« Faire le tri », « avenir détruit », profs et parents ensemble contre le choc des savoirs

Le 19 mars, huit syndicats appelaient à la grève nationale dans le secteur de l’éducation. À Conflans-Sainte-Honorine, les enseignants des trois collèges de la commune ont répondu à l’appel en manifestant devant l’établissement du Bois d’Aulne, Rejoints par les parents, tous étaient unis contre le « choc des savoirs ».

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L’union sacrée. L’appel à la grève de huit syndicats de fonctionnaires le 19 mars a poussé les trois collèges de Conflans-Sainte-Honorine à manifester devant l’établissement du Bois d’Aulne. Les équipes éducatives étaient en plus accompagnées de toutes les associations de parents d’élèves présentes sur la commune (FCPE, PEEP et ALPEC). Tracts à la main, ils expliquent aux passants les tenants et les aboutissants du « choc des savoirs » qui sera mis en place dès la rentrée prochaine. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est que les groupes de niveau font déjà l’unanimité contre eux.

Le choc des savoirs fait déjà l’unanimité contre lui. Crédit Photo : PEEP Conflans

« Ils stigmatisent et provoquent dès l’école des inégalités sociales, s’offusque un professeur d’anglais, une fois mis dans un groupe dit « faible », cela sera impossible d’en sortir. » Cécile Ribet-Retel, présidente de la PEEP de Conflans-Sainte-Honorine, reste pantoise devant la réforme portée par Gabriel Attal : « Normalement, le principe de l’école publique est de créer de la mixité. » À leurs côtés se trouve Corinne, maman d’un élève du collège du Bois d’Aulne, qui n’en pense pas moins : « Il n’y aura plus que de l’entre-soi. » Tous rappellent les études démontrant que l’instauration de tels groupes reste vaine : « Cela ne fonctionne que sur un laps de temps très faible et en petit groupe. Or, ils seront parqués 1/3 du temps scolaire. ». Par ailleurs, des doutes persistent sur la composition de ces groupes. Présence ou pas d’enfants avec un syndrome « dys » – et si oui, avec quels AESH ? – d’élèves avec des problèmes de comportement… De plus, l’impact sur les autres matières fait craindre le pire.

« Du déterminisme social dès l’âge de 12 ans »

Afin de scinder les classes en français et en mathématiques, il sera désormais très compliqué d’en faire de même pour les cours de langues vivantes ou de biologie, notamment à cause d’une dotation horaire inchangée ou en baisse. « Comment vais-je faire pour les expériences au microscope ? » explique un professeur de SVT qui s’interroge aussi sur la confection des emplois du temps : « Cela sera un véritable casse-tête pour les proviseurs de trouver tous les enseignants disponibles aux mêmes horaires. »

Coiffés de bonnets d’ânes et de leurs pancartes, les équipes éducatives se questionnent sur les répercutions lorsque le dispositif sera généralisé à tout le collège. « Comment le brevet sera construit avec ces écarts de niveau ? » demande une professeure de français. « Ils sont en train de créer du déterminisme social dès l’âge de 12 ans » s’emporte Corinne.

Plus de moyens, plus de professeurs, plus de personnel encadrant, les revendications sont constantes depuis plusieurs mois voire années. Cécile Ribet-Retel s’étonne même de voir l’arrivée de l’uniforme – censé briser les barrières sociales – coïncider avec l’instauration des groupes de ­niveau.

Les enseignants des trois collèges de Conflans-Sainte-Honorine s’étaient réunis pour manifester contre le choc des savoirs.