
Dans sa maison proche des berges de Seine et du parc de l’Oseraie, Frédéric Dard aimait jouer aux cartes avec son ami Robert Hossein dans une pièce au sous-sol, sorte de saloon improvisé. L’auteur de San Antonio n’est plus, mais sa demeure, elle, reste pleine de vie. Depuis avril dernier, des « sages » l’ont investie. Une collocation particulière puisque tous les résidents ont plus de 65 ans et sont atteints de la maladie d’Alzheimer. « Ils sont tout de même encore autonomes au moment de leur admission » précise Nathalie Garnier, responsable communication au sein de la Maison des sages. Patrick, l’un d’entre eux, s’amuse de cette dénomination. « Je suis loin d’être un exemple de sagesse » plaisante-t-il.
Cet habitat inclusif est dimensionné et agencé pour eux. Les pièces sont spacieuses, avec peu d’obstacles afin d’éviter toute collision et chacun a sa chambre individuelle décorée par sa famille. De plus, dans cette maison de 400 m² s’étalant sur quatre étages, les combles sont aménagés pour accueillir les proches qui peuvent faire du télétravail. « On pourrait même les adapter pour qu’ils restent tout le week-end » explique Damien Fassier, coordinateur de la vie sociale et partagée. Les résidents se sentent donc comme chez eux, et à l’instar de nombreux foyers, il arrive que quelques chamailleries pointent le bout de leur nez, aussi bien pour des histoires de fauteuil que de couverts mal mis.

Même si des professionnels de santé passent – infirmière, médecin généraliste, ergothérapeute – les activités de la vie de tous les jours sont également une forme d’exercice. « Cela permet de travailler les sens, les relations sociales » avance Damien Fassier, alors qu’une tarte tatin est en train d’être préparée, embaumant au passage la cuisine. Jacques confirme : « Quand j’étais en EHPAD dans le Sud de la France, je commençais à m’enfermer sur moi-même en étant seul dans ma chambre. » Toutefois, cette colocation sortant des sentiers battus n’a pas vocation à remplacer les établissements spécialisés. « C’est une autre voie, en plus des EHPAD ou des auxiliaires de vie à domicile, détaille la responsable communication, nous ne sommes pas un institut médicalisé, même si des médecins viennent. »
Aux Mureaux, la Maison des Sages en est à sa troisième itération, les deux autres se trouvant aux Loges-en-Josas et à Buc. C’est d’ailleurs en visitant celle-ci que François Garay, le maire muriautin, s’est exclamé vouloir la même dans sa commune. « Ils connaissaient les anciens propriétaires et quand ils ont voulu vendre, il nous a proposé la maison » se remémore Nathalie Garnier. Actuellement, il reste encore trois places disponibles. D’autres projets doivent encore voir le jour dans l’habitation. Par exemple, l’ancienne piscine a été transformée en potager partagé. « C’est indispensable d’avoir un projet de vie sociale et partagée, sinon cette maison restera une coquille vide » prévient Damien Fassier.