Alors qu’il vient tout juste de faire sa rentrée en CE1 à l’école Camille Claudel, le petit Ahmed (le prénom a été changé) vit déjà un moment douloureux. Le vendredi, celui-ci est pris à partie par neuf de ses camarades lors de la pause du midi, qui le rouent de coup. Lorsque Sarah (le prénom a été changé) récupère son fils à la fin des cours, elle file aux urgences avec son enfant sous le bras. Le médecin l’ausculte et constate plusieurs traces de contusions et surtout une entorse à la cheville. Sarah alerte aussi le maire SE de la commune, Cédric Aoun, qui se dit « être choqué et s’engage à faire ce qu’il faut ».
D’après une source proche du dossier, l’édile, son adjointe aux affaires scolaires et périscolaires Françoise Poirrier et Géraldine Pécoud, directrice de l’Éducation, auraient fait pression sur les parents lors d’une réunion afin d’étouffer l’affaire. Des phrases comme « Vous n’avez pas honte d’aller à l’école ? », « Ce n’est pas la peine de faire du buzz » et « Il faut penser aux autres enfants (ceux qui auraient agressé Ahmed, Ndlr) qui font des cauchemars » auraient été alors prononcées, faisant culpabiliser la mère d’Ahmed. Par ailleurs, le nom de l’enfant d’un membre de l’opposition aurait été soufflé à Sarah dans le but de savoir s’il faisait partie de cette bagarre, pour ensuite jeter l’opprobre sur son père le cas échéant. Des accusations que la Mairie jugent calomnieuses.
Deux versions s’opposent
Mécontent d’un article mis en ligne sur le site du Parisien le 10 septembre, l’équipe municipale aurait rédigé un démenti dans lequel elle indique que ce serait Ahmed l’instigateur de la bagarre : « Après avoir entendu l’ensemble des élèves concernés ainsi que le personnel encadrant, il apparaît que l’incident a débuté par une provocation verbale suivie d’un coup porté dans le dos par Ahmed à l’encontre d’Arthur (prénom modifié). Elle indique également que l’incident a rapidement pris fin grâce à l’intervention de l’animatrice. » La Ville a également proposé aux parents du petit Ahmed ainsi qu’à ceux d’Arthur une médiation pour résoudre cette « querelle entre enfants de 8 à 9 ans ».
Si le déroulé des faits doit donc être encore vérifié, un autre est en revanche certain : il n’y avait que trois animateurs au lieu des six recommandés le vendredi de l’agression. En effet, théoriquement la Caisse d’allocations familiales impose un adulte pour 14 enfants quand ils sont âgés en dessous de 6 ans, un pour 18 quand ils sont au-dessus, et cela pour l’accueil du matin et du soir. Lors du temps périscolaire, la Ville doit « veiller à la sécurité », sans précision sur le nombre d’agents minimal requis. « Le problème c’est qu’il y en a beaucoup en arrêt, s’alarme une source anonyme. La Mairie épuise le personnel déjà en place ».
L’Éducation, une promesse de campagne
Parmi les causes de burn-out, cette source évoque notamment des changements d’établissement réguliers pour les surveillants, « qui empêchent la cohésion d’équipe et le développement des liens avec les enfants » ainsi « qu’un turn-over important ». « Leurs emplois du temps sont aussi problématiques, évoque une autre source, avec de nombreux trous entre le matin et le soir. » Suite à l’incident à l’école Camille Claudel, l’inspection du travail serait passée la semaine dernière et prévoirait plusieurs venues dans la commune yvelinoise…
Toutefois, ces deux personnes tempèrent. Le recrutement des agents municipaux reste une problématique nationale, « cependant, le maire peut aussi prendre des décisions politiques fortes, comme il l’avait promis dans sa campagne de 2020 ». Parmi elles, la rénovation des écoles. « Au début de l’année un dégât des eaux est survenu aux Hublins, raconte une de nos sources. Cela a mis 7 mois à être réglé… ». Quant à l’école élémentaire Jules Verne, les préfabriqués datent d’une trentaine d’années.
Du côté de la Mairie, on se défend de tout manquement : « Depuis 2020, le budget de la Ville est le plus important jamais alloué depuis plus de 10 ans, nous avons inauguré trois extensions dans les écoles, végétalisé 3 cours et veillé à l’encadrement et le bien-être de nos enfants. » Ce à quoi nos sources rétorquent : « Deux de ces extensions étaient prévues lors de la précédente mandature. Concernant la végétalisation des cours, il y a une énorme différence entre celle de René Pion – réalisée par d’anciens membres de la majorité – et celles des Hublins et des Châtelaines… »