Rénovation urbaine : vers un second souffle pour les quartiers prioritaires

C’est au total 56 millions d’euros qui vont être investis sur les prochaines années pour transformer les quatre quartiers prioritaires de la Ville. La réhabilitation du parc social et le désenclavement des quartiers sont les principaux enjeux.

C’est un vaste projet de renouvellement urbain qui doit profiter à 3 500 habitants. À Limay, les aménagements à venir dans les quatre secteurs de la Source, Champarts/la Chasse, le Village et les Hautes meunières, se font de plus en plus précis. Depuis le 16 mars, la Ville et la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) ont lancé plusieurs actions de concertation sous la forme des balades urbaines afin de présenter aux habitants le futur visage du centre-sud de la commune.

À travers les différents travaux programmés, la municipalité entend « ouvrir les quartiers sur le reste de la ville ». S’ils attendent tous avec impatience la réhabilitation de leurs logements, en déambulant entre les immeubles, les riverains pointent des manques concernant les stationnements et les équipements de loisirs. L’année qui vient de s’écouler marque un vrai tournant pour la Ville de Limay. Exclue des programmes de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) engagés depuis 2004, celle-ci est longtemps restée spectatrice des opérations lancées successivement dans les grands ensembles de Mantes-la-Jolie, les Mureaux ou Chanteloup-les-Vignes.

Et pour cause, la typologie de son parc social, 1 260 logements sociaux répartis en plusieurs petites unités dans un ensemble résidentiel, ne remplissait pas les cases cochées par ses voisines de vallée de Seine. Pour autant, les dégradations majeures identifiées dans le secteur centre-sud ont finalement fait bouger les lignes jusqu’à ce que ce dernier soit retenu au titre d’un programme d’intérêt régional en 2018.

Les contours du projet avaient ensuite été approuvés en mai 2021 par la communauté urbaine. Au total, 56 millions d’euros, répartis entre GPSEO, la commune, les bailleurs sociaux, l’Anru, la Région, le Département et l’Europe, seront investis pour la rénovation et l’amélioration thermique des logements, le réaménagement des espaces publics, la construction de logements et d’un groupe scolaire, et enfin la réhabilitation du groupe scolaire Jean Macé. Au total, 375 logements seront rénovés, 35 nouvelles maisons seront créées et 47 logements sociaux seront démolis. La Ville prévoit d’amorcer la majeure partie de ces opérations d’ici quatre ans.

Dans le quartier des Hautes meunières la phase de rénovation thermique des 117 logements situés le long de la rue Ampère est déjà terminée depuis septembre dernier.

« Pour moi, l’objectif c’est vraiment de gommer et résorber les erreurs du passé, à la fois sur les questions liées au bâti, que sur celles liées aux espaces publics, explique le maire limayen DVG Djamel Nedjar. On sait que, souvent, les cités qui n’ont pas fait l’objet de réhabilitation sont parfois restées dans leur jus et qu’elles sont très loin des espoirs et des attentes qui étaient celles de la démarche d’origine d’un quartier social, qui permettait de loger beaucoup de familles qui sont ­venues s’implanter en vallée de Seine. »

L’édile poursuit : « Sur les espaces extérieurs, il y a effectivement un certain nombre d’usages qui se sont établis au fil des années, des erreurs parfois qui ont été faites au niveau de ­l’aménagement. Aujourd’hui l’idée, c’est de rouvrir ces quartiers de telle sorte qu’ils deviennent des quartiers ouverts sur la ville. Pour nous c’est un sujet important que de permettre que la puissance publique investisse massivement pour que chaque habitant puisse être fier de son quartier. »

Le 16 mars, GPSEO organisait conjointement avec la Ville et le bailleur Logirep, la première de ses trois balades urbaines. Elle était consacrée au quartier des Hautes meunières, secteur le plus avancé, puisque la phase de rénovation thermique des 117 logements situés le long de la rue Ampère est déjà terminée depuis septembre dernier. « Les pièces humides, salles de bain, cuisines, toilettes, ont été refaites et les façades extérieures, explique Marion Poulplot, responsable de programmes renouvellement urbain pour Logirep. L’idée maintenant, c’est de travailler sur l’aménagement des espaces extérieurs avec notamment toute une question sur l’accessibilité aux halls d’immeubles. »

Pour autant, certains habitants concernés par ces premiers travaux ne semblent pas pleinement convaincus. « C’est de la rénovation, mais c’est à moitié fait, déplore Gérard, le président de l’amicale des locataires de la résidence des Hautes meunières. La peinture ça laisse franchement à désirer, les radiateurs ont été installés n’importe ­comment au dernier moment. »

Le secteur est également concerné par un enjeu de désenclavement puisqu’il devra être rattaché au futur groupe scolaire qui doit voir le jour à seulement quelques mètres au niveau de Limay-plage. Pour cela, il est prévu la démolition de 35 logements pour ouvrir l’îlot et prolonger la rue Jean Zay à la place des deux bâtiments détruits. « L’un de ces deux bâtiments a été identifié comme le plus problématique en terme d’habitabilité, il est assez mal situé par rapport à la route et ne s’intégrerait pas avec les aménagements qui sont prévus », justifie Nadine Lebeau l’architecte qui travaille sur le projet. D’après Logirep, huit ménages doivent encore être relogés avant le début des travaux de démolitions prévu en fin d’année 2022.

Le maire Djamel Nedjar (DVG) questionne les jeunes du quartier sur leurs envies et besoins en terme d’équipements.

Les thématiques sont globalement les mêmes dans le quartier du Village, lieu de la troisième balade urbaine. Après la démolition de 12 logements au sein de la résidence d’Emmaüs Habitat, la rénovation des 96 appartements restants va pouvoir s’engager « d’ici le mois d’avril », indique le bailleur. Ces derniers sont particulièrement attendus à en croire la quarantaine de personnes présentes en bas des immeubles ce samedi 26 mars.

Certains ont tout de même déploré un manque d’information de la part du bailleur et s’inquiètent du bon aboutissement du projet. « C’est des travaux qu’on attend depuis 2004, ils sont très importants à nos yeux parce que parmi les logements il y a des passoires, s’impatiente la présidente de l’amicale des locataires du quartier Fatima Lachhab. Il ne faut pas lâcher prise, on voit que ça a commencé, mais on se pose des questions sur ce qui va être fait, on sait que c’est des belles enveloppes normalement, mais bon, on attend de voir. » Une nouvelle voirie traversante sera créée par GPSEO et l’aménageur public Citallios pour permettre de raccrocher le quartier à l’allée des Coutures et la rue des Coutures.

« L’idée principale est de recréer des espaces de stationnements et de revoir le sens de circulation au sein du quartier », explique Amadou Sankharé pour le compte de la communauté urbaine tandis que certains parents s’inquiètent de la densification de circulation près des aires de jeux pour enfants. « Le problème de ce quartier, c’est qu’il a été pensé comme un quartier complétement enclavé, comme une poche, où même les forces de l’ordre ne peuvent pas rentrer », observe Djamel Nedjar en précisant que les travaux de voiries devraient débuter cette année.

Quelques instants plus tard, l’édile interrompt la balade pour aller à la rencontre des jeunes en plein match de football sur le city-stade du quartier. Il les questionne sur leurs envies et besoins en terme d’équipements. « Un local pour l’hiver, pour pouvoir se poser », lance l’un d’entre eux en expliquant qu’ils s’abritent en général dans les halls d’immeubles pour échapper au froid.

Dans le quartier Champarts/la Chasse, où 237 logements sociaux doivent être requalifiés d’ici 2024, la problématique du stationnement est centrale. « Sur le secteur la Chasse, le bailleur (Logirep, Ndlr) n’avait pas prévu de place de stationnement et donc les locataires garent leurs voitures dans la périphérie du quartier et donc viennent saturer l’espace public », décrypte le maire limayen le 19 mars. « Quand je rentre du travail ça m’arrive de tourner pendant une demi-heure pour trouver une place, à la fin j’abandonne et je me gare [sur des stationnements non-autorisés] comme tout le monde », se fâche de son côté l’une des résidentes en interpellant le maire sur les amendes reçues par certains habitants pour stationnement gênant. Des ateliers thématiques avec les riverains se tiendront jusqu’au mois de juin pour évoquer la réorganisation du stationnement et le réaménagement des espaces publics du quartier Champarts/la Chasse.