
Il aura fallu attendre que les dernières braises s’éteignent pour qu’INOE passe à l’offensive. C’est via un communiqué de presse que la société, spécialisée dans la revalorisation de bois de récupération et de déchets d’élagage, a annoncé avoir porté plainte contre X pour « suspicion d’incendie criminel », le mardi 1er avril dernier.
Elle assure en effet « qu’une intrusion de deux individus a été constatée sur le site ce vendredi 28 mars à 4 h 45 », et ce « quelques heures avant que les opérateurs du site ne donnent l’alerte de l’incendie en arrivant au travail à 8 h ». L’hypothèse criminelle serait également appuyée par « les observations sur le départ de feu en compagnie des pompiers », le rapport étant encore en attente.
Pour rappel, le feu a démarré dans un tas de bois destiné au broyage et a mobilisé les pompiers pendant plus de trois jours en raison de la combustion lente et en profondeur des matériaux. Les opérations d’extinction ont nécessité un dispositif hydraulique depuis la Seine pour contenir les fumées, et empêcher la propagation à d’autres stocks. Les pompiers ont finalement maîtrisé l’incendie le lundi 31 mars dans la soirée.
L’incident a provoqué un vif émoi et de nombreuses réactions, que cela soit chez les habitants comme chez les politiques locaux, à commencer par le maire de Vernouillet Pascal Collado, qui a pris un arrêté de fermeture du site à compter du 31 mars dernier. « Il est nécessaire que le rapport d’incident et qu’un audit complet des installations techniques soient réalisés pour identifier les causes et les conséquences de l’incendie, en lien avec les services compétents », a-t-il déclaré. Son voisin triellois Cédric Aoun s’est lui aussi montré particulièrement vindicatif sur ses réseaux sociaux. « Suite aux nuisances olfactives persistantes que nous subissons depuis trop longtemps, j’ai décidé de porter plainte au nom de notre ville contre la société Inoe. Nous ne pouvons plus rester silencieux face à ces désagréments qui affectent notre qualité de vie. De plus, je tiens à ajouter la suspicion de risque pour la santé, étant donné les nombreuses plaintes que j’ai reçues concernant des maux et des douleurs suite à l’incendie ».
De son côté, la Préfecture des Yvelines a assuré que les relevés réguliers de la qualité de l’air réalisés à l’issue de l’incendie « n’ont pas fait apparaître de danger pour la santé des habitants ». Elle a toutefois pris un arrêté, daté du 2 avril, imposant plusieurs mesures strictes dont la « suspension immédiate des apports et du traitement de déchets », la « surveillance renforcée du site » ou encore l’« évacuation des déchets » et le « nettoyage des surfaces de l’ensemble du site ». Pas de quoi rassurer le collectif d’habitants Respire78, qui dénonce depuis des mois des nuisances olfactives venues du site d’INOE. « La préfecture ne tient absolument pas compte du fait que, depuis des années, de nombreux habitants indiquent avoir déclaré des problèmes respiratoires et ORL qu’ils imputent à la poussière de bois générée par l’entreprise INOE, déclare le collectif sur ses réseaux sociaux. Ces décisions paraissent totalement insuffisantes ».