Dans le salon « piano » de la Préfecture, le nouveau préfet des Yvelines déroule sa première partition devant les médias. Une semaine après le départ de Jean-Jacques Brot, son aura étant encore présente, Frédéric Rose rappelle la relation qu’il a entretenu avec un homme qu’il admire. L’ancien conseiller sécurité d’Emmanuel Macron connaît bien l’ancien maître des lieux. Il était son directeur de cabinet à la préfecture de Vendée en 2010, où tous les deux ont dû affronter la tempête Xynthia. Puis les deux hommes se sont retrouvés une année plus tard dans les mêmes rôles, un peu plus à l’ouest, dans le Finistère. La passation de pouvoir à Versailles a donc permis de boucler la boucle.
Même si sa prise de fonction date du 4 mars, le haut fonctionnaire fait comprendre qu’il a bien cerné l’importance politique de son nouveau terrain de jeu dont proviennent 3 ministres, la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat. Frédéric Rose se dit également conscient des enjeux économiques ainsi que des faiblesses yvelinoises. « Je veux être le préfet de l’ensemble des Yvelines » martèle-t-il deux fois de suite. Des paroles accompagnées d’actes puisqu’après des visites à Orphain, les Mureaux, Rambouillet et Mantes-la-Jolie, il est allé à la rencontre des agriculteurs lundi. Ainsi, le nouveau Préfet souhaite retravailler la proximité avec les élus – à l’heure où Pierre Bédier, le président du Département, demande aux communes de voter des motions afin d’interpeller l’Etat pour une réforme sur les fiscalités locales – et aussi avec la population.
Tous les séparatismes dans le même sac
Le CV du magistrat de formation, estampillé « séparatisme et valeur de la république » avec ses multiples expériences auprès de Gérard Collomb, Gérald Darmanin et Laurent Nunes, se sait attendu sur cette thématique. « Mon seul cadre c’est la loi » prévient-il. Semaine sainte ou Ramadan, les forces de l’Ordre seront mobilisées pour protéger les édifices religieux : « Religieusement, nous vivons une véritable période de tension et certains cultes sont stigmatisés. » Il surveille également la montée des courants d’extrême droite. « C’est un point de focalisation nationale, explique le nouveau Préfet. Nous punirons ceux qui par d’autre biais essayent de contourner la République et portent un discours de haine. »
Dans des terres marquées par le terrorisme, Frédéric Rose confie son lien « presque charnel » avec les victimes des attaques. Il fut présent à des cérémonies nationales comme celle de Stéphanie Monfermé, la fonctionnaire de police assassinée sur son lieu de travail en 2021. D’ailleurs, il lui a rendu une nouvelle fois hommage cette semaine – comme au couple Salvaing – et se déplacera prochainement dans le collège où enseignait Samuel Paty.
Le sujet majeur reste bien évidemment les JO. Avec 16 journées d’épreuves, les Yvelines seront le troisième département à en recevoir le plus, après Paris et la Seine-Saint-Denis. Avec un point chaque matin à 8 h, l’ancien conseiller sécurité du président veut rendre l’événement festif et inclusif : « Des fans zones sont déjà prévues et d’autres projets devraient se greffer. Il y a des financements et des budgets. » Et même s’il admet ne pas avoir encore « une connaissance fine », Frédéric Rose s’appuie sur son expérience de l’Euro 2016 – lorsqu’il était directeur de cabinet du préfet de la région Midi-Pyrénées – et ses multiples réunions depuis 3 ans et demi avec le ministre de l’Intérieur et le chef de l’État dans le cadre de l’organisation des Jeux Olympiques.
Enfin, parmi ses priorités se trouve la sécurité, avec comme objectif de mettre à mal le trafic de stupéfiants. Un plan « anti-stup » est en train d’être monté avec la police et la gendarmerie nationale afin de s’attaquer aux dealers présents en bas des immeubles jusqu’aux consommateurs.