Parachuté puis adopté : qui peut faire tomber Benjamin Lucas ?

Arrivé sur la pointe des pieds dans le Mantois il y a deux ans, l’ancien conseiller régional des Hauts-de-France a su se faire accepter par les forces politiques de gauche du territoire lors de son mandat. Face à lui, il retrouve notamment Stéphan Champagne et Cyril Nauth, deux têtes bien connues des Yvelinois, et Alexis Costa, un petit nouveau investi par la majorité présidentielle.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Le jeudi 13 juin, seulement quelques jours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, l’ex-député et désormais candidat Benjamin Lucas est bien entouré, au sein de la salle Christiane Faure de Limay. Le maire local Djamel Nedjar, ceux de Magnanville et d’Issou Michel Lebouc et Lionel Giraud, et surtout la sénatrice des Yvelines Ghislaine Senée sont venus lui apporter leur soutien pour cette campagne pas comme les autres, à l’orée de « l’élection la plus importante depuis la Libération », comme il le clame lui-même.

Ce n’était pourtant pas gagné. L’Amiénois de naissance débarquait dans le Mantois en 2022, pour briguer une circonscription alors détenue par Les Républicains et Michel Vialay depuis 2017. Mais l’élan de la NUPES lui profitera, et lui permettra de siéger pour la première fois à l’Assemblée nationale. 10 000 amendements, 9 propositions de loi et 914 discours dans l’hémicycle plus tard, le revoilà en campagne avec une légitimité qu’il n’avait pas forcément lors du précédent scrutin. Au point que « même certains maires de droite nous l’envient », glisse Ghislaine Senée avec malice.

Un concurrent parachuté qui assume

« L’hypothèse d’un gouvernement d’extrême droite n’a jamais été aussi crédible, lance le candidat à une salle Christiane Faure bien garnie. On porte cette responsabilité historique sur nos épaules, car plus personne ne fait barrage à l’extrême droite à part nous. On ne gagnera pas seulement pour nous mêmes, mais surtout pour ces millions de français qui ont la trouille au ventre de voir Marine Le Pen et Bardella au pouvoir ». Il faut dire que Benjamin Lucas sait de quoi il parle : à l’âge de 11 ans, il manifestait déjà contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection ­présidentielle de 2002.

Pour tenter de lui ravir son siège, la majorité présidentielle a fait un choix osé : celui d’Alexis Costa, jeune Toulousain de 27 ans issu du monde associatif. Et qui, d’entrée, joue franc-jeu, entre deux étals du marché du Vieux Pilori à Mantes-la-Jolie :« j’ai été parachuté, je l’assume ». Chargé de projet RSE à l’Institut Pasteur, il a également consacré sa jeune carrière à combattre l’abstention, en co-créant l’application Elyze lors des élections présidentielles de 2022. « Pour moi, c’était une suite logique de s’engager, surtout vu le contexte qui est assez inédit et très tendu », explique le candidat, qui peut compter sur la connaissance du terrain de sa suppléante, Zakia Smail, 4ème adjointe à Buchelay.

La popularité du député sortant, Alexis Costa n’en a que faire. « Paraît-il que c’est un des 9 députés les plus actifs à l’Assemblée. Mais combien a-t-il déposé d’amendements qui vont en faveur de ses électeurs ? s’interroge-t-il. On se posait la question d’où était sa permanence. Et bien, il n’y en a pas ». Elle est pourtant bien présente, rue de la République à Mantes-la-Jolie.

« Les députés doivent être présents sur le ­terrain »

Le candidat macroniste l’assure : il veut être « le représentant des Yvelinoises et Yvelinois ». Sur le projet de prison de Magnanville par exemple, « complètement inadmissible » selon lui. Et s’il assure être conscient du « danger » que représenterait l’élection du candidat RN Cyril Nauth, il se refuse à donner de consigne de vote en cas d’affrontement entre le Nouveau Front Populaire et l’extrême droite au second tour. « On voit qu’il y a deux blocs des extrêmes, que ce soit à droite ou à gauche. Je pars du principe que nous sommes l’alternative à ces blocs là ».

L’autre alternative est portée par un visage bien connu des habitants du territoire. Maire de Saint-Martin-la-Garenne et vice-président de la communauté urbaine GPSEO, Stéphan Champagne s’est lancé dans la bataille avec le soutien d’Ensemble Pour les Yvelines, groupe majoritaire du conseil départemental et de Génération Terrain, mouvement lancé par Karl Olive, ancien maire de Poissy, et Arnaud Péricard, édile de Saint-Germain-en-Laye.

Son atout ? Un ancrage local qui le distingue des autres candidats sur la circonscription. « On a vu ces dernières années qu’on a une majorité de députés qui n’ont jamais eu de mandats locaux, et qui ont décidé des lois enfermés dans une chambre à Paris, observe-t-il. Les députés doivent être présents sur le ­terrain ».

Lors de ses réunions publiques organisées lors de la première semaine de campagne, il a pu compter sur des soutiens de poids au niveau local, du président du Département Pierre Bédier à l’ancien député Michel Vialay, jusqu’aux maires de Follainville et Jambville que sont Sébastien Lavancier et Marie Rippart. Suffisant pour accéder à l’hémicycle ? En tout cas, Stéphan Campagne « compte bien être présent au second tour ».