À conseil municipal exceptionnel, dispositif exceptionnel. Pour s’en rendre compte, il suffisait de se rendre, le 2 octobre, dans le parc situé à l’arrière de l’hôtel de ville. Ce jour-là, dans une ambiance festive, environ 250 personnes dont plusieurs maires de vallée de Seine étaient présentes pour assister à la retransmission en direct du conseil municipal marqué par la démission du maire, Éric Roulot (PCF), de toutes ses fonctions, et l’élection du nouvel édile. Les deux groupes d’opposition Un nouveau souffle pour Limay et Limay Demain portés respectivement par le communiste Mickaël Boutry et Cécile Dumoulin (LR), n’ont pas pris part au vote. Le scrutin s’est donc conclu par l’élection, à l’unanimité des votants, du premier adjoint, Djamel Nedjar (DVG), qui était le seul candidat en lice et dont La Gazette relatait déjà dans son édition du 14 juillet dernier qu’il était pressenti pour succéder à Éric Roulot.
« Je peux partir confiant et serein parce qu’on a un nouveau maire qui est performant, déclare, ému, Éric Roulot, à l’issue du conseil municipal. Il va le démontrer très rapidement. Pour diriger une ville comme Limay, il faut être à 150 %. Djamel est à 150 %, moi je suis à 80 % […]. J’ai entièrement confiance en lui et en son équipe pour poursuivre le projet sur lequel on a été élus. »
Durant son discours d’adieu au conseil municipal marqué par l’émotion des élus de la majorité, le désormais ancien maire a eu l’occasion de dresser un bilan depuis son arrivée à la tête de la Ville en avril 2010 après la démission de Jacques Saint-Amaux. Bien que ces années en tant qu’édile n’aient pas été « un long fleuve tranquille », Éric Roulot assure néanmoins que toutes ses actions ont été guidées de manière à mettre « l’humain au cœur de ses [priorités] ».
Or, c’est justement un sujet social qui attend d’emblée Djamel Nedjar puisque l’adoption par la majorité de la réorganisation des services de la mairie présentée en conseil municipal le 27 mai dernier ne convainc toujours pas l’opposition et les agents municipaux. Durant un débrayage organisé le 17 juin et relaté dans l’édition du 23 juin par La Gazette, ces derniers dénoncent leur fatigue et le fait de se sentir considérés uniquement comme des « pions » en raison notamment d’un changement des méthodes de management.
« Nous espérons que la période sombre durant laquelle le personnel de la collectivité a été maltraité est terminée. En effet, la santé d’une ville s’évalue aussi au travers du bien-être de ses employés », déclare, le 2 octobre, Mickaël Boutry, en précisant à Djamel Nedjar que le groupe Un nouveau souffle pour Limay restera vigilant sur ce sujet.
« Depuis l’action du 17 juin, pas grand-chose n’a changé. Il n’y a eu quasiment aucune réponse à nos revendications : fiches de postes explicatives inexistantes, manque d’EPI (équipement de protection individuelle, Ndlr) dans certains secteurs, manque de personnel ce qui occasionne des surcharges de travail, des suppressions de contrats CDD et le non-respect des agents », déplore la représentante de la CGT Territoriale, Erika Satore, lors d’une manifestation intersyndicale organisée par la CGT et Force Ouvrière (FO), le 30 septembre, devant l’hôtel de ville.
Tandis que le secrétaire du syndicat FO, Karyl de Caster, assure, lui, que son syndicat a également été alerté par les méthodes de travail employées avec notamment le fait « d’impose[r] des mutations », Erika Satore ajoute qu’une autre mobilisation est prévue au même endroit ce jeudi 7 octobre. « Plus nombreux nous serons à porter les revendications de tous les services confondus et plus nous aurons les moyens d’obtenir des avancées réelles », lance-t-elle.
Présente le 30 septembre à la manifestation intersyndicale, la conseillère municipale chargée de la défense et du développement des services publics, Muriel Dangerville, était venue écouter les revendications. « La volonté des élus, du maire, Éric comme Djamel, n’a jamais été de laisser en souffrance les agents […]. Nous, on est aussi surpris [des témoignanges des agents et syndicats], j’essaye de voir tous les sons de cloche », affirme-t-elle en précisant que la réorganisation était nécessaire parce que « l’organigramme était trop vieux ».
« C’est un manque de reconnaissance de leur investissement pour la ville de Limay !, s’exclame Cécile Dumoulin quand on l’interroge à ce sujet en marge du conseil municipal. S’il faut un moment forcément faire évoluer l’organisation parce qu’une ville doit bouger, doit s’adapter à la demande, cela doit se faire dans la concertation, dans l’accompagnement et il y a vraiment des méthodes brutales de management qui sont faites. »
Pour se faire entendre, les syndicats demandent en tout cas à rencontrer le nouveau maire. Ce dernier semble prêt à les recevoir. « De toute évidence, je vais les recevoir assez rapidement, déclare-t-il. Déjà, je veux comprendre leur souffrance, leur mal-être. J’ai toujours prôné le bien-être au travail parce que je trouve que c’est important qu’ils puissent trouver du sens et de l’utilité à ce qu’ils font. On a des missions de services publics, on ne travaille pas dans le privé, on n’a pas des actionnaires à nourrir donc, à partir de là, il faut que nous retrouvions du sens et des valeurs à ce qu’ils font. C’est important parce que c’est un beau métier d’être fonctionnaire et d’être au service de la population. »