Même sans épreuve, le territoire veut vibrer pour les JO

À moins de 100 jours des Jeux Olympiques et paralympiques, les collectivités organisent de plus en plus d’événements afin que l’engouement autour de l’événement quadriennal imprègne chaque foyer. À défaut d’avoir des épreuves organisées sur le territoire…

100 ans plus tard, les Jeux Olympiques sont de retour dans l’Hexagone, et le 26 juillet, nous aurons le droit à une cérémonie d’ouverture dont la seule information sûre est qu’il faudra un QR Code pour y assister. En dehors de cela, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) a disséminé des épreuves partout sur le territoire et les Yvelines ne sont pas en reste puisqu’avec 16 jours d’épreuves, elles sont le troisième département à en recevoir le plus après Paris et la Seine-Saint-Denis.

Toutefois, premier revers pour la Vallée de Seine : aucune épreuve se déroulera dans notre contrée. Pour y assister, il faudra aller à Versailles ou dans l’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines. Cependant, quelques athlètes fouleront les terres de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise. Les triathlètes de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande, des Bermudes et de la Suisse poseront leurs valises à Poissy et pourront utiliser les installations de la ville pour se préparer à la compétition, parmi lesquelles le stade Léo-Lagrange et la piscine de Migneaux.

De plus, nous pouvons également nous enorgueillir du passage du relais de la flamme. Le 23 juillet, Mantes-la-Ville, Poissy et les Mureaux verront la flamme olympique portée par l’un de leurs habitants ou un des représentants du département. Afin de s’assurer d’une ambiance au beau fixe et que l’air des JOP imprègnent bien la Vallée de Seine, de nombreuses Villes organisent des événements autour de l’événement quadriennal. Par exemple, la semaine dernière se sont tenues les olympiades des cités éducatives dans la commune muriautine. Le parc du Sautour et le COSEC Pablo Neruda ont vu débarquer une vingtaine de classes issues du 1er et du 2nd degré, lesquelles ont pu alors se familiariser avec une trentaine d’épreuves qui auront lieu cet été. Par exemple, Mantes-la-Ville a envoyé dix jeunes âgés de 18 à 25 ans à Olympie le 11 avril.

Des événements partout sur le territoire

Ceux-ci auront la chance d’assister à la cérémonie d’allumage de la flamme olympique qui se tiendra cinq jours plus tard. Un voyage placé sous le signe de la culture puisqu’ils resteront en Grèce jusqu’au 18 avril, ce qui leur permettra d’en apprendre plus sur l’origine des Jeux Olympiques et de visiter les monuments associés à Athènes et Olympie. « Ce voyage s’inscrit dans la continuité des actions menées depuis le début de l’année autour des Jeux Olympiques. Elles promeuvent le sport, les valeurs d’excellence et d’entraide », souligne le maire Sami Damergy dans un communiqué. En parallèle de cela, la communauté urbaine a organisé un événement : le village GPS’Olympique, en vadrouille depuis le 8 avril.

Étalé sur 4 mois, le village GPS’Olympique va permettre à environ 8 000 enfants de faire du sport.

« Il a été construit principalement sur l’athlétisme et le handisport, explique Jean-Philippe Guillot, président du GPSEO Athlétisme, au minimum 8 000 jeunes découvriront ces sports donc c’est une superbe opportunité. » Par ailleurs, l’objectif est aussi d’inciter les jeunes à la pratique sportive. 35 dates sont au programme, disséminées entre les vacances d’avril jusqu’à fin juillet. Les lieux d’accueil s’adapteront suivant les villes : « Nous pouvons être aussi bien au niveau d’un stade que sur la place du village ou un marché comme à Breuil-Bois-Robert. Il faut que cela soit une belle fête pour tout le monde. »

Les enfants d’au moins 6 ans peuvent donc se familiariser avec le triple saut, le saut en longueur ou le lancer de poids. « Ce qui fonctionne le mieux, c’est la course, sourit Jean-Philippe Guillot, avec le radar qui indique leur vitesse, ils veulent tous se mesurer à cela. » D’autres pratiques peuvent être incorporées comme le laser run. C’était le cas à Jambville lundi dernier car il y avait plus d’adolescents. « C’est bien de faire découvrir d’autres sports » s’enthousiasme Marie et Nathalie, deux Conflanaises venues exprès à Mantes-la-Jolie le 11 avril et dont les enfants exercent ou ont exercé le rugby, le foot et le judo.

Si les parents sont contents de voir leurs progénitures se défouler, ceux-ci ne cachent pas non plus leur joie. Il n’y a qu’à voir comment ils quittent le village GSP’Olympique avec le sourire jusqu’aux oreilles, arborant fièrement leurs casquettes et leurs médailles. « Ils sont super heureux ! Cela permet à certains d’avoir une belle offre sportive alors que leur ville ne dispose pas forcément d’assez d’infrastructures » explique Jean-Philippe Guillot.

Une exposition sur les valeurs de l’olympisme est intégrée dans le parcours des différentes pratiques sportives.

L’essort du handisport

Élément marquant sur le village, le focus sur les épreuves paralympiques. « Si on ne le fait pas maintenant on ne le fera jamais » assène le président du GPSEO Athlétisme. Lui-même voit une véritable prise de conscience et aimerait également en proposer plus dans l’autre section sportive qu’il dirige, le Meulan Vexin Seine Athlétisme : « Cela demande d’avoir des formations au niveau des éducateurs spécialisés. Chez nous, ce sera le laser run car l’activité running peut se faire au niveau de la piste et en fauteuil. » Les deux mamans conflanaises sont ravies du changement de mentalité. « Ils ont vécu des choses terribles et se sont relevés de cela » déclare l’une, « ce sont des belles valeurs » ajoute l’autre.

Ces valeurs, celles de l’olympisme, sont bien présentes sur le village GPS’Olympique. Intégrée dans le parcours des différentes pratiques sportives, une exposition sur les précédentes éditions des JOP rappelle les évolutions des mentalités ainsi que les petites histoires contenues dans la grande. De l’édition de 1904 à Saint Louis – lors de laquelle des Africains sont arrachés de leurs villages dans le seul but de les mesurer face à des « hommes blancs » – en passant par Judy Guinness qui avoue sa défaite en escrime en 1932, les enfants découvrent des ­symboles forts.

Un manque d’engouement multifactoriel

Toutefois, l’explication de l’absence d’engouement chez les adultes est multifactorielle. Alors que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera avait promis « deux tout petits mois », les étudiants du CROUS commencent déjà à être éjectés presque manu militari, en pleine période d’examens. À cela s’ajoutent les maladresses de Valérie Pécresse, la présidente de la Région ainsi que d’Ile-de-France Mobilités : pour la période du 20 juillet au 8 septembre 2024, celle-ci a décrété des augmentations sur les tickets de métro – passant de 2,10 euros à 4 euros – ainsi qu’un forfait « Paris 2024 » à 16 euros par jour. De plus, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle 2022 conseille désormais de sortir une station plus tôt afin d’éviter la cohue estivale. « On nous conseille aussi de partir en vacances, moi malheureusement je ne peux pas le faire et quand j’entends qu’il faut privilégier le télétravail, je sens que cela va être compliqué… » s’inquiète Nathalie.

Enfin, la grande fête populaire promise par les organisateurs depuis l’attribution de ces JOP a pris du plomb dans l’aile à cause des prix des billets presque prohibitifs dans certains sports. Et cela explique pourquoi d’après un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche, pourquoi 53 % des Français restent sceptiques sur la bonne tenue des Jeux ­olympiques de Paris l’été prochain.