« Priorité à l’éducation » : le message de Gabriel Attal en visite au collège Saint Exupéry

Accompagné par la ministre de l’Éducation nationale de la Jeunesse et des Sports Amélie Oudéa-Castera, le Premier Ministre Gabriel Attal a visité le collège Saint-Exupéry d’Andresy le 12 janvier. Si le but était de rassurer les équipes enseignantes, il est toutefois reparti avec une polémique.

Pour sa troisième sortie officielle en tant que Premier Ministre – mais la première avec son équipe gouvernementale dévoilée – Gabriel Attal s’est rendu au collège Saint-Exupéry d’Andresy le 12 janvier. C’était une nécessité tant la nomination d’Amélie Oudéa-Castera dans un super ministère regroupant le Sport, les JO et l’Éducation a fait couler beaucoup d’encre.

La veille, les syndicats des enseignants se sont offusqués de devenir encore plus des laissés-pour-compte, tandis que le monde sportif a formulé exactement les mêmes accusations. « L’école sera une priorité absolue du gouvernement, scande l’ancien élève de l’école alsacienne lors des micros-tendus, j’ai confiance dans son avenir car nous avons une feuille de route claire, le choc des savoirs. » Et le hasard faisant bien les choses, le Premier Ministre déboule dans un établissement où ses recommandations pour la rentrée 2024 existent déjà.

Le collège Saint-Exupéry d'Andresy répond à plusieurs critères cher au Premier Ministre

Une heure de soutien ou d’approfondissement en français et en mathématiques pour les 6èmes et les 5èmes a été mise en place. Ils sont répartis en groupes de niveaux avec deux sessions dans l’année. « Ces groupes ne sont pas figés, tempère Sylvie Tacita, la cheffe d’établissement adjointe, les élèves peuvent commencer « en soutien » et finir « en approfondissement » ». Mais ce qui ravi surtout les professeurs, c’est de n’avoir qu’une dizaine d’élèves maximum pendant cette heure d’étude : « Nous pouvons traiter les difficultés générales et personnelles car chaque élève est différent. »

Un établissement qui coche toutes les cases

À cela s’ajoute le dispositif « Devoirs faits », présent depuis 2017. Ce temps dédié en dehors des heures de classe permet de faire bénéficier les collégiens d’une aide appropriée pour qu’ils puissent rentrer chez eux et profiter du reste de leur soirée comme ils le souhaitent. Bien que facultatif au-delà de la 6ème, 200 élèves y participent, soit un quart de l’établissement. « J’ai plus confiance en moi maintenant » avoue une élève d’une voix basse, visiblement impressionnée par la venue du chef du ­Gouvernement.

L’autre cheval de bataille de Gabriel Attal, le harcèlement, n’est également pas pris à la légère. Le proviseur Charles Ramdou se veut même rassurant sur le programme pHARe bien en place au sein de son établissement. De plus, en concertation avec les enseignants, ils ont ajouté des cours d’empathie. L’ex-ministre de l’Éducation salue alors l’initiative et dévoile les résultats du questionnaire sur le harcèlement distribué au début de l’année scolaire : « Au collège, nous savions que c’était présent, mais nous avons constaté une explosion des cas dès le primaire. »

Le harcèlement scolaire fut une thématique essentielle lorsque Gabriel Attal était ministre de l'Education

Gabriel Attal, à l’aise, s’autorise alors un bain de foule dans la cour de récréation après ce moment d’échange avec l’équipe pédagogique. « La journée s’est bien passée ? » demande-t-il mégaphone à la main. « Oui ! » hurlent les élèves tous en cœur. Un moment suspendu qui prendra fin quelques minutes plus tard. Lyes Ramdani, journaliste pour Mediapart, questionne Amélie Oudéa-Castera sur ses enfants inscrits à l’école privée Stanislas dont des rapports font état de dérives homophobes, sexistes ainsi que des prises de position anti-IVG. En se justifiant plus sur la forme que sur le fond – « avec son père, nous avons vu un paquet d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées », propos dont la véracité est remise en cause – elle repart avec une polémique sous le bras et l’impression que le chef du Gouvernement restera le chef de l’Education.

Une grève en cadeau de bienvenue

Une polémique bien lourde de conséquences. Après ses propos, Amélie Oudéa-Castera a provoqué l’ire de toutes les organisations syndicales du corps enseignant. Alors qu’une grève avait été annoncée début janvier pour le 1er février, les syndicats la rappellent depuis vendredi. Le SNUEP-FSU appelle à se mettre « toutes et tous en grève pour réclamer du respect, des moyens, un salaire digne et la suppression de la réforme Grandjean ! » ainsi que dénoncer une « première salve contre l’école publique ». La ministre imaginait sûrement un meilleur pot d’arrivée dans ses nouvelles fonctions.