa part le maire Mantais, Raphaël Cognet (LR).
Parmi les trois circonscriptions que compte la vallée de Seine, celle des Mureaux ne sera donc pourvue d’aucun renfort, alors même que des plans de « reconquête républicaine » (QRR) ont été lancés dans six de ses quartiers en 2019. Là encore Julien Le Cam s’insurge : « On va vers la catastrophe, là le mouvement de mutation, il va arriver au mois de mai pour des mutations au 1er septembre, un certain nombre de fonctionnaires vont encore quitter la circonscription des Mureaux. »
Une inquiétude partagée par le maire muriautin, François Garay (DVG), qui ne comprend pas cette mise à l’écart. « Il faudrait qu’un effort soit fait aux Mureaux, actuellement, le commissariat est en sous-effectif, indique l’élu à nos confrères de 78Actu. Je souhaite qu’on nous explique pourquoi nous ne sommes pas concernés. Monsieur Darmanin et Monsieur Macron viennent régulièrement dans la commune, mais là, les décisions ne sont pas au rendez-vous. »
En ce qui concerne les arbitrages du ministère de l’intérieur, les réponses restent plutôt floues. Selon la préfecture yvelinoise, la répartition géographique des fonctionnaires « s’est faite en fonction de formules de calcul utilisées partout en France par la direction générale de la police nationale ».
Selon Julien Le Cam, ces « formules de calcul », aussi appelées « clés de répartition », se basent sur les outils statistiques de la police nationale. En clair, ces derniers permettent aux services d’identifier les besoins dans un territoire donné en fonction des faits constatés, des dépôts de plaintes reçus, des actes de délinquances et du ratio entre le nombre d’habitants et les effectifs de police déjà disponibles. Ainsi la non-attribution de nouveaux agents à la circonscription des Mureaux pourrait s’expliquer par son intégration même au plan QRR en février 2019 qui a lui permis d’obtenir, à l’époque, un certain nombre d’agents supplémentaires.
« C’est un système d’escroquerie, fustige Julien Le Cam. Ils créent quelque chose avec, au début, un petit peu de renfort, une dizaine, une quinzaine de fonctionnaires mais en fait, après, les effectifs sont noyés dans la masse de la circonscription et il n’y a aucune réelle plus-value… »