Pendant plusieurs décennies, les bateliers se rendaient à Conflans-Sainte-Honorine pour signer leur contrat d’affrètement. Souvent, c’était sur un coin de table, à la terrasse d’un café. Les pots-de-vin étaient réguliers et les moins fortunés rejoignaient les laissés-pour-compte. Des grèves eurent même lieu en 1936 pour dénoncer l’ordre établi, ce qui poussa l’Office National de la Navigation à construire des bâtiments afin de régulariser les échanges. La Bourse était un de ceux-là. Réalisé en 1959, l’édifice ouvrit ses portes en 1964 et fut utilisé en tant que tel jusqu’en 2000, la libéralisation du transport fluvial artisanal de marchandises le rendant obsolète.
Voies Navigables de France (VNF) voulait redonner son cachet à ce lieu incontournable et a donc déboursé 4 millions d’euros afin de le remettre en état. Ils ont été aidés par la Fondation du Patrimoine – en étant un de leur projet lauréat de la mission du patrimoine en 2020 – à hauteur de 292 000 euros ainsi que par la Région (100 000 euros). L’instance dirigée par Valérie Pécresse l’avait également labellisé Patrimoine d’intérêt régional dans le but d’éviter sa destruction.
Les travaux ont débuté en 2021 et le parti pris architectural a été de remettre en état les façades extérieures et surtout de conserver le style du bâtiment d’origine. Cela se remarque notamment à l’intérieur du bâtiment où les poutres qui accueillaient la grande salle de la bourse sont toujours visibles. Trois ans plus tard, VNF organisait le 22 novembre son inauguration.
« On a franchi un siècle en emménageant ici » s’exclame Vianney Bœuf, le chef de l’unité territoriale d’itinéraire (UTI) Boucle de Seine. Ce service gère la Seine de Paris jusqu’à Rouen, ce qui comprend 7 barrages/écluses. Auparavant à Bougival, les voici plus proches de l’eau. Un autre projet d’envergure attend dorénavant la Bourse : la mise en place d’un poste de commandes centralisées (PCC) pour 2026-2027. Celui-ci permettra de piloter une dizaine de sites (écluses et barrages). « Actuellement il y a 7 personnes sur site, explique le chef de l’UTI Boucle de Seine, avec ce PCC, les bateaux pourront naviguer 24 h/24, 7 jours sur 7 entre l’Oise et la Seine Amont. » VNF répond ainsi à deux injonctions étatiques : celle de l’amélioration de la performance au détriment des travailleurs et de favoriser le report modal des routes sur les fleuves.